Identification

Rivages poche

Le mythe de la vache sacrée, La condition animale en Inde, Florence Burgat

Ecrit par Zoe Tisset , le Mercredi, 20 Septembre 2017. , dans Rivages poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Voyages

Le mythe de la vache sacrée, La condition animale en Inde, mai 2017, 296 pages, 8,90 € . Ecrivain(s): Florence Burgat Edition: Rivages poche

 

Florence Burgat, en mission en Inde, visite différents lieux en rapport avec la « protection » des animaux : hospices, hôpitaux, abattoirs… Elle tient un journal dans lequel elle recollecte à la fois ses impressions personnelles sur l’Inde en général et mène une réflexion sur la condition animale en Inde.

« La vie est là, pêle-mêle et jetée, celle des gens et celle des chiens, dans le vacarme d’une activité incessante. La dévastation des paysages alentours, les constructions abandonnées, la saleté et le délabrement des bâtiments, l’absence de trottoirs, les déchets à ciel ouvert, donnent l’impression d’une ville qui, après avoir été longtemps inoccupée, aurait de nouveau été investie sans plan ».

Ainsi décrit-elle New Delhi en 1998. Elle explique dans ce livre comment notre rapport à l’animal est éminemment culturel et religieux. Ainsi les musulmans refusent d’endormir les animaux avant de les abattre, ils doivent être pleinement conscients. Le travail d’abattage se fait en Inde par les basses castes. Tout au long du livre, elle dénonce

Quarantaine, Jim Crace

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 13 Septembre 2017. , dans Rivages poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

Quarantaine, mai 2016, trad. anglais Maryse Leynaud, 336 pages, 8,90 € . Ecrivain(s): Jim Crace Edition: Rivages poche

Jim Crace (1946), auteur anglais multi-primé, a publié en 1997 un curieux roman, à qui il a fallu douze ans pour trouver éditeur francophone et sept ans de plus pour aboutir dans une collection de poche ; ce curieux roman s’intitule Quarantaine et raconte ni plus ni moins qu’un épisode évangélique frappant, mentionné par Marc, Matthieu et Luc : le séjour de Jésus dans le désert et les tentations auxquelles le Diable se propose de le soumettre. Du moins Crace raconte-t-il l’histoire d’un pèlerin parmi d’autres se livrant à une retraite pénitentielle dans le désert de Judée assortie de jeûne diurne, la « quarantaine » du titre. Cinq personnages se retrouvent en même temps dans le désert, près de grottes dans lesquelles ils vont vivre et prier, trois hommes et une femme, et un cinquième, énigmatique par son silence et la distance qu’il maintient entre lui et les autres : « C’était un voyageur nommé Jésus, venu des vallées du Nord plus fraîches et cultivées, un Galiléen, peu habitué à ce genre de privations. Il avait passé la nuit dans la paille, hôte payant chez un berger, et ce matin il avait laissé sac, outre, sandales et bâton là où il avait dormi. Il accomplirait sa quarantaine sans le recours et les tentations des vêtements, de la nourriture et de l’eau. Il mettrait sa confiance en dieu, comme font les jeunes gens. Il allait rencontrer dieu ou mourir, point final. C’était pour ça qu’il était venu. Pour parler directement à son dieu. Pour laisser à son dieu le soin de lui fournir eau et nourriture. Ou laisser le démon accomplir son œuvre. Ce serait une épreuve pour tous trois »

Olimpia, Céline Minard (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 13 Octobre 2016. , dans Rivages poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Olimpia, août 2016, 88 pages, 5 € . Ecrivain(s): Céline Minard

 

Ce livre très court est une longue, longue malédiction à Rome et aux humains qui la peuplent, des mendiants aux princes, des putains aux reines, des mécréants aux grands de l’Eglise. Un déferlement d’injures, de horions, une logorrhée fielleuse, haineuse et violente. C’est Olimpia qui parle. Olimpia Maidalchini, parfois appelée dans l’histoire romaine « la papesse Olimpia ». Par son aura, ses réseaux et sa détermination, elle a contribué efficacement à l’élection de son beau-frère, le cardinal Pamphili au trône papal. Il sera le Pape Innocent X. Du coup, Olimpia devient une femme d’immense pouvoir dans la Ville Eternelle. Mais la mort du Pontife, en 1655, entraîne sa déchéance. C’est là qu’Olimpia « prononce » (le texte est bien sûr fictif) cette malédiction inouïe.

