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Articles taggés avec: Ayres Didier

Méditer sans maître, Peter Hart (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 17 Avril 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Méditer sans maître, Peter Hart, éditions Milagro, février 2023, 132 pages, 10 €

 

 

Texte hanté/texte enté

Voilà bien la démonstration en acte de ce que la poésie réserve à celui qui y prête attention. On y voit ici, certes, le contenant, la langue, l’expression ou le style, mais aussi, par transparence, comme en coalescence, le poète lui-même, son humanité, sa personne. Et cette expérience de lecteur revient à cohabiter évidemment avec le langage, mais aussi avec le monde – car le poème a ce double statut : être et paraître. Ainsi, cette fusion de la parole poétique avec la présence propre du poète, nous laisse apercevoir une personne hantée, comme souvent on est habité par le souvenir dans le jeu de la mémoire – organe plastique.

Vous êtes ici, Renaud Ego (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 11 Avril 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Vous êtes ici, Renaud Ego, éditions Le Castor Astral, 2021, 176 pages, 14 €

 

Englobement

Il est difficile pour le lecteur que je suis de résumer mes diverses impressions, tant les 15 poèmes de cet ouvrage nous donnent à découvrir 6 années de travail toujours animées du même entrain. Une poésie dynamique. Ce qui veut dire ici que, le procédé poétique restant le même, la ligature autour de laquelle tournent ces poèmes se déforme et se dilate dans la lecture. Est-ce la fleur manquante faisant le bouquet ? Sans doute, si l’on espère dans le rassemblement de la lecture, de l’inquiétude humaine et de la forme écrite, voyant dans le poème le poète comme fleur absente mais qui à lui seul fait entièrement le poème – c’est d’ailleurs pour moi le point essentiel : voir le poète sous le glacis de son poème. Forme du discours et espace abstrait.

Je reste plus longtemps dans la mer, Dražen Katunarić (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 03 Avril 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Je reste plus longtemps dans la mer, Dražen Katunarić, éditions L’Ollave, décembre 2022, trad. croate, Martina Kramer, Vanda Mikšić, Brankika Radić, 88 pages, 15 €

 

Détails et sommes

J’ai très vite aperçu ce qui fait la forme prosodique de Dražen Katunarić, non pas parce que cela se devine facilement, mais parce que je me suis bercé de ses rythmes, allant du simple au compliqué, du détail à la somme. Je dis détail au vrai sens du terme, c’est-à-dire parfois jugé comme secondaire mais qui ici a toute son importance. Toujours est-il que ce balancement, je dirais du physique au métaphysique, m’a beaucoup séduit et m’a instruit sur ce que peut être la poésie européenne d’aujourd’hui. Je note au passage que la littérature croate semble très fertile, et des éditeurs français de poésie ou de théâtre par exemple font un travail autour de ce que l’on appellerait peut-être une nouvelle vague (?).

La Chanson de la beauté du temps, Zhai Yongming (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 27 Mars 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

La Chanson de la beauté du temps, Zhai Yongming, éditions des femmes Antoinette Fouque, janvier 2023, trad. chinois, He Yuhong, 128 pages, 15 €

 

Modernité

Ce que je retiens de la poésie de la poétesse chinoise Zhai Yongming, c’est le mot de modernité. Car si l’on écoute la voix de Confucius ou celle de Lao Tseu, la prosodie classique, par exemple la poésie Kin, Yuan, Wei ou Han, l’on devine combien cette Chanson de la beauté du temps a de caractéristique, de singulier et de captivant. En ce sens, l’édition bilingue peut faire voir combien cette langue est soutenue, littéraire et riche d’idéogrammes recherchés sans pédanterie ; là l’opinion d’un simple lecteur du français.

Cette face moderne d’une Chine qui change – on le voit très bien depuis l’Europe –, cette espèce de voix unique rappelle celle de Sylvia Plath ou d’Anne Sexton, une tentative d’expression teintée de confessionalisme. La poète n’hésite pas à décrire des beuveries ou le goût légèrement âcre de rencontres de passage. Est-ce issu de la jeunesse de Zhai, qui devait aborder la trentaine lors des événements tragiques de Tian’anmen ?

L’Offre des possibles, Alexandre Blaineau (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 20 Mars 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

L’Offre des possibles, Alexandre Blaineau, éditions Milagro, décembre 2022, 96 pages, 12 €

 

Coalescence

Je trouve souvent en poésie, et ici c’est encore le cas, que le poème ressemble à l’eau d’un ruisseau, qui laisse entrevoir le visage du poète, ses attentes, ses questions et ses angoisses. Le portrait de l’intimité que dresse ce texte-là, s’apparente à ce qu’on appelle la coalescence, c’est-à-dire une superposition de miroirs renvoyant chacun à une réalité qui vient se fondre, se défaire et se refaire dans cette opalescence. On pourrait presque parler en ce lieu de miroir d’angle dont l’image scintille très rapidement, vient affleurer le livre comme sont capables de beaucoup de simplicité les haïkus japonais. Donc, une fulgurance, comme une truite dans l’eau vive d’un lac qui viendrait heurter les strophes aquatiques du livre. Oui, une rêverie de l’eau, que l’on connaît bien depuis Bachelard.