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Les Belles Lettres


Les Belles Lettres proposent la plus importante bibliothèque au monde de textes classiques.

Depuis 1919, les civilisations anciennes voient leur patrimoine littéraire rendu accessible au lecteur, par un méticuleux travail d'édition et de traduction de textes souvent encore inédits éclairés par des introductions et un appareil de notes.

À ce jour, notre catalogue, unique en son genre, comprend plus de mille textes grecs, latins, chinois, sanskrits, donnés dans des éditions bilingues de référence et issus de disciplines diverses qui ont marqué le progrès de notre connaissance : la philosophie, les religions, la philologie, les sciences, la médecine, l'histoire, la poésie et le théâtre.

Pour respecter les rigoureux principes d'édition de sources anciennes, les Belles Lettres coopèrent avec les meilleurs spécialistes, en France comme à l'étranger. De ce patient travail dans la tradition des Humanistes de la Renaissance, nait un linéaire de sources qui va de l'Antiquité à la Renaissance, de l'Occident à l'Orient.

Lui répondent les travaux de penseurs et d'historiens contemporains aux livres de tous domaines (histoire, science, philosophie, art), et dont les connaissances et idées méritent une transmission.

Notre catalogue est un pari sur la force de l'écho entre notre monde et celui des anciens. Pour ne pas perdre le futur. Ainsi va le monde, et nos livres.

Magie et Rhétorique en Grèce ancienne, Jacqueline de Romilly (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 27 Août 2019. , dans Les Belles Lettres, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Magie et Rhétorique en Grèce ancienne, avril 2019, trad. anglais Nicolas Filicic, 160 pages, 19 € . Ecrivain(s): Jacqueline de Romilly Edition: Les Belles Lettres

 

Ces quatre conférences ont été données en avril 1974 à Harvard, dans le cadre des conférences Carl Newell Jackson et à l’invitation de Glen Bowersock, directeur du département d’études classiques. Ecrites en anglais, elles n’avaient été jusqu’à présent jamais traduites en français. Jacqueline de Romilly nous offre ici un lent et remarquable voyage dans l’art du discours tel que les Anciens le concevaient, de la magie à la logique.

La grande helléniste remarque tout d’abord que les mots « grimoire » et « grammaire », tout comme les mots « glamour » et « grammar » sont issus de la même racine : « le lexique associe donc à l’origine l’aspect magique et la dimension rationnelle du langage ». Le premier exposé concerne Gorgias et son Eloge d’Hélène, discours qui a pour but de disculper l’Hélène de la Guerre de Troie. Le sophiste Gorgias insiste sur le merveilleux pouvoir du discours, qui oscille entre poésie et magie, la poésie étant elle-même de nature magique.

Ainsi fut Auschwitz, Témoignages (1945-1986), Primo Levi (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 04 Juin 2019. , dans Les Belles Lettres, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie, Histoire

Ainsi fut Auschwitz, Témoignages (1945-1986), février 2019, texte établi par Fabio Levi et Domenico Scarpa, trad. Marc Lesage, 304 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Primo Levi Edition: Les Belles Lettres

 

Même s’il en a publié d’autres, Primo Levi demeure pour la postérité l’homme d’un seul livre, Si c’est un homme, auquel tous les autres semblent subordonnés, comme les branches à un tronc. Rien a priori ne destinait ce chimiste turinois à devenir écrivain. Rien, sauf une expérience indicible et l’impératif moral de porter témoignage au nom de ceux qui jamais ne revinrent. Il avait compris que le silence de chaque rescapé était un cadeau posthume offert au nazisme.

Recueil de textes brefs, écrits pour les journaux ou à la sollicitation des autorités soviétiques et de la justice, Ainsi fut Auschwitz est un livre composé en partie à quatre mains, avec un autre homme de science, ou plutôt de l’art (les médecins considèrent ainsi leur discipline), Leonardo De Benedetto. Le titre du premier texte, signé des deux hommes, « Rapport sur l’organisation hygiénique et sanitaire du camp de concentration pour juifs de Monowitz (Haute-Silésie) », publié dans la Minerva Medica, un hebdomadaire de praticiens bien connu de l’autre côté des Alpes, trahit une tension vers l’objectivité scientifique.

Esquisse de la Kabbale chrétienne, texte traduit, présenté et annoté par Jérôme Rousse-Lacordaire

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 15 Mars 2018. , dans Les Belles Lettres, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Esquisse de la Kabbale chrétienne, texte traduit, présenté et annoté par Jérôme Rousse-Lacordaire, janvier 2018, 266 pages, 35 € Edition: Les Belles Lettres

 

La Kabbale est une construction intellectuelle extrêmement subtile et complexe, élaborée sur près de deux millénaires, mais qui ne fut formalisée qu’à partir du XIIIe siècle. Les maîtres kabbalistes chassés de la péninsule ibérique en 1492 s’établirent à Safed – une des plus belles villes israéliennes – où ils développèrent leur pensée. Ce moment coïncide avec la période féconde et brouillonne que fut la Renaissance européenne, au cours de laquelle des esprits ouverts et inquiets, comme Pic de la Mirandole ou Reuchlin (l’anti-Luther) éprouvèrent de l’attrait pour cette vision ésotérique du monde et de la création. Leurs études les conduisirent à dégager une interface entre judaïsme et christianisme, un terrain d’entente. Pour la première fois depuis très longtemps, on était attentif à ce qui réunissait les Juifs et les chrétiens, non à ce qui les distinguait. Ce mouvement de la Kabbale chrétienne, magistralement étudié par François Secret, allait se prolonger très avant dans le XVIIe siècle, surtout dans le monde anglo-saxon et germanique.

Un désir d’humain « Les love doll au Japon », Agnès Giard

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 16 Janvier 2017. , dans Les Belles Lettres, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Un désir d’humain « Les love doll au Japon », août 2016 (Prix Sade 2016), 376 pages, 25,90 € . Ecrivain(s): Agnès Giard Edition: Les Belles Lettres

 

Agnès Giard est une jeune chercheuse qui explore le monde le l’éros et plus particulièrement son développement dans certaines marges (parfois très larges) de la culture nippone. Dans son dernier livre, elle s’intéresse aux « love doll » japonaises, présentées par leurs fabricants et selon une « belle » tartufferie non comme objets (de luxe) sexuels mais en tant que « filles à marier ». De fait elles deviennent, et si l’on peut dire, le cache-sexe de la misère sexuelle et de la solitude. Visage absent, corps édulcoré cette poupée-ustensile de grandeur nature fluidifie le manque par approximation.

Souvent ces poupées sont façonnées avec les yeux à demi-fermés. C’est la cas de celle nommée « Madoromi » et que l’auteure définit ainsi : « une jeune fille au bord de la narcose, commercialisée par la firme Level sur le modèle de la Pieta ». Agnès Giard a d’ailleurs interviewé son créateur, Sugawara. Il se dit inspiré par les Vierges de la Renaissance italienne et leur pureté. Le créateur précise : « les hommes veulent préserver l’innocence de la poupée. Elle possède quelque chose qu’il faut protéger : une histoire d’amour inavouée, un secret lourd à porter, un cœur brisé… (…) Au client d’imaginer ce qui rend la poupée si mélancolique ».