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Les Livres

Cartographie de l’oubli, Niels Labuzan

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 15 Novembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Jean-Claude Lattès

Cartographie de l’oubli, août 2016, 522 pages, 20 € . Ecrivain(s): Niels Labuzan Edition: Jean-Claude Lattès

 

Que sait-on de l’action des Allemands en Afrique ? Et plus particulièrement dans le Sud-ouest africain, région sur laquelle l’Empire allemand avait réussi à établir son protectorat dans les années 80 du XIXe siècle ? Peu de choses, à vrai dire, et le roman de Niels Labuzan vient à point combler cette lacune et répondre à nos interrogations légitimes.

En 1889, un groupe de soldats allemands débarque dans le Sud-ouest africain. Jacob Ackermann en fait partie, il est jeune, âgé de dix-neuf ans. C’est un lieutenant discipliné, patriote, qui pressent que sa vie sera bien plus utile, bien plus passionnante ici qu’en Allemagne. Au milieu de ce décor, de ces déserts, ces étendues infinies, tout lui semble possible. En 2004, un jeune Namibien, métis d’Allemand et d’Africain, assiste à une cérémonie commémorant le massacre des Hereros, une tribu composant autrefois la population du Sud-ouest africain. Les deux personnages vont dialoguer durant tout le roman, à plus d’un siècle de distance.

La passion des écrivains, Rencontres & portraits, Josyane Savigneau

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Lundi, 14 Novembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Gallimard

La passion des écrivains, Rencontres & portraits, octobre 2016, 264 pages, 21 € . Ecrivain(s): Josyane Savigneau Edition: Gallimard

Josyane Savigneau, dont on a lu dans les années 1990 et 2000 tant et tant de critiques littéraires dans Le Monde des Livres, publie ici une sélection de ses portraits d’écrivains parus dans ce journal, dont elle fut l’une des plumes. De fait, il s’agit plutôt d’une promenade amicale et empreinte d’admiration auprès d’écrivains et d’éditeurs, d’une femme de théâtre et d’un marchand d’art également, côtoyés, admirés ou chéris, tous respectés à un titre ou à un autre, du moins au moment où les articles ont été écrits, car Josyane Savigneau rappelle de temps à autre que « la vie n’est pas morale ».

Parmi ce florilège de personnalités littéraires, on trouve Patricia Highsmith, William Styron, Françoise Giroud, Salman Rushdie, Toni Morrison, Guy Schoeller, Jean d’Ormesson, Edmonde Charles-Roux, Jérôme Lindon, Claude Durand, Pierre Bergé, Françoise Sagan, Doris Lessing, Simone de Beauvoir, Régine Deforges, Joyce Carol Oates – des auteurs français ou anglophones, beaucoup d’auteures féministes, des éditeurs qui ont compté dans le paysage éditorial français. Les rencontres et portraits interviennent souvent à la fin de la vie des auteurs, ce qui rend les textes d’autant plus riches, plus essentiels.

Hieronymus, moi, Jérôme Bosch, Frédéric Grolleau

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 14 Novembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

Hieronymus, moi, Jérôme Bosch, Les Editions du Littéraire, Bibliothèque de Babel, novembre 2016, 292 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Frédéric Grolleau

 

500 ans après sa mort et à son « corps » défendant, Jérôme Bosch sacrifie pour notre plaisir et notre connaissance à l’autofiction. Frédéric Grolleau le fait parler en un journal intime enrichi de différents documents. Apparaissent les Riches Heures d’un peintre majeur pour lequel l’occultisme devint le ferment d’une esthétique où sont repoussées les dimensions « classiques » du bien et du mal, de la beauté et de la laideur, du multiple et de l’un.

Au service de son sujet, Grolleau va plus loin philosophiquement et littérairement que dans ses biopics de Nicolas Rey et de Tintin en ce qui tient d’une anaphore. Elle ouvre le monde loin de ses attendus en vue d’atteindre une infinitude que peu de peintres ont su toucher d’aussi près. Existe dans l’œuvre de Bosch beaucoup d’atmosphère, beaucoup de souffle souterrain, de « mêmeté » et de beauté moniste. Mais perdurent autant d’altérité et de beauté et laideur convulsives.

Un gâchis, Emmanuel Darley

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 14 Novembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Verdier

Un gâchis, 96 pages, 10,14 € . Ecrivain(s): Emmanuel Darley Edition: Verdier

 

« L’homme-enfant »

Emmanuel Darley écrira quatre romans. Un gâchis est le deuxième et constitue comme un diptyque avec son premier texte, Des petits garçons (1993) édité chez P.O.L. Diptyque de la voix intérieure, de l’enfermement. Ses deux derniers textes eux seront ouverture sur le monde, sur l’humanité en guerre et en exil.

Le mot « gâchis » résonne ici comme une sorte de commentaire sur le roman à lire. Parmi ses sens, il faut retenir celui d’histoire embrouillée. Le court roman d’Emmanuel Darley se donne en effet comme un jeu entre l’auteur et son lecteur. La lecture avance comme le personnage qui parle. Ce narrateur est moins d’ailleurs un personnage qu’une voix. Il a oublié son prénom (p.10) ; il n’a pas d’âge. Il évolue dans une campagne abstraite même si quelques toponymies nous ramènent dans le département de l’Aube. Un monde de paysans pauvres sans réels repères chronologiques. Il ne fait que dire mais dans une sorte de silence, celui d’un monologue intérieur ou d’un soliloque de fou. En outre, la famille, autour du père André, les frères, la mère, sont tous des taiseux (p.9).

Tashuur, Un anneau de poussière, Pascal Commère

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 14 Novembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Obsidiane

Tashuur, Un anneau de poussière, 108 pages, 14 € . Ecrivain(s): Pascal Commère Edition: Obsidiane

 

La ronde des cavaliers tourne dans cette écriture de Tashuur Un anneau de poussière. L’écriture au galop, perche / stylo en main, sur la terre du paysage mongol soulève du sol, en les faisant tourner sur des kilomètres, des corolles détachées des chardons secs ; l’écriture nous emporte dans la figure récurrente du cercle, de la spirale ; un souffle court tout au long du livre, ce vent sournois tournoyant en permanence au ras des steppes de Mongolie.

 

Galope ton cheval coursier du monde la jeep

t’emporte, ton sac d’épaule jeté par-dessus le hayon. Qu’importe

le vieillissement des lunes, l’eau surie. La peau

du monde trésaillé, langue blanchie jusqu’à l’os