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Les Boîtes aux lettres, Gilles Baum (par Ivanne Rialland)

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 11 Janvier 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Gilles Baum, Les Boîtes aux lettres, Amaterra, coll. « Argile+ », décembre 2022, 220 p., 13,90 euros.

 

Gilles Baum, déjà l’auteur de plusieurs albums illustrés, avait publié en 2019 chez l’éditeur lyonnais Amaterra un premier roman, La Nuit des géographes. Trois enfants, passionnés de géographie, y partaient à la découverte d’un pays inconnu : la nuit. Déjà, ce récit bref confrontait ses jeunes héros à la solitude et à l’absence du père qui sont au cœur du nouveau roman poétique et grave de Gilles Baum : Les Boîtes aux lettres.

Le texte, plus long, est plus ambitieux par son sujet comme par le traitement de celui-ci. Alors que l’absence du père du narrateur était effleurée dans La Nuit des géographes, elle est au centre des Boîtes aux lettres. Le héros, Émile, attend des nouvelles de son père qui a quitté la maison à la suite d’une dispute avec sa compagne, dont on comprend peu à peu les causes et le caractère violent. Émile, confiant dans la promesse faite par son père de revenir, pose des boîtes aux lettres dans des endroits incongrus, où il espère que son père pourra lui écrire – puisque sa mère, Maria, a rayé son nom de la boîte aux lettres familiale et ne veut plus entendre parler de lui.

C’est ainsi que cela s’est passé, Natalia Ginzburg (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 10 Janvier 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Denoël, Italie

C’est ainsi que cela s’est passé (È stato cosi, 1945), Natalia Ginzburg, Denoël, 2017, trad. italien, Georges Piroué, 127 pages, 14 € Edition: Denoël

 

 

Qui parle ? Qui est la narratrice de ce roman ? Par profession, il semble que ce soit une femme cultivée et intelligente. Elle est professeur et étudie avec ses élèves les classiques de l’Antiquité, Ovide, Sophocle, Sénèque par exemple. Et pourtant, à suivre son flux de conscience sur ces quelque cent pages, dans la traversée de son histoire dramatique d’amour, on a clairement affaire à une femme simple – entendre simplette. Sa réflexion sur elle-même et les sentiments qui l’animent, sa vision du monde qui l’entoure, la misère morale qui sourd de son propos, tout indique un esprit faible, naïf, soumis, déficient. Le ton même de sa narration, le style du roman, empruntent un vocabulaire élémentaire dans une organisation syntaxique élémentaire. Parfois – rarement – un éclair semble rappeler que nous n’avons pas là une idiote. Et pourtant.

Le Livre de Hirsh. Roman israélien, Tzvi Fishman (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 10 Janvier 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Roman

Tzvi Fishman, Le Livre de Hirsh. Roman israélien, traduit de l’américain par Ghislain Chaufour Saint-Victor-de-Morestel, Les Provinciales, 2022, 282 pages, 24 €.

 

Steven Hirsh est un personnage représentatif, pour le meilleur comme pour le pire, d’un certain judaïsme américain. Avocat new-yorkais spécialisé dans la défense des célébrités, entre autres lors de leurs coûteuses procédures de divorce ou quand elles commettent des infractions variées, il se considère comme raisonnablement juif, mais prend de très nombreuses libertés avec les 613 mitsvot (commandements) de sa foi ancestrale. À vrai dire, il n’en respecte à peu près aucun et vient de divorcer de sa troisième épouse. Précisément, au moment où commence le roman, l’ex-troisième Madame Hirsh, ancienne championne de tennis, vient de trépasser de singulière façon : elle jouait au golf lorsqu’un éclair a frappé les clubs métalliques qu’elle portrait à l’épaule, lui offrant l’occasion de vérifier très brièvement la validité des observations de Benjamin Franklin. Un esprit même médiocrement religieux aurait été interloqué par cette façon de mourir. Pas Hirsh qui, en homme pratique, s’occupa des formalités diverses, parmi lesquelles répondre aux questions des journalistes.

Dans l’ombre de sa sœur. Le dernier secret de Colette. Françoise Cloarec (par Marie-Hélène Prouteau)

Ecrit par Marie-Hélène Prouteau , le Lundi, 09 Janvier 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Phébus

Dans l’ombre de sa sœur. Le dernier secret de Colette. Françoise Cloarec, éditions Phébus, 2022. Edition: Phébus

Ce récit de la vie de Juliette, demi-sœur de Colette, s’inscrit dans la veine des ouvrages précédents de Françoise Cloarec, Séraphine, la vie rêvée de Séraphine de Senlis, L’indolente, le mystère Marthe Bonnard. L’autrice aime s’attacher à la part d’ombre et de mystère de certaines vies, sacrifiées ou tombées dans l’oubli de l’histoire.

Le livre s’ouvre sur le mariage en 1884 de Juliette, fille de Jules Robineau-Duclos. Toute la famille est là, Sidonie Landoy, dite Sido, sa mère, le « Capitaine », son beau-père, ses demi-frères Achille et Léo et la jeune Gabrielle, la petite dernière bien-aimée, la future grande écrivaine Colette. Avec pour décor la maison de Saint-Sauveur-en-Puisaye, village de Bourgogne. Par-delà cet épisode, c’est toute une saga sur trois générations qui prend vie dans ce livre. Elle campe un univers provincial fin de siècle et ancre cette biographie dans une époque, une terre et une maison de vieilles pierres. L’actuelle Maison de Colette, rue de l’Hospice, avec son jardin, ses murs, son intérieur, pôle attractif dans le livre -Françoise Cloarec s’est rendue sur les lieux pour être au plus près du réel. Ses visites ponctuent avec bonheur le fil du récit en un télescopage original entre hier et aujourd’hui.

Stéphane Spach Photographe (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 09 Janvier 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Arts, L'Atelier Contemporain, Albums

Stéphane Spach Photographe / Editions l’Atelier Contemporain / Novembre 2022 / 334 pages / 35 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Fixer des vertiges

 

Parcourir les photographies de Stéphane Spach, c'est découvrir un monde fait d'étrangetés, de surprises et d'éblouissements. Notre curiosité se voit piquée en allant d’une photographie à l’autre comme autant de révélations ou d’interrogations. Tout d'abord, il y a ce que nous ne voyons pas. Aucune représentation humaine, pas de portraits ni de scènes où l'être humain serait central. En revanche, les sujets saisis par le photographe sont des plus divers. Il y est question de scènes forestières (souvent hivernales), de clichés de plantes isolées, de cadavres d'oiseaux ou bien des intérieurs abandonnés, ou encore des objets usagés sous forme de séries (vieilles lampes-torches, couteaux rouillés…). Ces choses sont représentées comme autant de natures mortes ou de vanités dans la grande tradition picturale.