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Dans la peau de Maria Callas, Alain Duault

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 04 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Arts, Le Passeur

Dans la peau de Maria Callas, février 2017, 216 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Alain Duault Edition: Le Passeur

 

Spécialiste de l’Opéra et de l’Art Lyrique, Alain Duault nous propose ici d’entendre encore une fois la voix de la Callas, à travers l’évocation fictive de souvenirs, ceux qu’elle aurait pu se remémorer dans un journal intime sur les derniers quinze jours de sa vie. Rétrospective imaginaire d’un amoureux de musique en compagnie d’une des plus grandes voix lyriques.

Voix à la fois émouvante et dérangeante que celle d’Alain Duault qui se mêle à ce « je » fictif, celui de la Callas, dérangeante par la proximité qu’il entretient. C’est presque une voix de petite fille que l’on entend par moments, mais aussi celle d’une femme malheureuse au milieu de tout ce bonheur vécu dans la passion pour son art.

Quinze jours nostalgiques, quinze jours où la mélancolie et la remontée du souvenir nous placent au plus près d’une femme qu’on a aimée, qu’on aime et qu’on aimera longtemps et ce malgré le manque qu’elle-même a pu éprouver en ce domaine.

Les artistes en se donnant au plus grand nombre sont souvent seuls. On est touché par cette voix qui n’est pas la sienne et qui dit « J’ai tant donné et j’ai si peu reçu ».

Romancero Gitano, Romances gitanes, suivi de Complainte funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias, Federico Garcia Lorca (traduit par Michel Host)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 03 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Espagne

Romancero Gitano, Romances gitanes, suivi de Complainte funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias, éd. Alcyone coll. Mitra, 2017, trad. Michel Host, 16 € . Ecrivain(s): Federico Garcia Lorca

La nouvelle traduction de Michel Host restitue parfaitement la mélodie, les rythmes, les battements du cœur, la froideur géométrique, les clartés et les ténèbres de F.G. Lorca. Chez le poète espagnol, le désir comme l’angoisse défont l’apparence. Il montre celui (ou celle) qu’on refuse de reconnaître. La poésie rapproche donc de l’inconnu, atteint son énigme :

« Des brises de roseaux mouillés

et la rumeur de voix anciennes

résonnaient au travers de l’arc

brisé du mitan de la nuit.

Les bœufs et les roses dormaient.

Ni vivants ni morts, Federico Mastrogiovanni (2ème critique)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 03 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Métailié

Ni vivants ni morts, février 2017, trad. espagnol François Gaudry, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Federico Mastrogiovanni Edition: Métailié

 

Un époustouflant travail de journaliste sur un sujet qui fait frémir, donne des frissons dans le dos : la disparition forcée au Mexique.

Fruit d’une longue enquête d’investigation, semée d’aléas – on est dans un pays qui occupe militairement le territoire, sans oublier les nervis et autres surveillances –, le livre relate, par entretiens interposés, l’histoire réelle de nombreuses disparitions dans un pays troublé, victime d’actions violentes de groupes paramilitaires et d’autorités policières qui n’ont rien du travail de protection des populations civiles.

L’essai montre à suffisance le rôle négatif des gouvernements mexicains et leurs liens avec les groupes les plus violents (les Zetas, par ex.).

Rencontrant les victimes, familles des victimes – qui luttent pour une reconnaissance des disparitions forcées –, l’auteur a parcouru le Mexique de long en large pour attester de la terreur imposée à la population et s’interroger sur les causes du phénomène.

Petite sœur la mort, William Gay (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 02 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Fantastique, Seuil

Petite sœur la mort (Little Sister Death), trad. américain Jean-Paul Gratias, mars 2017, 270 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): William Gay Edition: Seuil

Et l’arbre couleur de feuilles de mille couleurs différentes

Parla, et toutes les feuilles voltigèrent en l’air

Et tournoyèrent autour du tronc ; et l’arbre était un

Vieillard à la barbe blanche resplendissante comme

Une cuirasse d’argent, et les feuilles étaient des oiseaux.

« Que dis-tu, bon saint François ?

Petite Sœur la Mort » dit le bon saint François

William Faulkner, Mayday

(Extrait de l’épigraphe du roman)

 

Le titre français, et le titre original (Little Sister Death), sont donc une référence à un texte peu connu de Faulkner.

La Destruction du Parthénon, Christos Chryssopoulos

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 02 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Roman, Babel (Actes Sud)

La Destruction du Parthénon, Christos Chryssopoulos, trad. grec Anne-Laure Brisac (O βομβιστής τον Παρθενώνα, 2010), 96 pages, 5,80 € . Ecrivain(s): Christos Chryssopoulos Edition: Babel (Actes Sud)

 

Difficile d’imaginer une image qui colle plus à Athènes que celle de l’Acropole et du Parthénon. Même mangé par la pollution et l’urbanisme depuis des décennies, le monument reste l’emblème de la Grèce, ignorant du cours de l’histoire, il semble avoir figé une fois pour toutes la Grèce dans son antiquité en dépit des nationalismes, des guerres, de la dictature des colonels, comme des crises socio-économiques endémiques. On peut aisément concevoir qu’un tel monument puisse aussi être une charge et un poids qui pèse de toute son histoire sur les épaules des grecs, alors qu’il ne leur appartient plus vraiment. Rien de vraiment surprenant alors que lors de la période trouble de la deuxième guerre mondiale finissante, alors que vacille la dictature en place et que s’annonce une guerre civile, des voix se fassent entendre appelant à faire table rase du passé, et à commencer par mettre à bas le Parthénon. Cet appel fut lancé en 1944, par un certain Yorgos Makris, alors âgé d’une vingtaine d’années. Un appel entendu quelques décennies plus tard par Ch. K. qui décide de passer à l’acte.