Céline Minard déploie sa puissance littéraire au service de la rage d’Olimpia. Le foisonnement verbal, les images pittoresques, les injures réjouissantes, le rythme haletant de ce discours font ici un sommet de littérature baroque. La haine d’une femme se transforme en condamnation universelle, « Urbi et Orbi » de façon étrangement drôle. C’est une excommunication de la Ville de Rome, vouée à jamais aux gémonies qu’elle a autrefois inventées.

Mon ennemi mortel, Willa Cather

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 21 Avril 2016. , dans Rivages poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Mon ennemi mortel (My mortal enemy, 1927), février 2016, trad. américain Marc Chénetier, 101 pages, 6,60 € . Ecrivain(s): Willa Cather Edition: Rivages poche

 

Ce petit roman est un grand moment littéraire. Willa Cather est certes une (grande) auteure américaine, mais ici, elle se joue de la littérature anglo-saxonne pour épouser l’univers, les personnages, le style de nos grands nouvellistes français. Comment ne pas penser à Maupassant, mais aussi à Mérimée, Sand, Flaubert, et encore (surtout ?) Barbey D’Aurevilly, en lisant cette délicieuse histoire tissée autour d’un portrait de femme étonnant. On peut y ajouter, pour ne pas être trop chauvin, un air de Stefan Zweig.

Tous ces « parrainages » littéraires n’amoindrissent en rien l’originalité de Willa Cather. Son écriture d’abord, d’un naturel sans aucun maniérisme, même quand elle use de formes grammaticales doucement surannées (et bellement relayées par la traduction fluide de Marc Chénetier). Ainsi, la description physique des personnages – ici du personnage central – par exemple, détaillée à l’extrême et très « Vieux Monde » :

Poésie en forme de rose, Pier Paolo Pasolini (2ème article)

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Samedi, 19 Septembre 2015. , dans Rivages poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Italie

Poésie en forme de rose, mars 2015, traduit de l’italien par René de Ceccatty, édition bilingue, 496 pages, 12 € . Ecrivain(s): Pier Paolo Pasolini Edition: Rivages poche

 

« La mort ne consiste pas à ne pas pouvoir communiquer mais à ne plus pouvoir être compris ».

Pier Paolo Pasolini, écrivain, essayiste, poète, journaliste, témoin révolté des injustices sociales, cinéaste, se situant toujours en dehors des institutions, d’une « opposition pure », a su observer mieux que personne les interstices mouvants de la société italienne de l’après-guerre, et ce, jusqu’à son assassinat dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, sur la plage d’Ostie, à Rome. Soucieux d’une mise en scène de sa vie et de l’histoire de sa création, Pasolini croyait à la force symbolique du coup de poing – tendu – face au monde des hommes bien nés ! Croyait tout autant à la force symbolique du coup de point – reçu – par un excès d’amour, détachement sans fin des êtres aimés, irriguant l’idée de n’être, finalement, aimé de personne ! Publié au sommet de la gloire de l’écrivain en 1964, pendant le tournage de L’Évangile selon saint Matthieu et après celui de La Ricotta, Poésie en forme de rose fait réapparaître un écrivain dans la sphère de son intimité, témoignage d’une expérience individuelle marqué par les cicatrices de ses passions, hanté par une question essentielle : la poésie peut-elle dire la réalité dans l’espace des expériences poétique, politique et linguistique ?