Ce court roman de Kate Chopin brille comme un joyau français au sein de la littérature du Sud des Etats-Unis. L’auteure d’ailleurs, parfaite francophone comme l’aristocratie créole en comptait un grand nombre alors, aurait pu l’écrire en français. Elle y a même pensé un temps, imprégnée qu’elle était de la lecture de Maupassant et de Flaubert. L’influence de ces deux écrivains est d’ailleurs omniprésente dans ce livre, le premier pour le style narratif, le second pour l’ombre portée d’Emma Bovary sur Edna, l’héroïne de L’Eveil. Comme pour Flaubert justement, Kate Chopin dut subir l’hostilité du public à la parution de son livre. Edna fait scandale, comme Emma.
Comme Emma aussi, c’est une provinciale du Sud, grande bourgeoise mariée à un homme d’affaires, vivant dans une superbe maison à colonnades de style sudiste, avec deux enfants intelligents et en parfaite santé. Le bonheur ? Presque, car Edna connaît beaucoup d’ami(e)s, passe les vacances avec eux et sa famille en bord de mer, reçoit beaucoup dans sa demeure, aime la musique et les fins repas. Contrairement à Emma Bovary, elle ne s’ennuie pas et semble filer un parfait bonheur. Mais. Kate Chopin tisse son roman sur le « mais », bien sûr.