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La Une Livres

Juste après la pluie, Thomas Vinau

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 13 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Roman, Alma Editeur

Juste après la pluie, 30 janvier 2014, 280 pages, 17 € . Ecrivain(s): Thomas Vinau Edition: Alma Editeur

 

Quelle belle manière d’ouvrir la nouvelle année par ce roman-poésie au titre éclairant, aux éclats romanesques, judicieux et joyeux même parfois dans son insaisissable tremblement. Roman-poésie qui s’appuie sur cette lumineuse phrase de Pavese tiré de son métier de vivre : « Mais la grande, la terrible vérité, c’est celle-ci : souffrir ne sert à rien », en effet ! Cette vérité terrible ouvre ceux qui ne s’en doutaient pas à de nouvelles aventures de la liberté libre, ce qui n’est jamais de tout repos.

Vinau attentif à ce qu’il voit, c’est l’œil qui écrit, choisir ses mots avec la même attention que porte Matisse à choisir ses pigments. A ce qu’il sent, la peau toujours aux aguets. A ce qu’il pense, les mouvements du corps sont aussi des sauts dans l’espace de la pensée vive qui jamais n’oublie d’en sourire. A ce qu’il entend, l’oreille qui chante ; vigilance de l’écrivain aux éclairs du Temps, au vent, au soleil, aux comètes, aux fleurs et aux fruits, au ventre doux de la terre, comme finalement chez Francis Ponge,  son ancêtre en art du bref.

Love Hotel, Christine Montalbetti

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 11 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, P.O.L

Love Hotel, 2013, 171 pages, 15 € . Ecrivain(s): Christine Montalbetti Edition: P.O.L

 

Comment retranscrire le réel ?

Que peut le roman face à la richesse si débordante de souffle qui fait chaque parcelle de nos vies ?

Comment dire non pas le visible mais notre rapport à lui, sans jamais éluder ce qui en constitue la trame la plus secrète ?

Comment, par l’écriture, retranscrire la saveur même des choses, qui, la plupart du temps, ne se conjugue que sur le mode de l’éphémère le plus abouti, toute saveur ayant pour vocation de se transformer au fur et à mesure de son envol, de se muer en autre chose, et, enfin, en la perte d’elle-même…

Enfin, comment faire du muscle de l’écriture cela même qui serait disposé à soulever, voile à la maille dense posé sur le monde, notre indifférence aux choses, pour qu’enfin nous puissions goûter, mastiquer, les pousses de réel par quoi la vie se fait jour au-dedans de nous et nous jette dans le ballet du visible, au centre d’idiosyncrasies qui, toutes, ont leur prénom à nous apprendre. À nous souffler. Et, pour quelques-unes, à souffler dans le cœur de nos vies…

Le Bel Otage, Zayd Muti’Dammaj

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 10 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Pays arabes, Contes, Zoe

Le Bel Otage (Al Rahina), traduit de l’arabe du Yémen par Nada Ghosn, 157 pages, 18 € . Ecrivain(s): Zayd Muti’Dammaj Edition: Zoe

 

Au cours des années de troubles et d’agitation permanente qui préludent à l’assassinat, en 1948, de l’imam-roi Amir al-Mumenin al-Mutawakkil ‘Ala Allah Rab ul-Alamin, Imam Yahya ben al-Mansur Bi’llah Muhammad Hamideddin (sic), de nombreux fils de chefs rebelles ont été enlevés à leur famille et retenus comme otages dans les forteresses des gouvernorats.

Le héros de ce surprenant conte-roman est l’un de ces jeunes captifs. Après une période de forteresse, il est transféré au palais du gouverneur comme duwaydar, affecté au service particulier, aussi longtemps qu’il n’est pas devenu pubère, de la belle Sharifa Hafsa, la jeune sœur du gouverneur, divorcée, oisive, capricieuse, sensuelle, agitée de pulsions qu’elle ne parvient pas à brider.

L’otage, narrateur à la première personne, découvre peu à peu les règles arbitraires et archaïques d’une société de palais hypocrite, fermée sur elle-même, où les duwaydars, valets le jour, sont la nuit les jouets des femmes du sérail qui se les disputent.

Stone Arabia, Dana Spiotta

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 10 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Actes Sud

Stone Arabia, Actes Sud, traduit (USA) par Emmanuelle et Philippe Aronson novembre 2013, 286 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Dana Spiotta Edition: Actes Sud

 

Nik est musicien. Il a toujours rêvé d’être une star, mais son audience n’a jamais dépassé un cercle très restreint. Ses fans ? Ce sont essentiellement sa sœur, Denise, et une poignée d’amis. Aujourd’hui, Nik approche de la cinquantaine et pourtant rien n’a changé. Ou presque. Il continue d’écrire des chansons, d’autoproduire ses disques. Le succès, il ne l’espère même plus. Il a depuis longtemps compris qu’il ne deviendrait jamais l’un de ces musiciens qui fait des étincelles sur scène. De toute façon, le succès, il l’a. A sa façon. Une façon très imaginative et qui fait de lui un personnage exceptionnel de roman.

Dès son plus jeune âge, Nik s’est en effet mis à rédiger des « Chroniques ». Dans ces pages, Nik est un musicien accompli. La gloire, le succès, tout est là. Tout ce qu’il a échoué dans sa vie réelle, il le réussit dans cette vie fictive. Il se construit une fausse existence. Il est son seul public. Il est son plus grand fan.

Une terre d’ombre, Ron Rash

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mercredi, 08 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Seuil

Une terre d’ombre, traduit de l’Anglais (USA) par Isabelle Reinharez, 2 janvier 2014, 243 pages, 20 € . Ecrivain(s): Ron Rash Edition: Seuil

Une ballade pour Laurel


Dans les années 60, un homme est mandaté de façon officielle pour se rendre dans une région isolée de la Caroline. Sa mission est de submerger la ville Mars Hill pour en faire un lac artificiel. L’hostilité des habitants et la découverte d’un cadavre dans un vieux puits ramènent à la surface une histoire tragique qui s’y était déroulée au moment de la Première Guerre Mondiale.

L’habileté du Prologue permet à l’auteur d’introduire son histoire et de braquer la lumière sur deux êtres à part. Il s’agit de Hank Shelton et surtout de Laurel, sa sœur. En effet, victime d’une marque de naissance et de la superstition des habitants, elle est rejetée par ce lieu qui la voit comme une sorcière et une damnée. Laurel est alors pourchassée, humiliée et voit son avenir compromis puisque les pressions de la communauté sont telles qu’elle a dû quitter l’école à regret. Sa vie se passe loin des regards dans une profonde solitude. De surcroît, sa demeure est une vieille maison nichée au creux d’un vallon maudit :