L’Ouzbek muet constitue le titre de l’une des nouvelles de cet opus avec, comme dans les autres histoires clandestines qui le composent, pour toile de fond les années 1960 où la politique occupait une place prépondérante, au Chili et dans les pays environnants, où la jeunesse partageait « le beau rêve/d’être jeunes sans en demander la permission » (dédicace de la première nouvelle de ce recueil, Le soldat Tchapaïev à Santiago du Chili). Une jeunesse militante – camarades des Jeunesses Communistes du Chili, de la Fédération des Jeunes Socialistes – en lutte dans une révolution ardente contre l’impérialisme américain, la montée du libéralisme capitaliste.
Originaire du Chili, Luis Sepύlveda connaît le décor de ces histoires émouvantes qu’il met en intrigue, et le charme de ce recueil tient à ce que l’auteur du Vieux qui lisait des romans d’amour, de Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler, de La Folie de Pinochet, entre autres, nous rapporte ici des récits de vie teintés parfois d’une drôlerie décalée par rapport à la gravité et l’extrême dangerosité des faits, avec une tendresse délicate et touchante. Récits de vie rapportés par l’intermédiaire de témoins, par le truchement de témoignages oraux, retranscrits souvent près d’un demi-siècle plus tard.