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Poésie

Un poème au milieu du bruit, Lectures silencieuses, Antoine Boisclair (par Jacques Desrosiers)

Ecrit par Jacques Desrosiers , le Jeudi, 28 Septembre 2023. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Un poème au milieu du bruit, Lectures silencieuses, Antoine Boisclair, Éditions du Noroît, 2021, 240 pages, 25 €

 

Ce recueil qui se présente comme une simple collection d’essais pourrait servir d’introduction à la poésie. L’auteur a beau se limiter à une poignée de contemporains, il dégage de leurs poèmes des thèmes soit rattachés depuis toujours au cœur même de la poésie (le temps, la mort, la nostalgie), soit proches des grandes préoccupations actuelles (l’écologie, la métamorphose des villes, l’engagement politique). Sa palette est large : poésie américaine, mexicaine, québécoise, française, antillaise, polonaise, portugaise, géants comme Pessoa ou Szymborska, poètes connus (Yves Bonnefoy, Gaston Miron) à côté d’autres qui nous sont moins familiers (comme Derek Walcott ou Amy Clampitt). Sans parler de tous ceux qui surgissent au fil des pages, de Guillaume de Machaut à T. S. Eliot. Sa sobriété de ton donne à ses textes quelque chose de clair et tranquille qui nous fait entrer de plain-pied dans les poèmes. À la fin de chacun de ces dix-huit courts chapitres, on a très bien saisi ce qui est en jeu dans les vers qu’il vient de passer au peigne fin.

Shijing, Le Grand Recueil, Ivan Ruviditch (par Patryck Froissart)

, le Jeudi, 14 Septembre 2023. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Shijing, Le Grand Recueil, Ivan Ruviditch, Editions Le Corridor bleu, 2019, Poésie chinoise classique, trad. Pierre Vinclair, 432 pages, 24 €

Traduit du chinois par le poète Pierre Vinclair, ce recueil est présenté comme une anthologie classique de la poésie chinoise dont les textes les plus anciens remonteraient à l’époque de la dynastie des Zhou, soit à environ 1100 avant notre ère. L’ensemble aurait été compilé par Confucius. Le volume est constitué de trois cent-cinq pièces, réparties en quatre Livres comportant eux-mêmes un nombre variable de Chants ou d’Hymnes classés en sous-ensembles.

On se laisse facilement prendre au pittoresque des lieux, à l’exotisme des situations, au décalage culturel, à la téléportation dans des époques et des espaces révolus. La représentation poétique de la simplicité de la vie rurale, la poésie du quotidien, des relations familiales,

Un vent glorieux venu du sud

agite les branches du jujubier

Maman était une sainte

et nous des moins-que-rien

Supplique pour la fin des nuits sans lune, Laurence Fritsch (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 12 Septembre 2023. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Supplique pour la fin des nuits sans lune, Laurence Fritsch, Pierre Turcotte Éditeur, Coll. Magma Poésie, mai 2023, 78 pages, 9,99 €

Par « une sorte de loi de la gravité paradoxale » ainsi que la définit le poète argentin Roberto Juarroz qui en fait le parangon de son œuvre, l’existence des hommes incline inévitablement vers la chute et, symétriquement, ressent un élan qui la tire vers le haut. C’est ainsi que l’homme peut abîmer le précieux qui l’entoure, sans mesurer les conséquences de sa négligence ou ignorance ; et se ressaisir. La lune n’y échappe pas, ici victime d’effets néfastes, satellite de la Terre éloigné de nos attentions pour cause d’intempéries, de pollution lumineuse, par convoitise économique aussi ; là – en l’occurrence par la grâce de ce recueil – objet de nos soins.

Ce premier recueil de Laurence Fritsch, intitulé Supplique pour la fin des nuits sans lune, vise en effet à nous alerter par ses poèmes instantanés du danger encouru à laisser s’établir l’éloignement de la lune. Ces poèmes, certains chargés de mystère d’autres plus intimistes et porteurs souvent de plusieurs clés de lecture, tentent par leur trait fulgurant ou leur charge suggestive d’exaucer ce que l’auteur de Poésie Verticale, cité en exergue du recueil, évoque dans sa Treizième poésie verticale : « (…) interrompre tout ce qui s’écroule : / la lumière, l’eau, l’amour / la pensée, la nuit ».

Cristina, Paloma Hermine Hidalgo (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 11 Septembre 2023. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Cristina, Paloma Hermine Hidalgo, Le Réalgar-Éditions, juin 2023, 80 pages, 12 €

 

Effloraison

Étrange livre de poésie qui souligne à la fois la présence de la nature, des fleurs, des plantes, des paysages et aussi d’une douleur venue de l’enfance, et peut-être d’une espèce de secret violent qui hante le sous-texte du recueil. C’est à un jardin d’Éden que nous sommes conviés, paradis d’avant et d’après la Faute. Car il y a du sang sur les bras du frère ou du père (?), des scènes qui suggèrent un état de sexualité infantile. Nous sommes décidément dans un monde proustien. La remémoration. Le souvenir habité comme état de l’être. Violence de la vie peut-être tout simplement. Je dis là l’explosion de la graine qui germe, cette « violence » amoureuse des périls.

Il baise mes oreilles, plonge la bouche pâteuse. Corps-à-corps avec l’anchois, le tabac fané. La carrière est béate de chaleur. La herse s’enfonce. Il m’enlise dans le foin, l’avoine, la nielle. La fauche me creuse, me prend. Aine, aisselles moites. La mort entre mes jambes est une brassée d’azur.

Lits, Demain je vais alors m’absenter, Jean de Breyne (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 08 Septembre 2023. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Lits, Demain je vais alors m’absenter, Jean de Breyne, Propos Deux éditions, avril 2023, 118 pages, 14 €

 

« c’est pour se lever oui,

il faut déplier le corps

couché horizontal rouler

sur soi jeter les jambes.

je porte ma main là

au point de la douleur,

je lève la tête, la lumière

le jour est levé, est autre,

c’est le jour des décisions,

c’est bien un jour du réel,