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La Une Livres

Entretiens avec Alain Veinstein, André du Bouchet

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 12 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, L'Atelier Contemporain

Entretiens avec Alain Veinstein, André du Bouchet, L’Atelier Contemporain et l’INA, janvier 2016, 128 pages, 20 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

« Or, la langue ne relève pas de notre choix personnel, c’est notre point de départ, le matériau dont nous disposons, et il y a un mouvement qu’il s’agit de renverser : ne pas aller dans le fil de ce qui se détruit à chaque instant sous nos yeux, mais, tenant compte de ce qui est détruit, tâcher dans l’instant de renverser le mouvement et d’édifier quelque chose ».

Il s’agit bien de cela, de deux édificateurs, deux architectes de la langue qui se rencontrent. L’un, poète, loin du tumulte, des honneurs et des horreurs, dans la perspicacité de la langue, dans sa vibration profonde, dans sa nette simplicité, accordée à l’espace, à la terre, au sol : …chute de neige, vers la fin du jour, de plus en plus épaisse, dans laquelle vient s’immobiliser un convoi sans destination – je tiens le jour… La paupière du nuage porteur de la neige se levant, je me retrouve inclus dans le bleu de l’autre jour*. L’autre, interviewer sur France Culture, pour L’Autre Journal (qui fut une bien belle aventure) et Libération, mais aussi poète et écrivain.

Le mariage de Pavel, Jean-Pierre Milovanoff

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 12 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset

Le mariage de Pavel, octobre 2015, 202 pages, 17 € . Ecrivain(s): Jean-Pierre Milovanoff Edition: Grasset

 

Le mariage de Pavel est un roman sur l’exil : ses motivations d’origine, ses conséquences attendues ou imprévues, ses conditions de survenance, ses traces sur les vies des individus un jour ou l’autre concernés par cet acte. Pavel, personnage principal, est un russe blanc ; il a fui à l’âge de quinze ans sa famille et son pays pour échapper à une mort quasi-certaine, lui le jeune bourgeois issu d’une école militaire tsariste et à ce titre « ennemi de classe ». Après avoir traversé l’Ukraine dévastée par la guerre civile, il parvient à Sébastopol, gagne Constantinople et parvient enfin en France, où il devient ingénieur dans les Cévennes. Il y rencontre deux sœurs, Rénata, institutrice, et Odine, danseuse chorégraphe. Il épouse Renata. Un soir d’été, il décrit à son fils Jean-Pierre ce qu’il a ressenti, vraiment, depuis son départ de Russie. Et c’est toute une série d’impressions, de réflexions, de constats que nous livre Pavel, pour arriver à un état des lieux de l’exil presque complet. Ainsi, il examine les conditions de décision, les circonstances qui déclenchent ce choix :

« On doit faire vite quand on vit sous la menace. Il n’y a pas de place pour les tergiversations. Ni pour les regrets. On s’exile par nécessité, souvent dans l’urgence, quelquefois avec enthousiasme ».

La guitare de diamants et autres nouvelles, Truman Capote

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 11 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Nouvelles, Folio (Gallimard)

La guitare de diamants et autres nouvelles, trad. anglais (USA) Germaine Beaumont, Serge Doubrovsky, février 2016, 112 pages, 2 € . Ecrivain(s): Truman Capote Edition: Folio (Gallimard)

 

Dans une interview donnée au magazine The Paris Review, fin 1957, Truman Capote s’exprimait sur son irrésistible penchant pour l’écriture de nouvelles :

« Mes ambitions les plus inébranlables tournent toujours autour de cette forme. Lorsqu’elle est sérieusement explorée, la nouvelle me semble la forme la plus difficile et demandant le plus de discipline en matière de prose existante. Quels que soient le contrôle et la technique que je peux avoir, je dois entièrement ma formation à ce genre littéraire ».

Il insiste également sur la qualité du rythme des phrases, l’importance de la ponctuation, allant jusqu’à qualifier Henry James de « maestro du point-virgule ».

Le recueil publié par Folio qui regroupe trois nouvelles écrites au début des années cinquante, La bonbonne d’argent, La guitare de diamants, et La maison de fleurs, est l’occasion d’apprécier de manière concrète son haut niveau d’exigences.

Les serviteurs inutiles, Bernard Bonnelle

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 11 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, La Table Ronde

Les serviteurs inutiles, février 2016, 279 pages, 18 € . Ecrivain(s): Bernard Bonnelle Edition: La Table Ronde

 

Nous sommes en l’an 1561, le 3 février, au domaine nommé Les Feuillades, dans le Périgord, non loin de Bergerac. Le Sud-Ouest est secoué par des rivalités, depuis quelque temps, opposant Catholiques et Huguenots. Gabriel, le châtelain, n’a pas basculé chez les protestants, mais il n’est pas toujours prompt à prendre les armes pour défendre la cause catholique. Il n’apprécie pas la révolte contre l’église catholique, même si elle peut parfois paraître justifiée. Aussi est-il offusqué lorsqu’il entend une bande de fillettes, sortant du temple, brailler :

 

Un morceau de pâte

Il fait adorer

Le rompt de sa patte

Pour le dévorer

Le gourmand qu’il est

Hari, hari l’âne !

Histoire des traductions en langue française, XVe et XVIe siècles

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Vendredi, 11 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Verdier, Histoire

Histoire des traductions en langue française, XVe et XVIe siècles, novembre 2015, sous la direction de Véronique Duché, 1344 pages, 48 € Edition: Verdier

 

Ce volume est le troisième d’un ensemble de quatre destinés à couvrir l’histoire des traductions en langue française du XVe siècle à nos jours.

Cette entreprise unique, initiée par Jean-Yves Masson et Yves Chevrel, a pour but de mettre en lumière l’importance que la traduction a pu avoir sur la transmission des savoirs, de la poésie aux mathématiques, en passant par le droit. Elle nous rappelle, par ailleurs, le rôle qu’elle a joué dans l’élaboration et la construction de notre langue française. Enfin, c’est un hommage rendu aux traducteurs, ces passeurs de textes et d’idées, souvent femmes et hommes de l’ombre.

Pour reprendre des notions prisées des historiens, « le terminus ad quo » de ce volume est la création de l’imprimerie en France, soit 1470, bien que le premier ouvrage imprimé en français fût sans doute publié à Lyon en 1469. Quant au « terminus ad quem » qui peut être contestable, il a été fixé à la mort d’Henri IV en 1610. Cette période va se caractériser par la volonté d’imposer le français dans tous les domaines de la vie sociale et intellectuelle.