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Les Livres

Ozu, Marc Pautrel (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 18 Septembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Arléa

Ozu, juin 2020, 168 pages, 9 € . Ecrivain(s): Marc Pautrel Edition: Arléa

 

A une certaine époque, bien avant la redécouverte de Yasujirô Ozu, vers les années 1978-1979, l’on connaissait très peu de films du grand cinéaste japonais, à peine six films dont Claude-Jean Philippe avait donné une bien belle lecture dans les Dossiers du Cinéma, parus en 1970 chez Casterman.

Le romancier Pautrel, par ce bref roman, donne l’occasion à un jeune public et aux fans de toujours, de revenir sur un parcours étonnant. Contrairement à ses deux pairs, Kurosawa, et Mizoguchi, de nombreuses fois primés lors des festivals européens, et ce dès 1950, à Venise surtout, Ozu avait connu un plus long purgatoire. Il fallut attendre quinze ans au-delà de sa mort en décembre 1963 pour qu’on parle enfin de cette œuvre née dans le muet, et qui trouva sa plus haute période artistique de 1949 à 1963.

Dis-moi la vérité sur l’amour, Roland Jaccard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 17 Septembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Dis-moi la vérité sur l’amour, Editions de l’Aire, mars 2020, 90 pages, 12 € . Ecrivain(s): Roland Jaccard

 

« Auden est mort à Vienne en 1973, une ville idéale pour mourir. J’y suis d’ailleurs mort plusieurs fois. Auden voulait savoir la vérité sur l’amour. Il pensait, tout en présumant qu’il avait tort, que l’amour dure toujours. Ce ne fut pas le cas » (Wystan Hugh Auden, Dis-moi la vérité sur l’amour).

Roland Jaccard met de l’ordre dans sa bibliothèque. Il note quelques brèves remarques éclairantes sur des livres anciens ou récents, qui le troublent, le renvoient à sa vie, à ses souvenirs doux et amers, à ses incertitudes, ses échecs, à ses amours perdus, une rupture entraîne le besoin de revenir sur soi-même, écrit-il, en ouverture de cette confession amoureuse.

Roland Jaccard est un oisif qui écrit de très courts romans, vifs, élancés, nostalgiques, tragiques, amoureux, des courts romans, comme l’on dit des courts métrages, qui flambent comme flambent les aphorismes de son ami Cioran, le journal d’Amiel, ou les pensées acides de Schopenhauer.

Nuit étoilée, Jimmy Liao (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 17 Septembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse

Nuit étoilée, Jimmy Liao, éditions HongFei, août 2020, trad. Chun-Liang Yeh, 144 pages, 19,90 €

 

Monde flottant

Le livre-jeunesse au titre évocateur, Nuit étoilée, un bel album épais de 144 pages, au format 19x26 cm, annonce l’atmosphère générale du récit. Jimmy Liao, né à Taipei en 1958, diplômé en art, est un auteur-illustrateur très populaire en Asie. Dans Nuit étoilée, sur les contreplats avant et arrière, les visages de deux étranges enfants aux immenses yeux lunaires, en gros plan, derrière un rideau de fenêtre, semblent fixer quelque chose de magique. La page de garde, noire, commence comme un fondu au noir cinématographique, orné d’une citation en blanc. Ensuite, un monde flottant apparaît, sans logique dimensionnelle, un monde de rêve échappant au commun des mortels. C’est par le regard et l’histoire d’une petite fille à l’apparence asiatique que nous suivons des pérégrinations enchantées, vivement colorées et référencées iconographiquement.

Marcel Proust, Croquis d’une épopée, Jean-Yves Tadié (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 17 Septembre 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Marcel Proust, Croquis d’une épopée, Jean-Yves Tadié, Gallimard, novembre 2019, 384 pages, 22 €

Pourquoi ce titre, qui peut paraître étrange de prime abord, pour un ouvrage rassemblant dix ans de critique proustienne, éveillée par le hasard des commandes ou des envies ? « Un précurseur méconnu de la manière moderne d’écrire l’histoire », G. Lenotre (Théodore Gosselin), publia le premier volume de son cycle de douze volumes, « La Petite Histoire », sous le titre de : Napoléon, Croquis de l’épopée. Ce fut la « passion de mon enfance », confie Jean-Yves Tadié, avant d’ajouter : « C’est ce que je propose ici, au sujet de Proust, parce que l’écriture de La Recherche et le livre lui-même en furent bien une : des croquis de l’épopée ».

Il y a de très belles pages sur le rapport qu’entretint Proust avec la musique, Tadié évoquant notamment les différents modèles de la sonate de Vinteuil. Ce rapport était amoureux. Il faut par exemple se représenter l’auteur de Jean Santeuil, les yeux fermés, écoutant (cela se produira à plusieurs reprises), penché, au théâtrophone (« ce téléphone branché sur la scène des théâtres »), Pelléas et Mélisande. « La musique, pour le romancier, écrit joliment Tadié, réveille en nous le fond mystérieux de notre âme, inexprimable par les mots. S’adressant à l’inconscient, elle remonte à la patrie perdue de l’enfance, en retrouvant le temps de la communication antérieure au langage : elle parle comme l’amour le plus pur et comme le bonheur ».

La Lune bouge lentement mais elle traverse la ville, Corinne Desarzens (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Mercredi, 16 Septembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, La Baconnière

La Lune bouge lentement mais elle traverse la ville, Corinne Desarzens, juin 2020, 344 pages, 20 € Edition: La Baconnière

 

La Lune bouge lentement mais elle traverse la ville est un recueil de chroniques linguistiques, chacune consacrée à une langue : l’anglais, le russe, le japonais, mais aussi l’arménien, le géorgien, ou encore le romanche. Ces textes, autobiographiques, racontent les voyages de Corinne Desarzens dans les contrées de ces langues d’élection, ainsi que quelques expériences d’étudiante éternelle et ardemment assidue. Ils rapportent des anecdotes, des rencontres, et constituent une galerie de portraits de locuteurs : professeurs, écrivains, artistes, artisans et quidams. Ils contiennent aussi, et ce n’est pas le moindre de leurs attraits, des fragments de lexique… dont on ne peut faire grand-chose sinon s’étonner, s’enchanter et en ânonner béatement les merveilles, en regrettant que leur transcription phonétique ne suffise pas à faire sonner en notre bouche ignare la juste prononciation, ni à les inscrire dans notre mémoire… On serait presque tenté de s’en servir comme viatique, l’ouvrage et les mots retenus étant plus séduisants et inspirants que les Vocabulaire de survie et autres kits pour touristes enclins au baragouin…