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Double négatif, Ivan Vladislavic

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 13 Décembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Afrique, Roman, Zoe

Double négatif, traduit de l’Anglais (Afrique du Sud) par Nina et Christian Surber, août 2013, 236 pages, 20 € . Ecrivain(s): Ivan Vladislavic Edition: Zoe

 

Afrique du Sud : une rétrospective


Les éditions Zoé nous offrent ici un véritable présent, d’autant plus que ce roman s’inscrit par sa thématique dans la saison culturelle dédiée à L’Afrique du Sud, qui a débuté en France au mois de mai 2013 et qui se termine bientôt en Décembre.

De quoi s’agit-il dans ce roman-ci ? Double négatif a une structure narrative qui épouse le parcours initiatique de Neville, jeune homme blanc vivant dans l’Afrique du Sud au temps de l’Apartheid. Le roman se scinde en trois grandes parties, et chacune de ces sections présente au lecteur la métamorphose de Neville. Dans « Lumière ambiante », le jeune homme abandonne l’université et revient vivre chez ses parents. Il erre et s’intéresse aux idées révolutionnaires qui secouent le pays et qui préparent le renversement de la situation politique sud-africaine. Il entre alors en conflit avec les Blancs, minoritaires dans le pays mais détenteurs du pouvoir économique et politique :

Femmes du Rajasthan, Ombre et lumière, Eric Sellato

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 12 Décembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Arts

Femmes du Rajasthan, Ombre et lumière, Editions Kodda, septembre 2013, 228 pages, 36 € . Ecrivain(s): Eric Sellato

 

Quand on ouvre un ouvrage de ce genre, on s’attend pour le moins à voir de belles photos.

Avec ce livre luxueux de Sellato on n’est pas déçu. Les vues sont lumineuses. Chacune des pages qu’on ouvre est une fenêtre de lumière dans le cadre de quoi s’imposent, explosent à l’œil les teintes vives des saris que portent les femmes de cette région du nord de l’Inde, en complète harmonie avec les couleurs de leur environnement naturel : les ocres, les rouges, les safranés, les orangés, les mauves, les violets…

Sellato n’a pas recherché de ces visages, de ces silhouettes, de ces corps conformes aux canons de Bollywood. On sait que l’Inde produit en série de ces femmes aux proportions idéales, dont les critères de beauté artificielle sont plus ou moins calquées sur ceux du cinéma américain. En faire un album n’aurait pas eu d’intérêt : il existe des dizaines de magazines people qui s’en chargent.

Non, Sellato a photographié des paysannes, des marchandes, des porteuses d’eau, des travailleuses, des ouvrières, des casseuses de cailloux, des briquetières, des lavandières…

Marguerite Duras, La passion suspendue, entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 11 Décembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Seuil

Marguerite Duras, La passion suspendue, entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre, traduit de l’italien et annoté par René de Ceccatty, janvier 2013, 187 pages, 17 € . Ecrivain(s): Marguerite Duras Edition: Seuil

 

 

Leopoldina Pallotta della Torre est face à Duras. Elle l’écoute. Elle est là pour qu’elle lui parle. Elle est là pour que naisse La passione sospesa. « Je l’écoutais se souvenir, réfléchir, se laisser aller, abandonner peu à peu sa méfiance naturelle : égocentrique, vaniteuse, obstinée, volubile. Et tout de même capable, à certains moments, de douceurs et d’élans, de timidités, de rires retenus ou éclatants. Elle semblait soudain animée d’une curiosité irrésistible, vorace et presque enfantine ».

Ce livre d’entretiens est commodément divisé en sections, dont le titre seul dit tout : Une enfance, Les années parisiennes, Le parcours d’une écriture, Pour une analyse du texte, La littérature, La critique, Une galerie de personnages, Le cinéma, Le théâtre, La passion, Une femme, Les lieux.

Un amour de Descartes, Jean-Luc Quoy-Bodin

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 09 Décembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Gallimard

Un amour de Descartes, L’Infini, Gallimard, mars 2013, 14,90 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Quoy-Bodin Edition: Gallimard

 

« Il prêtait une oreille attentive à son babillage. Il aimait ses éruptions de sons, ces éclats de mots, ce magma du langage qui n’est pas encore la parole. Partition atonale, échos dissonants de ses appétits et de ses affects. Sans se l’avouer, il appréhendait ce moment où les sons allaient se dénouer, éclore, s’envoler et devenir des mots, des mots durs, tranchants, blessants, des mots de grands puis des adjectifs ; il allait être nommé, évalué, corrigé, contredit. C’est que l’enfant a ses maux à dire, sa vérité à faire éclater. Il somme l’adulte de l’écouter ».

En Hollande, René Descartes tombe sur une fleur, sa Francine, sa fille, sa fleur aimée. Il en tirera quelques leçons de vie, donc de pensées. Un éclair, ce mouvement du temps qui file à la vitesse de la lumière, dont il va se nourrir, comme l’on se nourrit d’un sourire, d’un mot, d’une danse d’enfance. L’enfance de l’art et de la raison, l’un ne va pas sans l’autre. L’autre, cette enfant qui le fixe, l’écoute, l’interpelle, lui montre ce qu’elle voit avec ses mots, qui vont un temps le détourner de ses maux.

Malraux & Picasso, une relation manquée, Raphaël Aubert

Ecrit par Frédéric Aribit , le Lundi, 09 Décembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Biographie

Malraux & Picasso, une relation manquée, Infolio, Collection Archigraphy Poche, 2013, 9 € . Ecrivain(s): Raphaël Aubert

 

L’histoire des arts fourmille de « relations manquées », à l’instar de celle, plus générale, de tous les hommes qui se cherchent et ne se trouvent finalement pas quand tant d’étincelles auraient pu crépiter entre eux. Et l’on se demandera encore longtemps ce que certains auraient pu se dire s’ils avaient seulement pu ou su se parler. Celle que Raphaël Aubert radiographie n’est pas, parmi de nombreuses autres au XXe siècle, la moins intéressante en termes de ratage. Car il faut attendre la mort de Picasso pour que Malraux en vienne enfin à mesurer l’ampleur d’un peintre qu’il a à peine côtoyé et longtemps ignoré. Dès l’introduction de son livre, Raphaël Aubert énonce clairement ce qui fait obstacle entre eux deux : d’une part, sur le plan esthétique, le relatif « conservatisme » de Malraux qui délaisse des pans entiers de la modernité picturale et plastique au nom du seul Georges Braque ; d’autre part, sur le plan politique, une fois l’ennemi commun du nazisme abattu, l’aveuglement communiste de Picasso, qui achoppe sur l’orientation gaullienne de Malraux, farouchement opposé à Staline.