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Poésie

Le Livre, Gérard Pfister (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 31 Mai 2023. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Le Livre, Gérard Pfister, éd. Arfuyen, mars 2023, 228 pages, 17 €

 

Nous croyons décrire une réalité, nous en créons une autre. Nous croyons parler des choses, les mots parlent d’eux-mêmes.

Gérard Pfister

Expérience

Expérience, tel est le livre, Le Livre. Un approfondissement, un creusement que le poète opère dans son langage poétique, offrant une vision des gouffres, mots incandescents devant la pensée, ou pensée incandescente qui trouve issue dans la langue du poète ; voilà le destin du poète. Le lecteur ainsi est confronté à une vérité de la forme. Cette poésie est adressée aux idées telles que les présente Platon dans sa fameuse caverne. Donc images, ou plutôt fondements de l’image, quintessence de l’image, signe absolu. Difficile sujet. Les mots du Livre sont maux humains. Sont mots humains.

Faits divers, Bernard Delvaille, Seghers, 1976, repris dans Œuvre poétique (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 24 Mai 2023. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Table Ronde

Faits divers, Bernard Delvaille, Seghers, 1976, repris dans Œuvre poétique, La Table Ronde, 2006, 487 pages, 29 € Edition: La Table Ronde

Notule sur Faits divers de Bernard Delvaille

 

À la mémoire de Dominique Preschez (1954-2021)

 

Avec Faits divers, Bernard Delvaille, né en 1931 à Bordeaux (comme Jean de la Ville de Mirmont) et mort à Venise en 2006 (comme Frederick Rolfe), essayiste et diariste de talent par ailleurs (1), a sans doute publié son recueil le plus personnel et abouti, sinon le plus accessible. Les quelque soixante poèmes qui composent le livre sont courts, voire lapidaires (une vingtaine de vers pour les plus longs). Le vers se caractérise lui-même par sa brièveté, réduit à trois ou quatre mots. Cette disposition, jointe à l’irrégularité rythmique, à l’absence de titres (à de rares exceptions près), de ponctuation et de rimes, au relâchement épisodique et délibéré de la syntaxe, donne à la voix de l’auteur un ton vite identifiable.

Un refuge autre que l’exil, Theombogü (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 24 Mai 2023. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Un refuge autre que l’exil, Theombogü, Éditions du Cygne, Coll. Voix au poème, février 2023, 60 pages, 10 €

 

Dès le début, avec un texte d’ouverture dédié au « pays » (le Cameroun), le lecteur comprend que l’exil était acté pour l’auteur de ce livre publié aux éditions du Cygne. Au fil des pages l’on entend le cœur d’un homme terrassé par la terreur, aux « frontières de cet immense pays tracées avec le sang des dominés subversifs » :

Au départ…

Ce n’était qu’une grève, une protestation, une revendication…

Et ils sont venus avec leurs armes. Ils ont demandé à tout le monde de se mettre à plat ventre, les deux mains posées sur la nuque.

Ils ont tiré… tiré… tiré… Huit cent mille déplacés… Quatre cent mille exilés… Quinze mille prisonniers… Cent mille morts…

Botaniska poesi, Pierre-Olivier Lambert (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 23 Mai 2023. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Botaniska poesi, Pierre-Olivier Lambert, éditions Ars-Poetica, mars 2023, trad. suédois, Laure-Hélène Dardelay, 111 pages, 18 €

 

Âpreté

Dire en quoi ma lecture s’est appuyée sur le style de l’auteur bordelais Pierre-Olivier Lambert, c’est désigner une pointe sèche, une âpreté de la touche, un caractère maigre (comme on l’oppose au gras en peinture), un lyrisme sourd, une pratique de l’épure, une absence d’emphase, somme toute une poésie taillée sans aucune exagération, une sorte de poésie d’une rigueur crue presque rude. Du reste, la répartition physique de l’ouvrage reprend bien l’idée d’un ordre esthétique. Calme énonciation distribuée en 10 sections de 4 poèmes, assorties d’une dernière section d’un seul poème, correspondant en un sens à la chronicité des saisons et des cycles de la nature. Ici, tout tourne autour du Jardin botanique de Göteborg – d’où la traduction en suédois (ce qui est original pour un livre publié en français).

Le jardin sous la neige, Jean-Michel Maulpoix (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 19 Mai 2023. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Mercure de France

Le jardin sous la neige, Jean-Michel Maulpoix, Mercure de France, mars 2023, 128 pages, 16 € . Ecrivain(s): Jean-Michel Maulpoix Edition: Mercure de France

 

Lyrisme et mélancolie se retrouvent dans ce cinquantième livre de l’auteur, né en 1952 et souvent fêté. Dernière bourse Goncourt de la poésie, Maulpoix est assurément l’un de nos meilleurs poètes de langue française mais aussi un essayiste exigeant, fervent défenseur de Bonnefoy, Verlaine. On lui doit ainsi le brillant Les 100 mots de la poésie (PUF, 2018).

Les poèmes repris sous le titre de la neuvième et dernière partie du livre disent combien la saison morte abreuve de chagrin, de nostalgie, pour l’âge, pour la femme aimée. « A la saison froide » sert d’anaphore à ces textes qui disent le délitement, la perte, les regrets, la solitude.

En brèves proses, tout est suggéré, évoqué dans une langue fluide, ponctuée des tirets d’un dialogue de l’auteur avec soi, puisqu’il ne faut pas « se résigner à tituber » mais poursuivre l’écriture coûte que coûte. Bien sûr, il y a les auxiliaires du rêve, de l’imagination et du sommeil, afin que tout ne soit pas perdu.