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La Une Livres

Courir sur la faille, Naomi Benaron

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 23 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, La rentrée littéraire, 10/18

Courir sur la faille, traduit de l’anglais (USA) par Pascale Haas, août 2013, 476 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Naomi Benaron Edition: 10/18

 

 

Métaphore du titre. Courir, donc survivre, ou bien, fuir ; sur la faille, la béance ouvrant sur l’enfer du Rwanda face à son génocide. 1994, date arrêtée, pour l’Afrique et le monde, à la page définitivement noire-suie de l’indicible du genre qu’on dit, humain…

Premier roman de Naomi Benaron, scientifique, écrivain, marathonienne américaine, Courir sur la faille est un – le, peut-être – coup de poing de la rentrée. Un livre qui confisque le souffle, prend aux tripes, noue le ventre ; un livre unique qui demande à son lecteur de le lire, comme l’athlète, à grandes foulées, surveillant les pulsations du cœur, maîtrisant, s’il veut arriver au bout, le sang qui monte, les yeux qui fondent, l’intellect qui lâche… Ce livre – un des rares – qui nous fait nous relever la nuit, pour aller plus loin avec lui… mais en renâclant, limite refus ; faut-il lire encore, savoir ce que on sait déjà…

Bleu corbeau, Adriana Lisboa

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 21 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Métailié, La rentrée littéraire

Bleu corbeau, traduit du portugais (Brésil) par Béatrice de Chavagnac, 19 septembre 2013, 222 pages, 18 € . Ecrivain(s): Adriana Lisboa Edition: Métailié

A la recherche de son identité


Les éditions Métailié offrent aux lecteurs une occasion de (re)découvrir un auteur de talent, Adriana Lisboa. En effet, avec Bleu corbeau, elle nous entraîne dans les pérégrinations d’une petite fille orpheline, Evangelina, qui à la mort de sa mère part aux Etats-Unis à la quête de son père biologique.

« Ce n’était pas une aventure. Ce n’était pas des vacances, ni une diversion, ni un passe-temps, ni un changement d’air, je partais aux Etats-Unis pour habiter chez Fernando avec un objectif bien particulier en tête : chercher mon père ».

Mais qui est donc Fernando ? Cet homme au passé sombre et tragique est l’ex-mari de sa mère. Le duo que forme Fernando avec l’enfant permet à l’auteur de mettre face à face deux destins : celui de ce père de circonstance et la petite fille esseulée. Et c’est au contact de cet homme qui la sauve de la solitude qu’elle va s’interroger sur le sens de l’existence hissant ainsi sa réflexion d’enfant à une dimension quasi métaphysique :

Tout le ciel au-dessus de la terre, Angélica Liddell

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 21 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Espagne, Théâtre, Les solitaires intempestifs

Tout le ciel au-dessus de la terre (Le syndrome de Wendy), traduit de l’espagnol Christilla Vasserot, 2013, 80 pages, 13 € . Ecrivain(s): Angélica Liddell Edition: Les solitaires intempestifs

 

L’île des morts ou retour à Utoya


Angélica Liddell achève, avec Tout le ciel au-dessus de la terre (Le syndrome de Wendy), sa trilogie chinoise entamée en 2011 avec Maudit l’homme qui se confie en l’homme, poursuivie en 2013 avec Ping Pang Qiu dont nous avons parlé ici, dans une précédente recension, le 18 juin 2013.

Dans cette pièce, nous suivons les voyages métaphysiques et mélancoliques de Wendy, figure centrale du texte, née de l’imagination de l’anglais Barrie au début du siècle dernier. Wendy ou Angélina ? L’écriture est d’abord réécriture, emprunts, intertextualités, superpositions. La pièce est constituée de fragments presque autonomes, définis chacun par un titre. En ouverture, le leitmotiv d’une scène cruciale du film de Kazan, Splendor in the grass, titre faisant lui-même référence à un poème de Wordsworth, cité tour à tour par la professeure de littérature anglaise, miss Metcaf, et son élève, héroïne de l’histoire, Deanie Loomis. Malgré les vicissitudes de la vie, soyons maîtres de nous-mêmes et de notre passé.

Canada, Richard Ford

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 19 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, L'Olivier (Seuil), La rentrée littéraire

Canada, traduit de l’anglais (USA) par Josée Kamoun 22 août 2013, 478 p. 22,50 € . Ecrivain(s): Richard Ford Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Il arrive rarement de savoir – en lisant un livre pour la première fois – qu’on a dans les mains un grand roman que nos descendants liront dans des décennies (siècles ?) encore. Canada est un livre immense, porté par le souffle éternel du grand roman initiatique à l’américaine, et hanté par les ombres tutélaires de Mark Twain ou de Charles Dickens. Plus proche, l’ombre du grand Raymond Carver, dont Ford fut l’ami. On peut se demander si Ford n’écrit pas là le roman que Carver n’a jamais écrit.

Roman d’apprentissage donc pour le jeune Dell , roman d’apprentissage de la vie passant par un dédale d’épreuves majeures. Avec Ford, on le savait depuis « Une mort secrète » (1976), le chemin de la vie n’est jamais une voie de gala mais un long chemin de souffrances. Il déclarait en 2002, dans une interview à un magazine français (Télérama) : « Les Américains aiment le bonheur. Moi, j'écris la désespérance. ». Mais qu’on ne s’y trompe pas : Ford écrit le malheur avec une énergie, une vitalité, une puissance qui portent en elles l’incroyable déferlement de son écriture et la simplicité limpide des choses de la vie.

Dis-leur qu’ils ne sont que cadavres, Jordi Soler

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 19 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Belfond, La rentrée littéraire

Dis-leur qu’ils ne sont que cadavres, traduit de l’espagnol (Mexique) par Jean-Marie Saint-Lu, septembre 2013, 236 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jordi Soler Edition: Belfond

 

Eh bien, voilà un livre à plusieurs entrées – toutes, portes riches –, qui nous permet ainsi, plusieurs voyages. Pas vraiment étonnant, avec la signature poétique, et burlesque de Jordi Soler – un des grands noms de la littérature espagnole actuelle ; un barroco à la hauteur des grands retables de Salamanque.

Il y a l’entrée – Irlande ; magnifique, musicale, éclairée, comme il se doit par cet Irlandais d’adoption qu’est J. Soler, qui vous la décline à tous les parfums de l’infini de ses bières : « la tourbe… est vendue en lingots sombres dans les supermarchés, se place dans la cheminée ou le poêle, comme si c’était un tas de rondins ». Odeurs, pluie, une Irlande-de-livre…

Il y a l’entrée – Mexique ; couleurs violentes d’un baroque bavard et mystérieux, dans lequel, par moments, passe le souvenir de cet autre hispanisant, l’écrivain chilien Hernan Rivera Letelier, dans son inoubliable Art de la résurrection. Soler, là encore, est en pays de connaissance ; il est de ce pays.