De la malédiction d’être femme ?
A force de parler immigration, on en oublierait presque que le phénomène n’est pas franchement nouveau, que les « cités » comme on dit parfois pudiquement, sont des lieux où tout n’est pas rose, loin s’en faut. Le monde devient vite un enfer quand les préjugés, la violence, l’exil et quelques autres ingrédients font régner une implacable loi du silence, que de sourdes culpabilités et d’obscures trahisons interdisent de briser.
Des silences et du défaut de parole, Majda ne cesse de payer le prix exorbitant. Seule fille et sœur aînée d’une fratrie de 6 garçons, elle aura aussi l’une des tares les plus dures à porter dans le monde qui l’entoure : être femme. Si l’on ne naît pas femme (ou homme) mais qu’on le devient, Majda, elle, n’aura pas vraiment l’occasion de devenir quoi que ce soit, si ce n’est une errance arrêtée à coup de neuroleptiques et d’internements. Un père pourtant « différent » – peut-être un peu trop – mais incapable de tendre la main au-delà de ses propres barreaux. Une mère toute entière dévouée à ce qu’une mère doit être, résignée à tout par avance, dévouée à tous et condamnée à perpétuité à une double peine, femme et mère. Et puis les frères. Surtout l’aîné, Aziz, plein de colère, adolescent qui s’inscrit docilement dans un conformisme machiste et radical qui ouvrira le sentier de la folie à sa sœur.