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Correspondance, Marcel Proust, Robert de Montesquiou (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 04 Décembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Correspondance, Rivages poche

Correspondance, Marcel Proust, Robert de Montesquiou, septembre 2018, préface Mathilde Bertrand, 256 pages, 9 € Edition: Rivages poche

 

De 1993 à 1921 (année de la mort de Robert de Montesquiou), les deux écrivains ont entretenu une correspondance féconde. Né en 1855, Robert de Montesquiou joua, au début de la carrière littéraire de Proust (né lui en 1871), un rôle essentiel. Marcel trouvait auprès de ce dandy aristocrate, à l’intelligence et à la culture bien développées, un mentor apte à lui donner moult conseils pour embrasser la littérature. Montesquiou écrivait des poèmes, rédigeait des articles, était bien connu dans le microcosme du Faubourg Saint-Germain, fréquentait les mêmes salons que le futur romancier de La Recherche : Madame Lemaire, les Greffulhe, les Guiche, etc.

Ils s’écrivent sans doute parce qu’ils se ratent souvent, en cause la maladie de Marcel et les tergiversations qu’il peut adopter dans sa vie entre lit et écriture. Ainsi, défilent les adresses du comte, certaines visitées, d’autres que la maladie de Proust laissera inconnues (Vésinet). Ainsi défilent les différents appartements que Proust occupa (Malesherbes, Haussmann, Hamelin).

Conservatisme, Roger Scruton (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 04 Décembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Iles britanniques, Albin Michel

Conservatisme, mai 2018, trad. anglais Astrid von Busekist, 234 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Roger Scruton Edition: Albin Michel

 

« Le conservateur, c’est l’homme qui accueille le donné comme une grâce et non comme un poids, qui a peur pour ce qui existe et qu’émeut toujours la patine du temps sur les êtres, les objets ou les paysages », écrit Alain Finkielkraut (Nous autres, modernes, Ellipses, 2005, p.269-270), qui ajoute un peu plus loin que le conservateur est devenu l’homme à abattre, qu’on le mette en joue depuis la gauche aussi bien que depuis la droite. Vu de la gauche, le conservateur est accusé de vouloir maintenir les privilèges et donc les injustices hérités du passé ; vu de la droite, on lui reproche de défendre les avantages acquis. Le conservateur ne sera, par exemple, pas enclin à considérer le statut des cheminots comme un archaïsme qu’il faut faire disparaître, mais comme un progrès social qu’il conviendrait d’étendre à d’autres catégories professionnelles. Surtout, le conservateur est l’ennemi absolu du bougisme, cette variante dégradée du progressisme identifiée par Pierre-André Taguieff, selon laquelle tout doit tout le temps changer et les êtes humains s’adapter au changement défini comme sa propre fin. Il ne s’agit plus de changer pour améliorer, mais de changer parce qu’il faut « bouger », réformer, être « en marche », ne pas demeurer immobile, crispé, etc. Le capitalisme consumériste y trouve son compte, qui pousse à remplacer des produits fonctionnant très bien par des produits ne présentant qu’un nombre restreint d’authentiques perfectionnements.

Lettres à Philippe Sollers, 1958-1980, Dominique Rolin (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 03 Décembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Gallimard, Correspondance

Lettres à Philippe Sollers, 1958-1980, octobre 2018, 480 pages, 24 € . Ecrivain(s): Dominique Rolin Edition: Gallimard

 

« Je relis votre livre (1) avec le même bonheur : la musique intérieure du récit qui m’avait touchée dès les premières pages recommence à chanter, rire et pleurer à la seconde lecture avec la même élasticité vibrante, si douce et si cruelle que j’en sors étrangement atteinte » (Le 7 novembre 1958).

« Je pensais en riant que lorsque paraîtra ton livre (2), la masse de tes ennemis ne l’emportera pas au paradis, merveilleuse expression qui n’aura jamais eu un sens plus exact. Ceux qui t’aiment au contraire l’emporteront, c’est-à-dire seront emportés par Paradis car ils l’auront mérité » (Mercredi 13 août 1980, 11 heures).

Plus de vingt ans séparent ces deux lettres, les premiers et les derniers mots de cette floraison désormais publiée sous la haute fidélité à l’écrivain, par Jean-Luc Outers, comme l’avait fait l’an passé Frans De Haes pour celles de Philippe Sollers. Des milliers de lettres échangées entre les deux écrivains amoureux, deux amoureux écrivains.

Poèmes des jours terribles et des jours suivants, Eliaz Cohen (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 30 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Israël

Poèmes des jours terribles et des jours suivants, Éditions du Levant, 4è trimestre 2018, trad. hébreu Michel Eckhard Elial, Peintures à l’huile Denis Zimmerman, 62 pages . Ecrivain(s): Eliaz Cohen

 

A la poésie, rien d’impossible, puisqu’aux problèmes insolubles, les poètes offrent des réponses insaisissables. Par exemple, comment survivre à la fin du monde ? Un vertige plus puissant que l’Apocalypse suffit !

 

« Flotter au-dessus du tourbillon

je sais

qu’après l’extinction du soleil

et la dernière étoile

je serai à nouveau emporté vers lui » (p.32)

Trois étages, Eshkol Nevo (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Vendredi, 30 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard, Israël

Trois étages, octobre 2018, trad. hébreu Jean-Luc Allouche, 313 pages, 22 € . Ecrivain(s): Eshkol Nevo Edition: Gallimard

 

Trois étages d’un même immeuble, trois histoires personnelles qui reflètent la vie en condensé, d’un pays qui se cherche. Trois étages, et à chacun d’eux, un manque à vivre, entre ce qui s’est passé – et ce qui est passé –, et ce qui s’est – peut-être – accompli.

Aucun des personnages ne sait exactement où il en est – de son histoire, de sa vie –, ni où il va, ce qu’il cherche ou recherche.

Arnon, en quête d’une hypothétique preuve pour conforter son hypothèse ; Hani, au deuxième étage, la plupart du temps seule avec ses enfants écrit à une amie lointaine et longuement perdue de vue car elle se noie entre le réel et l’imaginé : a-t-elle inventé la visite de son beau-frère et ce qui en a découlé ? Deborah, à l’étage supérieur vit dans le souvenir de sa vie passée avec son mari défunt pour qui elle enregistre sur un répondeur téléphonique ses sentiments et ses errances. Vivant en vase clos, dans le souvenir de la rupture avec leur fils, elle décide soudain de se jeter dehors, à même la rue aux prises à des mouvements de protestation…