Identification

Les Livres

Quinze causeries en Chine, Aventure poétique et échanges littéraires, J. M. G. Le Clézio (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 23 Août 2019. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Gallimard

Quinze causeries en Chine, Aventure poétique et échanges littéraires, mai 2019, 208 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): J-M G. Le Clézio Edition: Gallimard

Ces quinze causeries sur la littérature ont été données par J. M. G. Le Clézio d’août 2011 à octobre 2017, tout autour de la Chine, à l’initiative de l’écrivain Xu Jun, professeur à l’université de Nankin et traducteur de son œuvre. L’Avant-propos de l’auteur chinois retrace l’historique de la relation des deux hommes depuis la parution du Procès-Verbal en 1963 (prix Renaudot), écrit par un jeune auteur de 23 ans qui allait recevoir en 2008 le Prix Nobel pour l’ensemble de son œuvre. Retour de civilités amicales et institutionnelles, à cet Avant-propos répond un Final de Le Clézio intitulé « A Xu Jun, l’ami exemplaire ».

Les lieux où sont prononcés les discours forment dès l’abord du texte un véritable périple à la fois poétique et académique dans l’immense Empire du Milieu : Au salon du livre de Shanghai, A l’université de Nankin, de Yangzhou, du Heilongjiang, A l’université des études internationales du Guangdong, A l’occasion du 20e anniversaire de la revue Grands Maîtres, dans la ville de Lijiang, A l’université normale de Pékin (discussion animée par Mo Yan), Au Forum Boya sur la littérature à l’université de Pékin, A Wuhan, A l’université des sciences et technologies de la Chine centrale, A l’occasion de la fête des Ecrivains du fleuve Yangzi au Jiangsu, et enfin A l’occasion de la fête littéraire Dayi à Xi’an.

La Débâcle, Romain Slocombe (par Mélanie Talcott)

Ecrit par Mélanie Talcott , le Vendredi, 23 Août 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La Débâcle, Romain Slocombe, Robert Laffont, août 2019, 528 pages, 22 €

 

Renversement, exode, déferlement, débandade, déroute, chaos, effondrement… sont les étapes nuancées de n’importe quelle débâcle. Pas celle naturelle des glaces qui donne à ce terme son sens premier, mais celle d’un système qui s’écroule de haut en bas suivant un effet domino, entraînant dans sa chute toutes celles et ceux qu’il prétendait servir et protéger.

La Débâcle donc de Romain Slocombe…

Une remarque préliminaire… Je ne sais quel rédacteur de quatrième de couverture chez Robert Laffont a eu l’idée saugrenue de qualifier celle qui nous est racontée de « road-trip hyperréaliste ». Sans doute quelque fondu de marketing ! Car le mot road-trip désigne une façon cool de voyager, d’appréhender une région ou un pays, en roulant, laissant défiler les kilomètres pour le plaisir des yeux, celui de la découverte des paysages, des peuples et de leur façon de vivre. Bref, une manière de renouer avec une nostalgie bienveillante.

Le cœur est une place forte, Marie Hélène Prouteau

, le Vendredi, 23 Août 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Le cœur est une place forte, Marie Hélène Prouteau, éditions La Part commune, mars 2019, préface Dominique Sampiero, 148 pages, 14 €

« C’est une histoire de livret perdu, une histoire de revenance ». Au cœur du livre, le livret militaire du grand-père, perdu dans la bataille de Maissin, en 1914, retrouvé 50 ans plus tard dans un grenier en Belgique. Un livret jamais oublié par l’enfant : « elle y a logé son rêve ». Il aimante ici la mémoire et les mots. Relique d’une hécatombe, béance de l’oubli, palimpseste des silences à déchiffrer, veilleur d’Histoire, il instaure un « pacte » entre l’auteure et son grand-père, devient chambre d’échos, résonance des voix qui traversent le temps et les ténèbres. « N’est-il pas de ces choses singulières qui portent plusieurs mondes ? ».

Peu à peu, sous les doigts, le vieux livret s’anime, frémit, soupire, vibre de présences, s’ouvre à d’autres mémoires. Car « écrire, c’est écouter des silences » (Jabès, en exergue). L’auteure se met à l’écoute, avec lucidité, empathie et courage. Elle se met en quête de vérité, elle veut traverser « les couches de silence », questionner l’Histoire. Il lui faut plonger dans les archives, témoignages, historiens, photos sépias, lettres, cartes postales, musées, lieux des combats, mais aussi se laisser pénétrer par la parole des poètes, les œuvres des musiciens, peintres, cinéastes, qui tentent de sublimer l’horreur.

Un monstre et un chaos, Hubert Haddad (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 22 Août 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Zulma

Un monstre et un chaos, août 2019, 352 pages, 20 € . Ecrivain(s): Hubert Haddad Edition: Zulma

 

C’est dans un voyage au bout du cauchemar que nous emmène Hubert Haddad dans ce roman. Du Shtetl misérable de Mirlek au Ghetto de Lodz, jamais l’horreur ne lâchera le jeune héros de cette histoire. Il y a eu, bien sûr, d’autres fictions situées dans le même cadre, mais Haddad nous prend au cœur par un parti-pris d’intimité. Il dit non seulement le malheur collectif, mais la redéposition de ce malheur sur un enfant solitaire de douze ans qui doit tout inventer pour survivre. Et c’est sur les traces de cet enfant à qui on a tout pris – famille, frère jumeau, maison, table où se nourrir et jusqu’à l’identité – que nous traversons les ruelles et rues dévastées de Lodz en son Ghetto, les lieux où l’humanité (peut-on encore l’appeler ainsi ?) a atteint l’extrême limite de l’Enfer sur terre, les lieux où s’écrivent les traces indélébiles de la sauvagerie des hommes envers des hommes, les lieux enfin qui resteront à jamais inscrits dans la mémoire des êtres de conscience.

Athos le forestier, Maria Stefanopoulou (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 22 Août 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman, La rentrée littéraire, Cambourakis

Athos le forestier, août 2019, trad. grec René Bouchet, 224 pages, 22 € . Ecrivain(s): Maria Stefanopoulou Edition: Cambourakis

 

La littérature, dit-on, aide à comprendre le passé d’un pays, son histoire, ses drames lointains ou rapprochés. Ce présupposé est largement confirmé par le magnifique récit de Maria Stefanopoulou, qui signe à cette occasion son premier roman, même si cette auteure a déjà produit des nouvelles et essais sur la critique et la violence.

C’est un roman choral, qui expose successivement les points de vue des différents personnages : Athos, qui est forestier dans le Péloponnèse, se cache dans sa cabane car il passe pour mort, ayant échappé aux représailles de la Wehrmacht du 13 décembre 1943 à Kalavryta. Dans ce village ont été massacrés tous les habitants. Son épouse, Marianthi, et sa fille Margarita quittent la localité.

Près de quarante ans plus tard, Lefki, la fille de Margarita, s’installe à Kalavryta pour y créer une Clinique de la douleur car Lefki est médecin. Iokasti, fille de Lefki, représente la quatrième génération après la seconde Guerre mondiale : elle veut résoudre le mystère d’Athos, et se lance dans la forêt à la recherche de son grand-père Athos.