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Le Complexe d’Eden Bellwether, Benjamin Wood

Ecrit par Cathy Garcia 30.09.14 dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Zulma

Le Complexe d’Eden Bellwether, traduit de l’anglais par Renaud Morin, août 2014, 497 p. 23,50 €

Ecrivain(s): Benjamin Wood Edition: Zulma

Le Complexe d’Eden Bellwether, Benjamin Wood

« La vérité est la torche qui luit dans le brouillard sans le dissiper » (Helvétius)

 

Ici, ce qui capte le lecteur sur presque cinq cents pages, ce n’est pas tant l’histoire elle-même, bien qu’elle soit absolument digne d’intérêt, mais bien l’art de l’auteur de lui donner une tension et un souffle vraiment très particuliers, et quand on sait que c’est un premier roman, on ne peut que saluer la prouesse. La plume de Benjamin Wood nous promène toujours sur le fil du rasoir, dans ce qui pourrait être un thriller cérébral, dans une ambiance qui frôle parfois le gothique, mais sans jamais basculer dedans.

Bien que l’intrigue prenne place à Cambridge en juin 2003, l’ensemble du roman semble légèrement teinté de sépia, sans qu’il ne sente pour autant la poussière. Il y a bien sûr en fond de décor l’illustre université, beaucoup de livres et une maison de retraite et puis, il y a la musique aussi, musique de chambre ou de chapelle, et l’instrument central du roman, presque un personnage à lui tout seul : l’orgue. Un orgue qui va servir à des rituels bien étranges, et peut-être même dangereux…

Le jeune Oscar Lowe n’est pas étudiant, il travaille à Cerdarbrook, dans une maison de retraite toute proche de l’Université, mais passionné de littérature, il se sent proche du Dr Paulsen, un des patients dont il s’occupe. Ancien professeur de lettres à Cambridge et chargé de cours à King’s College, aussi cultivé que caustique, voire grossier, seul Oscar peut l’approcher sans se voir méchamment rabroué, voire pire, car il « était le seul membre du personnel à savoir respecter son besoin d’intimité ». En échange, il peut emprunter au Dr Paulsen les innombrables ouvrages de sa bibliothèque, ce qui permet à Oscar d’assouvir son immense soif de lecture.

C’est en rentrant chez lui un soir, fatigué après le travail, qu’Oscar, traversant le campus, va être irrésistiblement attiré par la musique émanant de la Chapelle de King’s Collège, quelque chose d’inexplicable et de fascinant qui le fera entrer, bien qu’athée, pour assister à l’Office, dans un état proche de l’extase. Il y remarquera aussi une jeune fille blonde dont il fera connaissance à la sortie, la troublante Iris Bellwether, étudiante en médecine, et puis fera la connaissance, très vite aussi, du plus troublant encore, mais de manière plus irritante peut-être, Eden Bellwether, organiste prodige et frère d’Iris. Tous deux futurs riches héritiers d’une famille qui apprécie cependant autant, sinon plus, l’ouverture d’esprit que la bonne éducation, et saura accueillir Oscar avec sympathie, de même que le petit cercle, plutôt fermé, d’amis qui gravitent autour du frère et de la sœur, bien qu’Oscar soit de condition bien plus modeste et étranger au monde étudiant.

Cette double rencontre va entraîner Oscar dans une relation amoureuse avec Iris, mais aussi dans une aventure de plus en plus oppressante, dans laquelle viendront s’emberlificoter d’autres histoires, dont celle de son patient préféré à Cedarbrook et d’Herbert Crest, un éminent psychologue atteint d’une tumeur maligne au cerveau.

Le pivot central étant Eden Bellwether, en qui génie et folie se disputent la vedette, et tout particulièrement aux dépens de sa sœur Iris, avec qui il entretient une trouble relation.

« Parfois, les individus ayant une Personnalité narcissique essayent de faire la preuve de leurs talents, s’enfermant dans un cycle sans fin. Elles peuvent s’imposer des tâches extraordinaires, impossibles à réaliser ou à surmonter, et se débattent ensuite avec les sentiments d’échecs et d’incompétence que ces défis auto-imposés ont fait naître. Elle avait souligné la dernière partie de la citation plusieurs fois. Si cette fureur reste contenue, dirigée vers l’intérieur, elle peut conduire à l’automutilation et à l’idéation suicidaire ».

Le complexe d’Eden Bellwether nous entraîne dans les méandres de la psychologie et de la morale humaine et pose des questions qui ne peuvent se satisfaire d’une seule et unique réponse, tant celles-ci sont complexes, et Benjamin Wood fait tout cela avec talent et simplicité, sachant susciter sans faiblir l’intérêt du lecteur. On peut le dire : de façon magistrale.

 

Cathy Garcia

 


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A propos de l'écrivain

Benjamin Wood

 

Benjamin Wood, né en 1981, a grandi dans le nord-ouest de l’Angleterre. Amplement salué par la critique et finaliste de nombreux prix, le Complexe d’Eden Bellwether est son premier roman.

 

A propos du rédacteur

Cathy Garcia

 

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Rédactrice

Domaines de prédilection : littérature française et étrangère (surtout latino-américaine & asiatique)

Genres : romans, poésie, romans noirs, nouvelles, jeunesse

Maisons d’édition les plus fréquentes : Métailié,  Actes Sud

 

Née en 1970 dans le Var.

Premier Prix de poésie à 18 ans. Premiers recueils publiés en 2001.

A Créé en 2003 la revue de poésie vive NOUVEAUX DÉLITS. http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com

Fin 2009, elle fonde l’association NOUVEAUX DÉLITS :

http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/

Plasticienne autodidacte, elle compose ce qu’elle appelle des gribouglyphes,  mélange de diverses techniques et de collages. Elle illustre plusieurs revues littéraires et des recueils d’autres auteurs. Travail présenté publiquement depuis fin 2008 et sur le net :

http://ledecompresseuratelierpictopoetiquedecathygarcia.hautetfort.com

Elle s’exprime aussi à travers la photo, pas en tant que photographe professionnelle, mais en tant que poète ayant troqué le crayon contre un appareil photo : http://imagesducausse.hautetfort.com/ Ce qui  a donné lieu à trois Livr’art visibles sur internet dans la collection Evazine :

http://evazine.com/livre_art.htm