Un homme se réfugie dans une chambre d’hôtel, un hôtel plutôt minable, pour fuir l’anniversaire que lui a organisé son épouse pour ses quarante ans. Dans ce lieu fermé, ce véritable huis clos, nous découvrons Fred, quarante ans et une réussite sociale et professionnelle affirmée, manifeste et reconnue. Pas forcément une réussite humaine et sentimentale pour autant. Sans qu’il le voie et sans qu’il y croie, son double, Frédéric, sort de l’armoire, en traversant (bien entendu) le miroir. Un double qui accepte, lui, l’anniversaire de ses 80 ans. Double arithmétique donc d’une certaine façon, mais plutôt double alternatif du futur, incarnation des choix pas encore faits mais qui a déjà vécu les décennies à venir en transformant ce qu’il était aujourd’hui, et dans lequel son modèle ne se reconnaît d’abord pas. Qu’il prend pour un autre. Un autre, autre, et pas un autre lui-même. Puis, petit à petit Fred commence à comprendre qu’il n’est qu’un morceau, une ébauche de Frédéric. Qu’il n’est encore aujourd’hui pas tout à fait lui-même. Voilà la célèbre proposition de Rimbaud, le fameux Je est un autre mis en voix, en mots et en scène.