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Les Livres

Meurtres à Mahim, Jerry Pinto (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 07 Mai 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman

Meurtres à Mahim, Editions Banyan, mars 2021, trad. anglais (Inde) Patrice Ghirardi, 230 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Jerry Pinto

 

On peut lire Meurtres à Mahim, le deuxième roman de Jerry Pinto à être traduit en français après Nous l’appelions Em (Actes Sud, Lettres indiennes, 2015), comme un polar particulièrement bien ficelé : qui a tué Lachhman S. Parthusta, alias « Proxy », jeune homme d’une vingtaine d’années dont on a retrouvé le corps poignardé et mutilé (un rein grossièrement prélevé) près des urinoirs publics de la gare de Matunga, dans une banlieue de Bombay ? Est-ce un assassinat homophobe, un règlement de compte, une vengeance, une affaire de trafic d’organes ? Peter Fernandes, journaliste d’investigation à la retraite, avec l’aide de l’inspecteur de police Shiva Jende, un camarade d’études, va mener l’enquête. Rebondissements, fausses pistes, faux suicide, nouveaux meurtres, dénouement à la fois surprenant et prévisible tiendront en haleine jusqu’à l’ultime page selon les conventions du genre.

Et puis prendre l’air, Etienne Faure (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 07 Mai 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Gallimard

Et puis prendre l’air, Etienne Faure, décembre 2020, poèmes en prose, 136 pages, 14,50 €

 

Ambiance mais aussi expressions anciennes font office de guide touristique littéraire d’un monde dilué dans les mémoires où le temps joue les compte-gouttes ou au sablier entre les monuments et autres lieux-dits aux appellations immuables. De « la perte de vue à la perte tout court » il n’y a qu’un pas si l’oubli l’emporte sur le reste. Il y a tout de l’attente dans ce rêve écrit où « le banc à mi-chemin devient point de rencontre entre la solution cherchée et celle qui doit venir, à pied par l’allée centrale – ou jamais ».

Le Piéton de Paris de Léon-Paul Fargue trouve là une contemporaine continuité toute en rappelant des nostalgies évanescentes qui doucement entrent en dissidence pour faire apparaître un Paris neuf distribué en images accélérées dans le temps : « vivre et survivre, vitesse incertaine des vies » pour poursuivre la route.

La vie de tous les jours passe par des rencontres sur les bancs publics qui deviennent des sortes de partition à se rencontrer, à observer : « Se poser, comme on parle de s’assagir, en siégeant là, sans rien faire, du moins d’apparent. C’est à ça qu’on rêve subitement ».

Les Fenêtres, Hanna Krall (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 07 Mai 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays de l'Est, Roman, Editions Noir sur Blanc

Les Fenêtres, Hanna Krall, avril 2021, trad. polonais, Margot Carlier, 149 pages, 18 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

La Pologne a capté l’attention dans les années soixante-dix : les observateurs ont assisté à la création d’un syndicat libre dans ce pays encore sous la domination du communisme, Solidarnosc. Le pape Jean-Paul II a contribué également, par son engagement et son prestige moral, au tournant de 1989, qui a engendré la disparition du communisme dans la partie orientale du continent européen.

Hanna Krall, femme de lettres polonaise, décrit dans ce roman, Les fenêtres, non pas l’histoire de la Pologne contemporaine, mais des situations précises, des ambiances, des caractères.

L’action du roman est située en 1984, juste après la levée de l’état de siège. Celina, l’héroïne du roman, est une jeune reporter photographe, elle est âgée d’une quarantaine d’années et assiste au procès de l’étudiant Grzegorz Przemyk, jeune étudiant assassiné par la milice à l’occasion d’une manifestation.

Sans transition, De Roland Barthes à Pasolini, Cyril Huot (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 06 Mai 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Tinbad

Sans transition, De Roland Barthes à Pasolini, Cyril Huot, avril 2021, 154 pages, 18 € Edition: Tinbad


« Sans transition » : n’est-ce pas la posture même de Roland Barthes lorsqu’à la fin de sa vie il laisse s’introduire dans le processus de son écriture un principe pourtant contraire à la loi dans le cadre de laquelle il avait jusque-là voulu la tenir, à savoir aspirer à y voir au final s’intégrer quelques éléments autobiographiques jugés de prime abord superficiels voire fallacieux, éloignés de l’exigence formaliste du phrasé littéraire, plus opaques qu’éclaireurs d’un parcours ? Quelle place accorder aux « biographèmes » (« néologisme forgé par Barthes », précise l’auteur Cyril Huot) dans l’entreprise de l’écriture, ces fragments biographiques épars sur le chemin d’une vie ? Et n’est-ce pas contradictoire de la part de celui qui déclara « la mort de l’auteur » que de le voir rédiger un Roland Barthes par Roland Barthes ; de le surprendre, dans la dernière ligne droite de sa vie, désireux de voir s’introduire dans la mémoire qu’il laissera de lui et de son œuvre quelques fragments de son histoire personnelle ?

Nuit celte, Land mer, Carmen Pennarun (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 06 Mai 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Nuit celte, Land mer, Carmen Pennarun, éditions Stellamaris, poésie, 2016, 76 pages, 14 €

 

Dessine-moi un arbre…

Si ce recueil devait prendre vie, il aurait des racines et de majestueux branchages, comme le suggère la magnifique illustration de couverture (dessin de Charles L’Heureux).

Les mots de l’auteure, comme autant de gouttes de rosée, nous offrent une immersion vivifiante et méditative en plein cœur de l’Argoat, Bretagne intérieure boisée. Son approche contemplative de la nature, qui fait écho à la méditation taoïste avec son « tao de l’arbre », permet à l’âme humaine d’accéder à la spiritualité dans un rapport mystique au grand Tout et en particulier au monde végétal : « l’arbre offre ses ramures en prière ». Cette communion avec les éléments, cette osmose fraîche et parfumée gorgée d’embruns qui s’écoule comme la sève et l’eau des sources, est salutaire pour qui veut échapper aux ténèbres, car « nous empruntons des chemins de brume comme tremplins vers la lumière ».