Identification

La Une Livres

Aphélie, suivi de Noctifer, Frédéric Tison (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 24 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Aphélie, suivi de Noctifer, éd. Librairie-Galerie Racine, février 2018, 124 pages, 15 € . Ecrivain(s): Frédéric Tison

 

Deux livres en miroir composent cet opus du poète Frédéric Tison, auteur d’une dizaine de livres de contes et de poésie, qui collabore régulièrement avec des peintres, graveurs et photographes pour des livres d’artiste. Le premier, Aphélie, focalise son regard sur ce lointain que l’on nomme parfois l’Autre (l’autre que soi-même, ou l’autre enfoui en soi parfois posté dessous notre doublure), « celui qui est en chacun denous, à l’ombre du monde que nous hantons ». L’« aphélie » désigne en astronomie le point de l’orbite d’un corps céleste le plus éloigné du Soleil. Du sens astronomique au sens métaphysique et humain le lien est étanche, centré sur la question du regard et de ses points de vue. Le second livre, Noctifer, continue de s’approcher de l’un des versants-mille-feuille insolites de notre présence humaine (à la fois singulière et universelle : partie intégrante d’une humanité), cette fois du côté de celui désigne « l’étoile du soir » (qui a nom aussi Vesper), « le porteur de nuit ». Donnant « la parole à ce lointain qui est en (lui) », le poète « interroge sa nuit », précise-t-il dans ses « notes liminaires » – en pointant l’acmé de nos errances vrillées à la condition humaine : « cette nuit », demande Frédéric Tison, « est-elle notre origine ou notre histoire ? ».

Voyager dans Gary (1) - Les Cerfs-volants, Romain Gary (par Laurent Bonnet)

Ecrit par Laurent LD Bonnet , le Mardi, 23 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard)

Les Cerfs-volants, Folio, 1980, 384 pages, 8,90 € . Ecrivain(s): Romain Gary Edition: Folio (Gallimard)

Mon propos, à travers cette série de trois articles, consiste à interroger le sens de l’œuvre de Romain Gary, essentiellement Gary, à travers trois romans. Un point de vue forcément orienté. Un choix. Pour comprendre qu’un chemin d’auteur se construit au fil des ans. L’appréhender c’est l’illustrer. Voici celui de « mon » Gary.

Les Racines du ciel (Goncourt 1956), fondateur, politique et visionnaire. Les Enchanteurs(1973), l’art l’imaginaire et l’amour salvateurs. Les Cerfs-volants (1980), testamentaire, espérant et humaniste.

 

Laurent LD Bonnet


Les Cerfs-volants, testament de Romain Gary

Que celles et ceux qui n’ont jamais lu Romain Gary (né Roman Kacew) s’emparent sans tarder de ce roman. Découvrir un auteur par sa dernière œuvre peut s’avérer risqué – savoir sortir de scène au sommet de son art n’est pas donné à tout le monde. Dans ce cas on parlera d’une aubaine, un couronnement.

La Jérusalem d’or, Charles Reznikoff (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 22 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Poésie

La Jérusalem d’or, Editions Unes, octobre 2018, trad. anglais (USA) André Markowicz, 48 pages, 15 € . Ecrivain(s): Charles Reznikoff

 

Charles Reznikoff : vers un nouveau « nouveau monde »

Né à Brooklyn de parents russes émigrés aux Etats-Unis (pour fuir les pogroms russes), Charles Reznikoff grandit dans ce qu’il nomma « le ghetto juif de Brownsville ». Il fonde, avec ses amis George Oppen et Louis Zukofsky, le mouvement « objectiviste » soutenu par Ezra Pound et William Carlos Williams.

Ses premières études de juriste sont essentielles pour comprendre les propos de ses travaux poétiques, dont Témoignage Les Etats-Unis 1885-1890 (fondé sur les archives des tribunaux de la fin du XIXe siècle) et Holocauste (instruit sur les compte-rendu des procès de Nuremberg et d’Eichmann et publié aux éditions Unes en 2017). L’auteur y développait une vision factuelle et volontairement « généraliste », dépassionnée le plus possible, des horreurs de l’Histoire, ses cruautés, ses injustices, son arbitraire et l’inhumanité des hommes envers les autres. Mais son livre La Jérusalem d’or est un peu différent. Il s’agit du livre de la réconciliation des identités juives et américaines.

Rêver sous le IIIe Reich, Charlotte Beradt (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 22 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Langue allemande, Payot Rivages

Rêver sous le IIIe Reich, mars 2018, trad. allemand Pierre Saint-Germain, 240 pages, 8,70 € . Ecrivain(s): Charlotte Beradt Edition: Payot Rivages

 

Un des dirigeants nazis les moins connus, Robert Ley (mais qui en avait fait assez pour estimer raisonnable, la guerre perdue, de se pendre avant même de passer en jugement) eut cette phrase : « La seule personne qui soit encore un individu privé en Allemagne c’est celui qui dort. En Allemagne, il n’y a plus d’affaires privées. Si vous dormez c’est votre affaire privée, mais dès le moment où vous vous réveillez et où vous rentrez en contact avec une autre personne vous devez vous rappeler que vous êtes un soldat d’Adolf Hitler » (cité p.30). La formule est glaçante. Peut-être fut-elle en-dessous de la réalité.

Rien ne prédisposait Charlotte Beradt (1907-1986) à devenir célèbre grâce aux rêves des autres. Elle travaillait dans une grande maison d’édition allemande, la Fischer Verlag, où elle rencontrait beaucoup de monde. À partir de 1933, elle entreprit d’interroger ses connaissances, qu’elles appartinssent à des professions libérales ou qu’elles fussent artisans, femmes au foyer, à propos de leurs rêves.

Un hiver en Galilée et Sud, Didier Ben Loulou (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 19 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Arts

. Ecrivain(s): Didier Ben Loulou

 

Un hiver en Galilée, Didier Ben Loulou, Arnaud Bizalion Editeur, juillet 2018, 96 pages, 22,50 €

Sud, Didier Ben Loulou, La Table Ronde, mai 2018, 96 pages, 24 €

 

« Je passe devant une maison de prières où des chants s’élèvent, voix et louanges immuables qui disent ce qui ne peut être oublié. C’est quoi cette vie qui se concentre au cœur d’un paysage, entre les branches d’un amandier qui bientôt se remplira de boutons rose et blanc et cette sorte de curiosité comme le prolongement d’un savoir que je commence à explorer ? ».

Un hiver en Galilée est une promenade photographique, un roman photographié, comme nous dirions un roman dessiné, depuis la Galilée, et l’hiver à Safed. Le photographe met sa vie sur pause, il retarde le déclencheur, le temps de fixer l’objectif, de faire un pas de côté dans sa vie, de romancer cette nature inouïe qu’il découvre, ces traces de vie et de recueillement. Il croise un arbre ou un religieux curieux.