L’avantage de l’édition à objectif scolaire, c’est qu’elle ramène dans les rayons avec une belle régularité des œuvres parfois quasi disparues ou disponibles dans des volumes façon Pléiade, et le chaland, le commun des lecteurs à petite bourse ou habitudes de lectures voyageuses (bus, tram, train) peut se frotter à nouveau à ces œuvres. Va donc pour une réédition en FolioPlus de la pièce On ne Badine pas avec l’Amour (1834), d’Alfred de Musset (1810-1857), et une (re)découverte en règle – car chez FolioPlus, il y a le texte de l’œuvre à proprement parler et une documentation critique aussi bien pesée (point trop n’en faut) qu’exacte dans ses informations (après tout, le public visé est avant tout scolaire, il s’agit de ne pas raconter des bêtises).
D’abord, il y a la pièce, inchangée et toujours aussi percutante, dont l’histoire est digne de Molière multiplié par Marivaux : un Baron attend son fils, Perdican, et sa nièce, Camille, l’un diplômé de l’Université, l’autre sortant du couvent, les deux destinés par leur père et oncle à être mariés ensemble. Entre confusions, prises de position quasi hargneuses, quiproquos et autres considérations sur l’amour, cette brève pièce reste un festival de bons mots, hardiment lancés façon lances dans le cœur plutôt que flèches, certains d’une vigueur toujours étourdissante aujourd’hui, à l’exemple de cette mini-tirade de Perdican, qu’on ne peut que citer intégralement tant elle touche au sublime et refuse avec front de vieillir, de prendre la moindre ride :