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Roman

Extermination des cloportes, Philippe Ségur

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Samedi, 21 Janvier 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Buchet-Chastel

Extermination des cloportes, janvier 2017, 288 pages, 18 € . Ecrivain(s): Philippe Ségur Edition: Buchet-Chastel

 

Dix ans après la publication d’Écrivain (en 10 leçons), Phil Dechine, le héros de cet ancien roman a pris du grade. Veuillez désormais l’appeler « Don » Dechine.

Ça fait chic pense son épouse Betty et ça sonne à la hauteur de son ambition : quitter son poste de professeur de lettres modernes pour écrire un best-seller pendant que sa femme passera son doctorat.

Seulement pour écrire un bijou littéraire, il faut du temps, du calme, et surtout une vie débarrassée des petits tracas du quotidien afin de trouver l’inspiration. Or les soucis s’accumulent dans la vie du futur grand écrivain plus vite que les mots sur la page blanche. Après une journée passée à enseigner le français à « quarante titulaires de comptes Facebook et Twitter », à répondre au harcèlement d’un voisin influent auprès du syndic de l’immeuble, à réparer un chauffe-eau récalcitrant, à payer des contraventions et des taxes foncières, quoi de plus naturel et de plus réconfortant pour Dechine que de se caler devant la télévision et de regarder l’un des épisodes de l’intégrale des Soprano.

Trois ex, Régine Detambel

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 21 Janvier 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud

Trois ex, janvier 2017, 144 pages, 15,80 € . Ecrivain(s): Régine Detambel Edition: Actes Sud

 

L’auteur de Opéra sérieux et de La Splendeur aime assez nous plonger dans un romanesque documenté, où l’histoire nourrit le portrait des personnages. On retrouve ici dans Trois ex ce goût pour des personnages réels, hauts en couleurs. La figure d’August Strindberg sert de fil conducteur à ce récit des trois mariages du dramaturge. L’écriture suit de 1877 à 1912 les soubresauts intimes, familiers, conjugaux de l’écrivain suédois (1849-1912). Trois femmes – Siri, Frida, Harriett – composent ce livre qui passe au scalpel fin les déroutes sentimentales d’un homme, trop conscient de ses mérites, bousculant la tradition, heurtant les bonnes conventions, s’imposant avec brutalité et égoïsme à ses proches.

Qu’il est ardu, pour ces femmes qui l’aiment, de devoir supporter ce caractère infernal (n’a-t-il pas écrit Inferno ?), de subir les emprunts pour ses livres à leur vie personnelle. Ce qu’il fait pour toutes ses connaissances, avec un plaisir semblable : puiser dans les défauts de tout un chacun pour mieux les exhiber dans ses pièces et romans.

Tout dort paisiblement, sauf l’amour, Claude Pujade-Renaud

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Vendredi, 20 Janvier 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud

Tout dort paisiblement, sauf l’amour, mars 2016, 308 pages, 22 € . Ecrivain(s): Claude Pujade-Renaud Edition: Actes Sud

 

1855. Un homme est mort à Copenhague. Une femme, à Sainte Croix où elle a suivi son mari gouverneur, informée plusieurs semaines après de ce décès, se plonge dans ses souvenirs.

Quelle était la véritable personnalité de cet homme et quelle place a-t-elle tenu dans sa vie, se demande-t-elle avec d’autres proches dont les voix, à travers journaux intimes et lettres, se croisent pour percer ses mystères.

Le procédé romanesque est classique sauf qu’ici, les personnages ont réellement existé. Ce sont le philosophe Søren Kierkegaard, auteur du célèbre Journal du séducteur, et Régine Olsen, la fiancée qu’il abandonna avant de consacrer des centaines de pages à leur histoire.

Fruit d’une lecture très attentive de ses livres, le récit consacré à la figure de Kierkegaard est une histoire d’amour hors du commun mais aussi une réflexion sur la création – celle-ci nécessite-t-elle la souffrance ? – la mémoire et l’écriture.

L’histoire de ma femme, Milan Füst

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 20 Janvier 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Gallimard

L’histoire de ma femme, janvier 2016, trad. hongrois Elisabeht Berki, Suzanne Peuteuil, 504 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Milan Füst Edition: Gallimard

 

Milan Füst (1888-1967) est un écrivain hongrois, et l’un des plus importants qui soient, à en croire la préface de L’histoire de ma femme (1942), signée Albert Gyergyal, un sien compatriote. Cet aimable préfacier prend de nombreuses précautions, craignant de la part du « public lettré français » un franc « dédain » pour les chefs-d’œuvre de la littérature hongroise ; cette crainte était peut-être valable en 1958, date de traduction et de première publication de ce roman en français, mais c’est depuis affaire réglée et L’histoire de ma femme n’a pas été massivement rejeté par le public francophone, puisque ce roman connaît même en 2016 une réimpression bienvenue.

Dès le premier paragraphe, tout le propos du roman est offert :

« Ma femme me trompe. Bon. Je m’en doutais depuis longtemps. Mais vraiment, avec celui-là… Moi, je suis haut de six pieds, un pouce, je pèse deux cents livres, je suis donc, comme on dit, un authentique géant : si je crache sur ce type-là, il en claquera ».

Œuvres romanesques, V, William Faulkner en La Pléiade

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 19 Janvier 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, La Pléiade Gallimard

Œuvres romanesques, T. V, novembre 2016, 1192 pages, 62 € jusqu’au 31 mai 2017, 70 € après . Ecrivain(s): William Faulkner Edition: La Pléiade Gallimard

 

Ce tome V des œuvres complètes de William Faulkner n’est pas le dernier. Gallimard annonce la publication, en février 2017, du tome VI, consacré aux nouvelles du géant du Sud. Ce volume offre les deux derniers romans de la Trilogie des Snopes, La Ville et La Demeure. Le premier, Le Hameau, clôturait le tome IV.

Suit, en clôture de ce volume, le dernier roman de Faulkner, Les Larrons, publié en juin 1962, quelques jours avant la mort de l’auteur.

Le premier bonheur pour le lecteur est ici la qualité de la traduction réalisée par l’équipe placée sous la direction de François Pitavy et Jacques Pothier. La rupture avec la tradition malheureuse des traductions académiques est totale. Le langage parlé, le choix des équivalents idiomatiques, la personnalité propre du parler de chaque personnage sont ici une parfaite réussite. Le lecteur non anglophone y trouvera un Faulkner d’une qualité jamais égalée.