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Les Livres

Les collines d’eucalyptus, Duong Thu Huong

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 14 Juin 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman, Sabine Wespieser

Les collines d’eucalyptus, traduit du vietnamien par Phuong Dang Tran, 779 pages, 29 € . Ecrivain(s): Duong Thu Huong Edition: Sabine Wespieser

 

Les malheurs de Thanh


Les collines d’eucalyptus peut être lu à la suite de Sanctuaire du cœur publié en 2011 ou bien indépendamment de ce dernier. Le récit fleuve de 800 pages se veut être engagé et psychologisant. En effet, le roman illustre le combat de l’écrivaine contre le Parti communiste de son pays. Comme à son habitude, Duong Thu Huong ne mâche pas ses mots et dénonce les décisions absurdes qui ont ruiné le pays de l’intérieur comme par exemple la plantation massive des eucalyptus conduisant à l’appauvrissement des sols. Ainsi, la population des collines est privée des ressources naturelles qui l’ont nourrie depuis des millénaires :

« La forêt sauvage laissa place aux plantations de thé, de coton, de canarium, aux vergers de kakis, de jacquiers et de pamplemoussiers.

Englebert des collines, Jean Hatzfeld

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 12 Juin 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Gallimard

Englebert des collines, avril 2014, 105 pages, 11,90 € . Ecrivain(s): Jean Hatzfeld Edition: Gallimard

 

Hatzfeld était là, en Avril 94, au journal du soir. Sa voix s’était brisée : « le Rwanda – disait-il – il faut faire quelque chose ! il faut au moins que chacun sache… », et il avait pleuré.

Pour vous, sans doute aussi, à ce moment-là, le génocide Rwandais entrait dans votre existence et votre mémoire.

Depuis, 900.000 morts après, l’auteur, inlassablement, s’applique de livre en livre à nous marquer au fer rouge, de ses récits coupants comme autant de machettes, qu’on lit et relit – essayant, mais c’est vain – de ne pas y croire… toujours pas.

Il y a eu – retable étrange à panneaux, montrant, comme au Moyen Age, l’infini récit de ces hommes capables de faire cela à d’autres hommes – Dans le nu de la vie, puis Une saison de machettes. Chacun de ces petits livres denses, signé du talent de Hatzfeld : précision chirurgicale, sobriété, aucun effet de plume, décrire, faire parler, poser les faits et ne pas oublier – écriture parfaite et littéraire, le regard de celui-ci ou de celui-là, que nous emporterons tous, en refermant le livre, que ne guettera jamais la poussière des fonds de bibliothèque.

Juste après la pluie, Thomas Vinau

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 12 Juin 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Alma Editeur

Juste après la pluie, janvier 2014, 281 pages, 17 € . Ecrivain(s): Thomas Vinau Edition: Alma Editeur

 

Comme il l’écrit lui-même dans sa postface intitulée Lignes de fuite : « Ma poésie n’est pas grand-chose, elle est militante du minuscule, insignifiante, et je l’écris au quotidien, à la mine de rien. J’ai pensé à ce projet plus conséquent. Un gros livre de petits poèmes ». Pari osé, ce roman-poésie, car on sait bien, l’offre en poésie dépasse de loin la demande, beaucoup en écrivent, peu en lisent ; « je travaille beaucoup à la simplicité » nous dit Thomas Vinau, or rien n’est plus difficile à atteindre que la simplicité, cependant chacun pourra très certainement puiser dans ce « gâteau de miettes » quelque chose à son goût.

D’ailleurs, poésie du quotidien peut-être, mais comme le souligne l’air de rien l’intitulé de la postface, il semble qu’écrire de la poésie soit justement pour Thomas Vinau une façon d’échapper au quotidien, ou tout au moins de le rendre parfois plus respirable, plus supportable. C’était peut-être moins évident dans des recueils plus anciens, mais ici on peut distinguer plus nettement des fêlures, des fragilités, dans les constructions qui protègent un quotidien, qui est surtout celui de l’intimité, de soi, du couple, de la famille, comme à opposer à un monde devenu bien trop fou, bien trop agressif pour qui a la sensibilité à fleur de peau.

L’Amour en moins, et autres nouvelles, Pierre Vandrepote

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 12 Juin 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Apogée

L’Amour en moins, et autres nouvelles, janvier 2014, 176 pages, 17,00 € . Ecrivain(s): Pierre Vandrepote Edition: Apogée

 

 

Nouvelles pudiques, où la syntaxe épouse le frémissement d’êtres qui se cherchent, se trouvent, s’évitent, se perdent, se retrouvent, s’oublient, ne s’oublient jamais.

Parce que chaque nouvelle est courte, l’auteur parvient à faire vibrer le non-dit, comme il fait vibrer l’absence que ses histoires convoquent, avec la façon qu’il a de faire cheminer son style.

Le non-dit, l’auteur le sculpte comme un bois, et les vibrations qui épousent le muscle du bois – suite à l’envol des phrases – déchaînent l’harmonie. Une musique – sourde, presque éteinte, mais néanmoins intense – s’élève, et nous étrangle la gorge, parfois, tant l’émotion, à la lecture, dit son nom.

Seins et œufs, Mieko Kawakami

Ecrit par Frédéric Aribit , le Mardi, 10 Juin 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Japon, Babel (Actes Sud)

Seins et œufs, traduit du japonais par Patrick Honnoré, mars 2014, 108 pages, 6,50 € . Ecrivain(s): Mieko Kawakami Edition: Babel (Actes Sud)

 

Les touche-à-tout exaspèrent. Elle est japonaise. Diplômée de philo. Musicienne. Actrice. Romancière. Poète. Et d’autant plus exaspérante qu’elle a la beauté griffante des héroïnes futuristes d’un Enki Bilal. Seins et œufs (Chichi to Ran), son premier roman traduit en français, et qui lui avait valu le prestigieux prix Akutagawa à sa sortie, en 2007, vient de ressortir dans la collection de poche Babel. Mieko Kawakami nous ferait vraiment tout gober.

Les seins, ce sont ceux de Makiko, qui rêve, du haut de ses quarante ans, de se les faire refaire, dans cette clinique de la ville d’Osaka où elle se rend avec sa fille de douze ans, Midoriko. Installées dans le petit appartement de Natsu, la jeune sœur célibataire de Makiko, mère et fille vont partager avec elle leurs embrouilles successives, leurs disputes, leurs incompréhensions devant les questions que posent la féminité de leur corps mutant et les regards bridés de la société nippone contemporaine.