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Quand nous étions révolutionnaires, Roberto Ampuero

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 14 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Amérique Latine, Roman, Jean-Claude Lattès, La rentrée littéraire

Quand nous étions révolutionnaires, Traduit de l’espagnol (Chili) par Anne Plantagenet, 4 septembre 2013, 492 pages, 22,90 € . Ecrivain(s): Roberto Ampuero Edition: Jean-Claude Lattès

 

Voilà un roman qui ne manquera pas de surprendre : le récit à peine romancé de la vie d’un jeune militant chilien ébloui dans sa jeunesse par l’idéal révolutionnaire, qui est nommé le Chilien tout au long du roman, ou camarade, amigo, selon les interlocuteurs. Nous sommes dans les années 70, peu après le putsch du 11 septembre qui a provoqué le renversement du Président Salvador Allende, leader de l’Unité Populaire au Chili.

Le Chilien quitte son pays, en proie à une répression cruelle et s’installe en Allemagne de l’Est où il rencontre Margarita Cienfuegos, jeune étudiante. L’idylle serait parfaite si le Chilien n’apprenait, au hasard de ses contacts et entrevues dans les milieux diplomatiques et militants, que cette jeune femme est la fille d’un des caciques du régime castriste et qu’il traîne derrière lui un passé très chargé : il a été procureur de la République à Cuba, a fait condamner et fusiller à ce titre beaucoup de « contre-révolutionnaires ».

Arsène Lupin, gentleman cambrioleur, Maurice Leblanc

Ecrit par Ivanne Rialland , le Vendredi, 13 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Folio (Gallimard)

Arsène Lupin, Gentleman cambrioleur, texte intégral et dossier par Étienne Leterrier, lecture d’image par Pierre Favory, juin 2013, 279 pages . Ecrivain(s): Maurice Leblanc Edition: Folio (Gallimard)

 

Alors que les éditions Rivages invitaient en avril les familiers du gentleman cambrioleur à découvrir un roman moins connu de Maurice Leblanc, L’Éclat d’obus, les éditions Gallimard proposent aux collégiens la lecture de ses premières aventures, Arsène Lupin, gentleman cambrioleur.

Le volume de la collection « Folioplus classiques » accompagne le recueil de nouvelles d’un dossier composé par Étienne Leterrier, agrégé de lettres et doctorant, qui offre successivement aux élèves – et à leur professeur – un éclairage historique sur la belle époque, un commentaire des caractéristiques d’Arsène Lupin, deux groupements de textes (sur la naissance du personnage de détective et sur les scènes criminelles), une biographie de Maurice Leblanc et des questions devant guider l’établissement d’une fiche de lecture par l’élève. S’ajoute à cela l’analyse par Pierre Favory, agrégé, docteur en arts plastiques et professeur dans le secondaire, de la photographie ornant la couverture : Automobile Delage, Grand Prix de l’ACF, juin 1912, de Jacques-Henri Lartigue. Quelques notes viennent également éclairer le texte : vocabulaire, allusions culturelles ou historiques.

Trop de bonheur, Alice Munro

Ecrit par Grégoire Meschia , le Vendredi, 13 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Nouvelles, L'Olivier (Seuil), Canada anglophone

Trop de bonheur, traduit de l’anglais (Canada) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso, 2013, 320 pages, 24 € . Ecrivain(s): Alice Munro Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Trop de bonheur. Un titre quasiment philosophique qui décontenance quand on s’intéresse de plus près aux histoires qu’il contient. Du bonheur on en est loin. Ou alors faut-il redonner à l’adverbe son sens premier et négatif de démesuré, au-delà des limites. Tellement de bonheur qu’il disparaît. C’est en effet plus par son absence que le bonheur brille dans le texte.

S’il ne s’agit pas d’un ouvrage de philosophie, les nouvelles d’Alice Munro apportent néanmoins une certaine vérité sur l’existence. On peut tirer de chaque histoire un constat qui bien loin d’être moralisateur donne à voir des humains, comme vous et moi, en prise avec des situations de la vie quotidienne. Si ces vies ont d’abord la banalité du quotidien, quelque chose d’extraordinaire – un nœud – vient d’emblée noircir le tableau. Elles ont l’apparence du fait divers qui peut arriver à n’importe qui, mais qui peut se trouver d’un coup en première page d’un journal à scandale. Alice Munro dissèque les humains, elle les met à nu :

Une longue nuit d'absence, Yahia Belaskri

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 13 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Maghreb, Vents d'ailleurs

Une longue nuit d’absence, mars 2012, 158 pages, 15,20 euros . Ecrivain(s): Yahia Belaskri Edition: Vents d'ailleurs

 

C’est un roman pour ainsi dire plein d’Histoire(s), c’est-à-dire d’idéaux, de larmes, de sang, de douleurs, d’exils et de volonté humaine. Un roman en va-et-vient entre les deux rives de la Méditerranée, et entre deux guerres civiles, celle d’Espagne et celle d’Algérie.

Yahia Belaskri, ambitieux, empoigne trois ou quatre décennies de feu, retrace la vie de populations entières, et éclaire avec une belle maîtrise de son sujet deux conflits majeurs dont le fond commun est la quête de justice et de liberté.

Francisco, dit Paquito, puis Paco, est né en Andalousie autour de 1920 ; il mourra en 2006. Entre ces deux dates, que de choses ! Un engagement à l’âge de seize ans dans les rangs des républicains qui combattent Franco (un… enfant-soldat), la clandestinité quasi permanente, le déchirement d’une vie familiale impossible, la défaite et l’exil dans l’Algérie française, la suspicion des autorités (il est militant du Parti communiste espagnol), les camps d’internement, l’activisme et les incursions téméraires dans l’Espagne franquiste, puis, alors qu’il veut s’apaiser un peu dans le bonheur conjugal, une autre guerre, de décolonisation, où il est pris comme dans un étau par le FLN et l’OAS, l’indépendance sanglante, un autre exil, en France… métropolitaine.

Compagnie K, William March

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 12 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Roman, Gallmeister, La rentrée littéraire

Compagnie K., trad. (USA) par Stéphanie Levet. 230 p. 23,10 € 12 septembre 2013 . Ecrivain(s): William March Edition: Gallmeister

 

Ecoutez la rumeur terrible de ceux qui ont connu l’Enfer, de ceux qui ne sont pas revenus, de ceux – pire encore – qui en sont revenus brisés à jamais. Compagnie K est un de ces livres dont on sait, en le lisant, qu’il rentrera pour toujours dans nos mémoires de lecteurs. Il marque d’un trait indélébile la première grande plainte du XXème siècle – elle ne restera pas unique hélas -, celle de ceux qui ont quitté la condition d’humains dans la boue, la vermine, la mort des tranchées de 14-18.

La compagnie K est une unité de l’armée américaine envoyée au front en 1917. Le roman de William March, car il s’agit bien d’un roman et quel roman, est composé de voix, 113 voix, qui constituent les « chapitres » du livre. Chacune est celle d’un soldat qui nous dit un moment bref de sa vie, ou de sa mort, dans les tranchées du nord est de la France. On suit ainsi la compagnie K depuis les jours qui précèdent le départ en France jusqu’aux semaines, mois et années qui suivent le retour (de certains).

Polyphonie tragique et poignante qui nous dit la misère de ceux-là mais pas seulement :