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Les Livres

Carnet de retour avec la division Leclerc, Pierre Bourdan

Ecrit par Vincent Robin , le Vendredi, 06 Mars 2015. , dans Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Histoire, Payot

Carnet de retour avec la division Leclerc, août 2014, 272 pages, 15 € . Ecrivain(s): Pierre Bourdan Edition: Payot

 

La liberté revendiquée, pas à pas exaltée puis peu à peu reconquise… Mais en premier lieu grâce à des petits, des sans-grades, des « seconds couteaux », pour la plupart sans accréditation militaire et donc en pure provenance de la société civile.

En considérant l’attitude incontestablement collaborationniste d’une majorité de Français aux premières heures du second conflit mondial, la vérité d’une aspiration nettement démocratique et défendue seulement par un très petit nombre d’insurgés dépourvus d’armes ne saurait souffrir encore du diktat de l’amnésie entretenue. A la lumière du témoignage du journaliste français Pierre Bourdan sur le sujet de la libération du pays en 1944, remontent au grand jour, presque page après page, les contingences d’une réalité historique profondément escamotée, ainsi qu’elle pourrait se montrer pour la mémoire collective durablement désobligeante. Régulièrement alors, l’éblouissement occidental et militaire du débarquement allié gigantesque et finalement décisif, la massive mais tardive répression armée de l’ignominie nazie auront participé à ce « hold-up » d’un mérite libérateur et d’une gratitude bientôt empochés par les seuls professionnels de guerre. Une telle résolution édulcorante efface pourtant bien amèrement la part déterminante de ces anonymes et modestes acteurs du commun qui se seront consacrés avant cela, corps et âmes, dans une impitoyable lutte contre la barbarie hitlérienne.

Voyages, Philippe Djian

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 06 Mars 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Arts

Voyages, Coédition Gallimard/Musée du Louvre éditions, 200 pages, 70 ill., couverture illustrée, novembre 2014, 29 € . Ecrivain(s): Philippe Djian Edition: Gallimard

 

« Quand tu aimes il faut partir

Ne larmoie pas en souriant

Ne te niche pas entre deux seins

Respire marche pars va-t’en… »

Tu es plus belle que le ciel et la mer, Blaise Cendrars, in. Feuilles de route, 1924

 

Cet ouvrage accompagne l’exposition éponyme Voyages, que Philippe Djian a réalisée dans le cadre de l’invitation du musée du Louvre, avec le soutien de Louis Vuitton et organisée par Pascal Torres, commissaire d’exposition et Conservateur en chef du musée. Un voyage, entre un ailleurs des mots, pas seulement, un dessein de l’âme humaine, plus encore.

Quand vient le temps d’aimer, William Nicholson

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Mars 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Editions de Fallois

Quand vient le temps d’aimer (All the Hopeful Lovers). Traduit de l'anglais par Anne Hervouët février 2015. 332 p. 22 € . Ecrivain(s): William Nicholson Edition: Editions de Fallois

 

William Nicholson retisse sa toile – après nous y avoir pris dans « L’intensité de la vie quotidienne »*. Et c’est avec délice que nous nous y retrouvons captivés, captifs. Nicholson possède un art exceptionnel de faire du moindre sentiment humain, du moindre acte, de la moindre douleur, un événement notable, voire majeur, et d’en extraire ainsi le matériau d’une véritable « aventure ». Aventure ici est à prendre dans sa polysémie en langue française : procès incertain et qui engage et aventure sentimentale bien sûr, comme annoncé par le titre.

Belinda, Chloe, Meg, Jack, Alice, comme les billes d’un jeu de flipper, vont ainsi tracer des trajectoires erratiques, phalènes hallucinées par le feu, par le jeu de l’amour. Et, comme il se doit aux jeux de l’amour, ils vont s’y brûler les ailes. Passions, mensonges, oublis, trahisons, William Nicholson est un maître pour associer les ingrédients du tourbillon amoureux. Il est cinéaste et scénariste d’abord (il s’agit réellement de ses métiers premiers) et son écriture – à la fois linéaire et palpitante – en est évidemment le produit. Il possède l’art consommé du scénariste pour passionner avec peu de chose, pour faire une histoire avec des bribes – brûlantes certes – de la vie amoureuse.

Nouvelles de la grande guerre, Collectif

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 05 Mars 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Zoe

Nouvelles de la grande guerre, Collectif : Henri Barbusse, Rudyard Kipling, Albert Londres, Talo Svevo, Robert Walser, Stephan Zweig, Arthur Conan Doyle, Richard Weiner, Liviu Rebreanu, Alexis Tolstoï, octobre 2014, 213 pages, 19 € Edition: Zoe

 

La première guerre mondiale a impliqué de nombreux belligérants et provoqué les morts et dévastations, destructions que l’on sait. Qu’en est-il de la littérature ? Et plus précisément de la nouvelle, genre malaisé à maîtriser. A la lecture du recueil rassemblé par les éditions Zoé, il apparaît que le genre de la nouvelle a administré dans cette période une preuve de sa capacité de restitution événementielle.

Tous les cas de figures, situations, postures y sont abordés : ainsi, dans le premier texte de Robert Walser, c’est l’arrachement, l’expulsion de la naïveté originelle, la perte de l’insouciance de l’avant-guerre qui sont évoquées : « Ces hommes vivaient une vie aussi simple qu’heureuse, leur existence était douce, suave et gaie (…) La guerre éclata. Tous accoururent aux lieux de rassemblement pour prendre les armes (…) Le service de la patrie dissipe toutes les réflexions ».

La Villa du Jouir, Bertrand Leclair

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 04 Mars 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Serge Safran éditeur

La Villa du Jouir, décembre 2014, 262 pages, 17 € . Ecrivain(s): Bertrand Leclair Edition: Serge Safran éditeur

 

Le titre localise le roman et en définit les fondements.

Il s’agit bien d’un récit érotique se déroulant quasiment intégralement dans l’espace fermé d’une villa, dans l’enceinte infranchissable d’une maison fort close, dont la propriétaire, une mystérieuse princesse noire, absolue maîtresse des lieux, jouit… d’une fortune et d’une puissance considérables.

Symbolisme topologique et connotations : la Villa du Jouir est insulaire, isolée sur une île grecque, comme celle où Ulysse rencontra Circé, et porte la même appellation, explicitement hédonique, que la dernière demeure de Gauguin aux Marquises.

Intertextualité : filiation indubitablement sadienne, réminiscences d’histoires d’Ô, inscription dans le réseau textuel classique et moderne des récits de domination-soumission sexuelle et des liaisons périlleuses.