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Les Livres

La Nuit aux étoiles, Shobhaa Dé

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 30 Août 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman, Babel (Actes Sud)

La Nuit aux étoiles, juin 2016, trad. anglais (Inde) Sophie Bastide-Foltz, 397 pages, 9,70 € . Ecrivain(s): Shobhaa Dé Edition: Babel (Actes Sud)

 

Bollywood, la poubelle aux étoiles…

Tout est d’équerre dans ce livre faussement simple, du titre quasi Hollywoodien des années 30, au sujet, l’univers du Bollywood de l’Inde contemporaine, la trace d’une gamine pauvre propulsée dans ces terreaux mi-glauques, mi-paillettes. Jusqu’à la manière – marquée, assumée, du récit-type il était une fois – qui suit sa progression d’homme influent en parrain friqué – titre de chaque chapitre – tous, ses amants-barreaux d’échelle, bien sûr…

La nuit aux étoiles peut passer à première vue comme un « roman de gare », parfaitement réussi : celui qu’on achète en prenant le train, qu’on dévore, que les « tchou-tchou » et le babillage des autres voyageurs ne gênent en rien dans cette lecture, foisonnante, passionnante. Lire comme ça, soit dit en passant – train, ou pas – vaut lettres de noblesse en littérature aussi, qu’on ne s’y trompe pas ! D’autant – on s’en doute dès la couverture, colorée pétante et rose faux bonbon – que le livre de Shobhaa Dé, en-dessous d’une surface glamour à consonance dramatique, veut nous donner à palper l’Inde d’aujourd’hui et ses miroirs, faux et aveuglants, au carrefour de ses multiples modernités en gestation, avec en ligne de mire cette question lancinante : où en est la femme indienne ?

Vitraux de songes, Francis Etienne Sicard Lundquist

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 30 Août 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Ipagination

Vitraux de songes, 2015, 132 pages, 13,60 € . Ecrivain(s): Francis Etienne Sicard Lundquist Edition: Ipagination

 

Cent vingt-et-un poèmes.

Cent vingt-et-un sonnets.

Cent vingt-et-un morceaux d’architecture.

 

Francis Sicard fait dans la dentelle (c’est un de ses termes récurrents).

Francis Sicard remet le sonnet à l’honneur.

Francis Sicard cisèle ses sonnets comme un orfèvre.

 

Les cent vingt-et-un sonnets de ce recueil ont tous exactement la même forme, exactement la même composition, exactement le même rythme.

Faire Charlemagne, Patrice Delbourg

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 29 Août 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi, La rentrée littéraire

Faire Charlemagne, août 2016, 252 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Patrice Delbourg Edition: Le Cherche-Midi

 

Les adeptes du « littérairement correct » auront très probablement du mal à finir le roman de Patrice Delbourg, Faire Charlemagne, car ce dernier est inspiré de part en part par l’esprit de provocation, par un souffle polémique quasiment incessant. Le personnage principal, Antonin Chapuisat, est Professeur de lettres au lycée Charlemagne, lycée parisien de renom. L’exercice de ce noble métier, le professorat, devrait donc combler Antonin Chapuisat. Il n’en est rien. Cet homme, à l’héritage familial très négatif, est aigri, passéiste, en recherche d’un enthousiasme et d’une énergie perdue : « Cette hantise d’un monde nouveau aux portes de son fief citoyen ne lui avait jamais faussé compagnie, il entretenait ainsi le flambeau familial, sommaire mélange de xénophobie radicale et de soupçon mercantile ». Eprouve-t-il un commencement de proximité avec ses élèves, croit-il pouvoir les toucher, les initier aux beautés de la littérature française et aux classiques du « Grand Siècle » ? Nullement, et c’est un dégoût, une hostilité évidente qu’il ressent à l’égard de cette nouvelle génération qu’il qualifie ainsi :

« Les élèves le regardaient pantois, effondrés sur leurs pupitres, crêtes iroquoises en médrano, petites queues de ragondin dans la nuque, tignasses entièrement amidonnées à la gélatine halal (…) clous dans les joues, pauvres gaziers qui essayaient de rassembler en feux grégeois les derniers télégrammes de détresse émis par leur mémoire sinistrée ».

Joseph Kaspar Sattler Ou La Tentation de L’Os, Vincent Wackenheim

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 29 Août 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

Joseph Kaspar Sattler Ou La Tentation de L’Os, mai 2016, 208 pages, 30 € . Ecrivain(s): Joseph Kaspar Sattler & Vincent Wackenheim Edition: L'Atelier Contemporain

 

Piqûre de ver

« Ici la marche est bien une danse, une parade, mais laborieuse, l’os, si l’on peut dire, est tendu et arcbouté par l’effort, la tête vers l’avant, les épaules remontées. Le genou accompagne le mouvement, l’autre jambe bien tendue, dans une recherche d’efficacité et de rendement. Bêcher, et jardiner ».

 

L’incendie

« Ce que l’image suggère : le bruit de l’embrasement, le crépitement du feu, le fracas des murs qui s’effondrent, des poutres maîtresses qui tombent au sol.

La face de l’os observe, peut-être retient-elle son pouvoir d’attiser le feu, de souffler le vent, comme s’il s’agissait de faire durer le plaisir, de jouir du panorama ».

Comme un rire de lumière, Charles Tomlinson

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 29 Août 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Poésie

Comme un rire de lumière, Éditions Caractères, édition bilingue, trad. anglais Michèle Duclos, préface Michael Edwards, dessins Charles Tomlinson, 128 pages, 20 € . Ecrivain(s): Charles Tomlinson

 

Michael Edwards constate avec justesse que la poésie de Tomlinson, « vibrant de tant de présences observées, élucidées et mises en œuvre, s’intéresse souvent […] à l’inaperçu et à l’absent ». Il n’est que de se reporter au poème « The Track of the Deer » (« La Trace du chevreuil ») pour s’en rendre compte.

 

… The track of the deer

That strayed last night into the garden,

Stops beneath the fruitless apple tree,

Shaped out and shimmering with that frost

You can feel here at the edge of all imaginings :