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Les Livres

Veiller sur elle, Jean-Baptiste Andrea (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 05 Mars 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Iconoclaste

Veiller sur elle, Jean-Baptiste Andrea, L’Iconoclaste, août 2023, roman, 581 pages, 22,50 € Edition: L'Iconoclaste

 

Ce n’est pas une histoire, c’est une transposition… Voir à côté, en dessous, au-dessus de la ligne de vue… Ce n’est pas pour rien que Mimo – de son vrai prénom Michelangelo – est petit, et que son nanisme l’oblige à lever les yeux pour voir le rendu des choses, du ciel, des hommes. Mimo est, depuis toujours, un sculpteur de génie et/mais un rustre, rustique, mal dégrossi comme les sculptures à leur origine, avant de rencontrer Viola.

Elle, qui depuis ses trois ans sait lire, et qui depuis, n’oublie rien de ce qu’elle a lu. C’est une enfant, une adolescente un peu sauvage, un peu cachée par sa famille de noble souche.

Viola, comme l’origine de son prénom, à la fois papillon, plante, instrument de musique.

American Mother, Colum McCann, Diane Foley (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 05 Mars 2024. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Récits, Belfond

American Mother, Colum McCann, Diane Foley, Belfond, janvier 2024, trad. anglais (Irlande) Clément Baude, 197 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Colum McCann Edition: Belfond

C’est en octobre 2021 qu’eut lieu le procès « d’Alexanda Kotey. Ex-citoyen britannique. Ex-soldat de Daech et membre, en son sein, d’un groupe surnommé par les journaux “les Beatles”. Ex-dealer. Aujourd’hui incarcéré. Citoyen de nulle part. Un homme désormais voué à passer sa vie dans une pièce d’où l’on ne peut s’échapper ».

Alexanda Kotey est celui qui a participé à la décapitation de Jim Foley. Sa mère, Diane Foley, va assister à son procès, et Colum McCann va l’accompagner et va rendre compte dans cet ouvrage des questionnements qui vont assaillir cette mère dont l’attitude, les comportements restent exceptionnels de courage et de dignité face à la barbarie.

En effet, que ressentir face à celui qui a assassiné son fils, dans quel état sera-t-elle devant lui, autant de questions qu’elle se posera alors qu’elle a accepté la confrontation.

Une Saison en enfer, Arthur Rimbaud (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 05 Mars 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Une Saison en enfer, Arthur Rimbaud, Poésie/Gallimard, octobre 2023, préface Yannick Haenel, postface Gregoire Beurier, 96 pages, 5,90 €

À trois poèmes près, publiés en revues, l’œuvre laissée volontairement par Arthur Rimbaud se résume à un petit volume publié à Bruxelles en 1873, alors qu’il a dix-neuf ans (« Aller mes vingt ans, si les autres vont vingt ans… ») : Une Saison en enfer. De ce mince et unique volume, de cette première publication qu’on a pu croire perdue, Grégoire Beurier dresse une exégèse intelligente et pertinente en postface de la présente édition, soulignant entre autres la présence, rare chez l’imprimeur bruxellois, de pages blanches dans l’édition de 1873 – pages blanches auxquelles le postfacier désirerait qu’on alloue un sens, ce en quoi on le suit tout à fait. Ce sont comme autant de respirations, de pauses, de temps d’arrêt avant le bond poétique suivant dans cette lutte métaphysique et poétique à la fois que livre un tout jeune homme peut-être déjà conscient de son silence à venir (« Je quitte l’Europe. L’air marin brûlera mes poumons, les climats perdus me tanneront », écho au « Si je veux une eau d’Europe, c’est la flache » du Bateau ivre). Ces pages blanches se retrouvent dans la présente édition, qui n’est pas un fac-similé de celle de 1873, mais en reprend la numérotation des pages ainsi que la mise en page approximative, permettant, un siècle et demi plus tard, de lire ou relire au plus près Une Saison en enfer.

Sur la rive du Gange, Josef Winkler (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Lundi, 04 Mars 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Verdier

Sur la rive du Gange, Josef Winkler, Éditions Verdier, Coll. Der Doppelgänger, 2004, trad. allemand (Autriche) Éric Dortu, 249 pages, 18 € Edition: Verdier

 

« Vanité, substantif féminin : 1. Caractère de ce qui est vain, futile, illusoire. 2. Caractère de ce qui est inutile, sans efficacité. 3. Représentation picturale rappelant la précarité de la vie ».

Il est hasardeux pour un écrivain de se mesurer à l’Inde (à l’énormité indienne) tant sont constants les risques de tomber, par facilité ou inadvertance, dans les clichés commodes, substituant à l’Inde réelle celle qui conviendra aux préventions et à la paresse du lecteur et flattera son goût pour l’exotisme, la spiritualité à bon marché, le misérabilisme selon les cas. Marie Saglio s’y est essayée en 2023 avec Bombay (éditions Serge Safran), pour un résultat douteux car trop prévisible.

Sur la rive du Gange de Josef Winkler, né en 1953, n’est pas à proprement parler un livre sur l’Inde mais sur la mort ou mieux : sur la ville des morts, Bénarès, qu’on appelle aussi Kashi et Varanasi.

Nuit sauvage et ardente, Parme Ceriset (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 04 Mars 2024. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, Editions du Cygne

Nuit sauvage et ardente, Parme Ceriset, Editions du Cygne, janvier 2024, 98 pages, 13 € . Ecrivain(s): Parme Ceriset Edition: Editions du Cygne

 

La nuit en sa douce violence

La nuit a souvent inspiré de nombreux artistes, écrivains et poètes. Pour n’en rester qu’aux plus grands, la nuit est ce que l’on aime « avec passion »… « comme on aime son pays ou sa maîtresse, d’un amour instinctif, profond, invincible » pour reprendre les mots de Maupassant. Elle possède une « douleur sombre » chez Marceline Desbordes-Valmore. Et pour l’énigmatique et extraordinaire Baudelaire qui lui a consacré de nombreux poèmes, elle est « voluptueuse » et s’accompagne de « rafraîchissantes ténèbres ». Les poètes ne peuvent que l’aimer, peut-être parce qu’elle exacerbe leur profonde sensibilité, invite au recueillement et stimule leur imagination fantasque. Parme Ceriset, dans son dernier recueil, a choisi comme titre Nuit sauvage et ardente, affublant la nuit de deux adjectifs riches de promesses.