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Polars

Aimer et laisser mourir, Jacques Olivier Bosco

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 03 Mai 2013. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Jigal

Aimer et laisser mourir, septembre 2012, 272 pages, 18,50 € Edition: Jigal

La mondialisation du crime organisé devient une affaire de géopolitique. De Nice à Bogotá, de Paris aux confins de Zagreb, on trafique de la drogue, des armes, de l’humain, on vend du sexe, on aime, on tue et parfois aussi, on laisse mourir.

Amanda et Lucas Beauvaux, surnommé « Le Maudit », les deux principaux héros du roman, vivent à des milliers de kilomètres de distance et rien, a priori, ne devrait les amener à lier leurs destinées… et pourtant…

Amanda est une pute de luxe, véritable bombe sexuelle de vingt-cinq ans, « associée » à Pompom le Corse, propriétaire de restaurants, de bars et de parts dans des casinos, solidement implanté, lui et sa bande, à Paris. En « mission » à Nice, elle se fourvoie dans un règlement de comptes de proxénètes Croates et ne sauve sa peau, in extremis, qu’en tuant l’un des malfrats. Manque de chance, il s’agit du jeune frère de Tchek Mordeck, l’un des principaux pontes du TEH (Trafic d’Etres Humains) dans les Balkans. Le Croate a la vengeance tenace et la vie d’Amanda ne tient plus qu’à un fil. La sienne ou à défaut, puisqu’elle arrive à leur échapper, celle de sa jeune sœur Mira, tombée en représailles entre les mains de ces esclavagistes du sexe. Amanda n’a plus qu’une idée en tête : sauver sa sœur, et ce, par tous les moyens possibles.

Le gardien invisible, Dolores Redondo

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 03 Mai 2013. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Espagne, Stock

Le gardien invisible, traduit de l’espagnol par Marianne Million, Stock La Cosmopolite Noire, mars 2013, 453 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Dolores Redondo Edition: Stock

 

Voici le premier roman d’une trilogie policière qui se déroule au Pays Basque espagnol. Des adolescentes sont retrouvées dans la vallée de Baztán, étranglées, les vêtements déchirés de part et d’autre de leur corps, maquillage effacé et un txatxingorri déposé sur leur pubis rasé. Les txatxingorris sont des gâteaux typiques de la région. De plus, des poils d’origine animale sont retrouvés sur chacune d’elles. L’enquête est confiée à l’inspectrice Amaia Salazar, originaire d’Elizondo, le chef-lieu de la vallée, qui n’y était jamais revenue depuis qu’elle l’avait quitté. Amaia Salazar est une femme fine et intelligente, dotée d’une ferme volonté, formée au FBI, elle est spécialisée dans la traque de tueurs en série. C’est donc confiante dans ses capacités qu’elle va se lancer, plus ou moins bien secondée de ses co-équipiers, dans une course contre la montre pour identifier et arrêter le tueur, mais ce retour sur les lieux de son enfance, où elle a encore de la famille, est loin d’être anodin. Surtout qu’une de ses deux sœurs, Flora, prend visiblement plaisir à réactiver ce passé.

« Oublier est un acte involontaire. Plus on essaie de laisser quelque chose derrière soi, plus cette chose vous poursuit ».

Une belle saloperie, Robert Littell

Ecrit par Yann Suty , le Jeudi, 18 Avril 2013. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman, Baker Street

Une belle saloperie, traduit de l’américain par Cécile Arnaud, Editions Baker Street, 18 avril, 316 pages, 21 € . Ecrivain(s): Robert Littell Edition: Baker Street

 

Un hommage aux classiques. Avec Une belle saloperie, Robert Littell s’offre un petit plaisir à l’ancienne, un polar dans la tradition de Raymond Chandler. Ça pourrait être un polar des années 50. Sauf que ça se passe aujourd’hui.

Le héros du livre est d’abord un nom : Lemuel Gunn. Avec deux « n ». Déjà tout un programme !

Il a tout d’un héros de hard-boiled. Vétéran de la CIA, il s’est reconverti comme détective privé après avoir été viré dans des circonstances troubles de l’agence gouvernementale. C’est un dur à cuir solitaire, qui est né cinquante années trop tard.

Le monde actuel ? Il n’est pas fait pour lui et il n’a aucune envie de s’y soumettre. L’ordinateur ? Une ineptie et bien trop compliqué à l’usage. Sa voiture est un vieux modèle des années 50… auquel il ne vaut mieux pas toucher sinon l’homme se fâche !

Ses principes, aussi, appartiennent à une époque révolue.

Ta mort sera la mienne, Fabrice Colin

Ecrit par Yann Suty , le Lundi, 08 Avril 2013. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Sonatine

Ta mort sera la mienne, mars 2013, 350 pages, 20 € . Ecrivain(s): Fabrice Colin Edition: Sonatine

 

 

La logique d’un massacre. Ta mort sera la mienne met tout de suite les nerfs de son lecteur à rude épreuve. Un homme, habillé d’une combinaison de cuir, le visage dissimulé par un casque de moto, se livre à un massacre dans un motel de luxe dans les plaines de l’Utah. Toutes les personnes présentes (des étudiants en séminaire) sont éliminées avec une précision méthodique et une absence de pitié. Nul refuge ne semble être possible. Le tueur voit tout. Le tueur est ultra efficace. Une balle, un mort. Il effectue ses gestes de manière robotique, comme s’il était un véritable Terminator.

La tension est aussi créée par le style syncopé de l’auteur, fait de phrases courtes, tranchantes, qui étouffe le lecteur, l’empêche de reprendre son souffle. L’utilisation du présent renforce l’effet.

On n’est pas loin de James Ellroy ou de Chuck Palanhiuk dans le phrasé. Une fièvre se dégage et qui, c’est à souligner, ne faiblira quasiment pas tout au long du roman.

Ils vivent la nuit, Dennis Lehane

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 04 Avril 2013. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman, Rivages/Thriller

Rivages Ils vivent la nuit (Live by night) Trad (USA) Isabelle Maillet mars 2013. 525 p. 23,50 € . Ecrivain(s): Dennis Lehane Edition: Rivages/Thriller

 

Le dernier Dennis Lehane est une sombre et âpre traversée de la nuit urbaine. L’auteur a choisi avec intelligence de situer son histoire bostonienne – on ne quitte jamais vraiment Boston et la Mystic River avec Lehane – en 1926, au temps de la Prohibition, c’est-à-dire de la naissance du gangstérisme « moderne », fait de réseaux, de bandes et de guerres de territoires. En plaçant son roman dans cette époque, Dennis Lehane délivre un message à l’attention des amateurs de polars : je me place là à l’éclosion même de ce qui va être la littérature américaine la plus créatrice des temps modernes, le roman noir.

Cette position réflexive est la marque récurrente de ce livre énorme et stupéfiant. Lehane ne se contente pas d’écrire un immense livre noir, il se regarde écrivant un immense livre noir. Il pense son écriture comme écho de tout ce qui s’est écrit dans le genre. On est presque en permanence dans l’exercice de style : vous en voulez du violent, du sombre, du désespéré, de la solitude urbaine, de la trahison, de la haine ? Eh bien vous allez en avoir ! Et avec le talent époustouflant qu’il met ici en œuvre, avec une maîtrise rarement atteinte, il nous déploie un tableau urbain qui vire à l’épopée noire, nous emportant dans une lecture tendue et passionnante.