Polydipsie
Emna Belhadj Yahia, née à Tunis en 1945, philosophe, écrivaine, membre de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts Beït El Hikma et du Parlement des écrivains francophones, signe ici son nouveau roman, En pays assoiffé. Le récit débute à la manière d’un journal de bord, où une femme mûre, Nojoum, rapporte ce qu’elle a vu, fait et ressent, « moi qui rétrécis de jour en jour ». Dans les premiers temps de l’Indépendance, les femmes bourgeoises, parées, parfumées, vêtues de « satin cyclamen ou vert bouteille » vont au concert, ne travaillent pas, mais restent séparées de la gent masculine. « L’« immobilité forcée », « les portes (…) closes », « le rideau tombé », sont les termes de l’auteure pour planter le décor dans lequel elles évoluent, ou plutôt subissent le joug de la tradition. Pourtant, durant les heures où la Tunisie reprend ses droits et son autonomie, les femmes jettent leur voile et s’affirment. Le pays renaît, s’émancipe de l’odieuse tutelle coloniale, et en principe, les femmes profitent de ce vent de liberté.