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La Une Livres

Kintu, Jennifer Nansubuga Makumbi (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 10 Octobre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Afrique, Roman, Métailié

Kintu, Jennifer Nansubuga Makumbi, août 2019, trad. anglais (Ouganda) Céline Schwaller, 480 pages, 22 € Edition: Métailié

 

Ce roman est une fresque étourdissante d’une densité telle qu’il est impossible de le résumer, et d’ailleurs tel n’est pas le but de cette note, mais il faut tout de même pouvoir donner quelques pistes au lecteur. De quoi s’agit-il ? D’une histoire de famille sur plusieurs générations, trois siècles, en Ouganda, donc bien avant que ce pays ne soit arbitrairement nommé ainsi par le colon britannique, en référence à l’ethnie Ganda, occultant ainsi toutes les autres qui peuplaient cette terre.

Kintu est donc une histoire de famille, mais à vrai dire, c’est avant tout l’histoire d’un geste malheureux et de ses conséquences : la répétition transgénérationnelle d’une malédiction. La gifle d’un père, Kintu, à son fil adoptif, Kalema, lors d’une déjà difficile traversée de désert, ayant entraîné accidentellement la mort de ce dernier, qui de plus fut vite et mal enterré par mégarde à côté d’un arbuste épineux auprès duquel on enterre habituellement les chiens.

Père, François Mary (par André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Mercredi, 09 Octobre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits

Père, François Mary, éditions Plein Chant, 2018, 74 pages, 10 €

 

Raconter la mort du père, la mort de la mère, par les ressources de la littérature, de ce qu’elle procure à la fois comme distance et comme concentration, beaucoup ont tenté de le faire, peu y sont parvenus. François Mary, dans son dernier ouvrage, Père, y réussit parfaitement. Il y a chez lui, à le lire, non seulement un goût profond pour l’écriture mais aussi une extrême attention aux êtres et aux choses qui l’entourent, une vraie sensibilité, une authentique humanité qui le rapproche par exemple d’un Gustave Roud, avec un sens du tragique, de l’irrémédiable, comme dans l’évocation – admirable à tout point de vue – de la mort du jeune chat.

Le livre réunit deux textes de nature différente. Le premier, en italique, a été écrit dans une sorte d’urgence, juste après la mort du père. Le second, intitulé Notations, est plus tardif et regroupe des « souvenirs morcelés » qui n’avaient pas trouvé leur place dans le premier. Ce n’est donc pas une redite mais plutôt un changement de focale, ce second texte s’élargissant aux figures des grands-parents et donnant ainsi aux parents, ainsi qu’au fils, une dimension familiale, une assise dans le temps.

Ainsi parlait, Georges Bernanos (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 08 Octobre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Anthologie, Arfuyen

Ainsi parlait, Georges Bernanos, Dits et maximes de vie choisis et présentés par Gérard Bocholier, août 2019, 152 pages, 14 € Edition: Arfuyen

 

Georges Bernanos (1888-1948) vomit la sagesse, « Il n’est rien de haïssable en l’homme que sa prétendue sagesse, le germe stérile, l’œuf de pierre que les vieillards se passent de génération en génération et qu’ils essaient d’échauffer tour à tour entre leurs cuisses glacées » (n°129), et voilà pourtant – admirablement composé par Gérard Bocholier – un authentique livre de sagesse, car l’effort de sagesse (nous le savons tous par ce qui également nous en sépare !) tient à la puissance de trouver la paix dans la vérité. Car la vérité ne laisse jamais spontanément en paix : elle divise les hommes (puisqu’elle est indifférente aux intérêts subjectifs et à leur conflit) et intimide l’homme (car elle révèle ce qui rend le réel tel, et tranche depuis sa souveraine clarté) ; inversement, la fausseté nous délivre illusoirement de la guerre, car elle distord ou dissimule ce qui pousse invinciblement l’homme à détruire l’homme. Les hommes mentent d’abord par peur du mal qu’ils font ou subissent. « On ne massacre jamais que par peur, la haine n’est qu’un alibi » (n°116).

Touaregs L’exil pour patrie, Intagrist el Ansari (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 08 Octobre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Poésie, Maghreb, Histoire

Touaregs L’exil pour patrie, Editions Alfabarre, 2018, 200 pages, 25 € . Ecrivain(s): Intagrist el Ansari

 

Auteur de l’itinéraire poétique Echo saharien L’inconsolable nostalgie, Intagrist el Ansari est aussi journaliste et historien. C’est à ce titre qu’il a compilé sous le titre Touaregs L’exil pour patrie une sélection d’articles de presse et d’analyses géopolitiques et sociologiques qu’il a publiés dans divers magazines sur la situation de belligérance perpétuelle dans laquelle vivent les diverses populations du Sahel, et particulièrement les Touaregs du nord du Mali, depuis 2012. Cette somme est à la fois un ouvrage pédagogique et l’expression d’une révolte. Ouvrage pédagogique efficace par la redondance et la précision des éléments factuels de texte en texte et par la possibilité offerte au lecteur de suivre quasiment de mois en mois l’évolution des événements contemporains dans cette partie agitée du monde sahélien.

Ouvrage pédagogique nécessaire à qui veut tenter de démêler l’écheveau a priori inextricable des groupes armés et des forces politiques locales et externes impliqués dans l’histoire récente de ce vaste espace quasi-désertique englobant la moitié nord du Mali et les régions périphériques.

Quand les voix dansent les cœurs galopent, Cédric Bonfils (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 07 Octobre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Théâtre, Espaces 34

Quand les voix dansent les cœurs galopent, juin 2019, 81 pages, 15 € . Ecrivain(s): Cédric Bonfils Edition: Espaces 34

 

Le dernier texte de Cédric Bonfils se présente comme un recueil kaléidoscopique de 25 formes qui font entendre les voix, les trajectoires humaines, les passages et les traces de destins d’adolescents ou de jeunes adultes. Des monologues, des dialogues, un quatuor, des répliques identifiées, des versets, des distiques, du récit, une strophe… comme autant de recherches pour approcher le réel transfiguré comme si le multiple seul pouvait donner la parole à ces inconnus en partance, à ces exilés aussi de leur langue. Si l’inscription éditoriale du volume annonce des « poèmes dramatiques », formule habitée par tout un pan de l’histoire du théâtre français, il est sans doute plus juste de parler de Théâtre-Poésie : matière langagière et parole articulée se donnant l’une à l’autre. Le titre, Quand les voix dansent les cœurs galopent, n’est-il pas le signe, le signifiant de la phrase-image, d’un proverbe (quand le chat dort, les souris dansent) réinventé et humanisé, premier moment de l’art poétique de l’auteur. La première citation en épigraphe est empruntée justement à l’art poétique de Guillevic.