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Les Livres

Dictionnaire des mots parfaits, Belinda Cannone, Christian Doumet (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 13 Septembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie, Thierry Marchaisse

Dictionnaire des mots parfaits, Belinda Cannone, Christian Doumet, mai 2019, 216 pages, 16,90 € Edition: Thierry Marchaisse

 

Après le Dictionnaire des mots manquants (2016) et le Dictionnaire des mots en trop (2017), voici le Dictionnaire des mots parfaits, troisième (et dernier ?) volume de la série. De même que le Robert ou le Larousse pourraient être qualifiés de « dictionnaires des mots parfaits objectifs », reflets de l’usage de la langue, de même cet ouvrage est un « dictionnaire des mots parfaits subjectifs », mots chéris ou préférés, choix personnel de chacun des 51 écrivains qui en forment le collectif d’auteurs.

Comment recenser un ensemble de courts articles de dictionnaire, dont les entrées sont si singulièrement propres à chaque écrivain ? Certains de ces mots offrent une résonance particulière à l’oreille du lecteur, de même que certains articles font précisément sens à la lecture : mots cratyliens, respectant l’harmonie imitative, mots sémantiques, choisis pour leur polysémie lexicale, mots syntaxiques, dépendant du contexte d’emploi, ou encore mots morphologiques, néologismes ou mots-valises, à objectif ouvertement ludique.

Mary Ventura et le neuvième royaume, Sylvia Plath (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 13 Septembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Nouvelles, La Table Ronde

Mary Ventura et le neuvième royaume, mai 2019, trad. anglais Anouk Neuhoff, 48 pages, 5 € . Ecrivain(s): Sylvia PLATH Edition: La Table Ronde

 

En 1952, Sylvia Plath, vingt ans, écrivait une nouvelle que publie enfin La Table Ronde, dans sa version d’origine (refusée pour noirceur alors). C’est une nouvelle terrifiante. Mary Ventura et le neuvième royaume nous plonge dans un voyage ferroviaire de pure terreur. Le train serait-il celui de la vie, et le trajet sans retour ? Mary, quoique réticente, prend, à l’invite de ses parents, le train. « Un voyage de formalité » dira la mère. Mary se dit « non prête pour le voyage ».

Le lecteur comprendra très vite que son personnage est mal embarqué, et les situations décrites, les dialogues, l’enjoignent à prêter une attention vive à ce qui se déroule, selon le rythme d’une machinerie infernale. L’air de rien, l’auteure, jeune, instille un malaise qui ne fera que croître, station après station, « royaume après royaume ». On évoque la noirceur des tunnels, l’improbable retour, les fenêtres du train s’émaillent de drôles de figures.

La surprise sera-t-elle au bout de la route ? Ou la méprise ? L’art de la jeune romancière est d’inscrire une réflexion philosophique sur la trame du voyage : la vie, la mort, l’autre, le destin sont autant de stations que tout esprit rameute.

Enfin le royaume, Quatrains, François Cheng (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 13 Septembre 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Enfin le royaume, Quatrains, François Cheng, Gallimard, coll. Poésie/Gallimard, n°542, février 2019, édition revue et augmentée, 224 pages, 7,40 €

 

« De l’eau naît la flamme, / De la flamme l’air / Mêlé au pur souffle / D’une biche endormie », reconnaît François Cheng. La psychanalyste Anne Dufourmantelle décrit ainsi la douceur, réveillée par le poète dans le quatrain que nous venons de citer : « Le ventre d’un animal. La palpitation d’une veine qui affleure sous la peau. Une peau très âgée comme un galet translucide. Une peau de très jeune enfant, sa joue encore couverte d’un imperceptible duvet. Calme de la respiration, de ce qui contient le vivant et le protège. Et qui s’offre au toucher ». Puis elle ajoute : « La douceur est une force de transformation secrète prodiguant la vie, reliée à ce que les anciens appelaient justement puissance. Sans elle, aucune possibilité que la vie s’augmente dans son devenir. Je crois que la puissance de métamorphose de la vie elle-même se soutient dans la douceur. Quand l’embryon devient un nouveau-né, quand la chrysalide laisse éclore le papillon, quand une simple pierre devient la stèle d’un espace sacré dans les jardins de Kyoto, il y a, au minimum, la douceur ».

Le temps de la haine, Rosa Montero (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 12 Septembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Roman, Espagne, Métailié, La rentrée littéraire

Le temps de la haine (Los Tiempos del Odio), septembre 2019, trad. espagnol, Myriam Chirousse, 354 pages, 22 € . Ecrivain(s): Rosa Montero Edition: Métailié

Rosa Montero nous offre une suite aux aventures de Bruna, la belle Réplicante de combat, rencontrée deux fois dans Des larmes sous la pluie et le poids du coeur. Et donc une lecture réjouissante, qui nous projette dans un futur certes lointain (au-delà des années 2100) mais qui, du point de vue des références à notre monde, s’avère étrangement proche de nous.

La force de ce roman est d’abord de nous ramener vers une Science-Fiction comme nous n’en avons pas lue depuis belle lurette. Une Science-Fiction sans complexe, avec des robots, des voyages interstellaires, des utopies planétaires.

« Au-delà, les ténèbres interstellaires, éclaboussées par les étincelles des étoiles, des planètes éclairées par leurs soleils, les lunes, les nébuleuses, les galaxies lointaines. Ici, hors du filtre sale de l’atmosphère terrestre, l’immense majorité des corps célestes montraient un éclat redoublé et fixe, sans aucun clignotement, de durs boutons de lumière. Le cosmos ressemblait à une boîte à bijoux en velours noir rempli de diamants. Et sur sa gauche, ah, Bruna la voyait maintenant avec clarté, parce que son corps avait lentement tourné dans le vide, là-bas au fond il y avait la Terre, resplendissante, une boule de lumière hypnotisante, colossale en poids et dimension, son bleu intense tacheté par la crème fouettée des nuages. […]

Fenêtre ouverte sur la poésie de Luc Vidal, Murielle Compère-Demarcy (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 12 Septembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Fenêtre ouverte sur la poésie de Luc Vidal, Editions du Petit Véhicule, décembre 2018, 123 pages, 20 € . Ecrivain(s): Murielle Compère-Demarcy

 

Luc Vidal est un poète, écrivain et éditeur français originaire du Pays nantais, né le 6 juin 1950. Sur les pas de René Guy Cadou, il a pris de nombreuses initiatives au service de la poésie. Il est ainsi à l’origine de la Maison de la poésie de Nantes et il est le fondateur des éditions du Petit Véhicule dans le cadre desquelles il a créé de nombreuses collections et différentes revues. Citons parmi ces dernières : Signes, Incognita, Les Cahiers Léo Ferré, Les Cahiers Jules Paressant, Les Cahiers René Guy Cadou et de l’école de Rochefort, Chiendents.

Murielle Compère-Demarcy, poétesse elle-même, rédactrice à La Cause Littéraire, délivre une analyse approfondie de l’œuvre poétique de Luc Vidal, dans une superbe édition à quoi sont habitués les lecteurs des publications du Petit Véhicule.

Il est difficile de présenter dans une chronique ce qui est déjà en soi la présentation d’un auteur par une consœur sans en reprendre littéralement l’expression. Nous n’en éviterons pas l’écueil.