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La Une Livres

Désolations, David Vann

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 31 Août 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Gallmeister, La rentrée littéraire

Désolations, 300 pages, 23 € . Ecrivain(s): David Vann Edition: Gallmeister

Le premier roman de David Vann, Sukwann Island, avait été un choc. Un véritable coup de poing littéraire, aussi âpre et lyrique, qui entraînait très loin dans les noirceurs de l’âme humaine et laissait pantois. Le deuxième roman de l’auteur était fortement attendu. Peut-être trop. Ce qui fait que, malgré d’indéniables qualités, Désolations ne convainc pas entièrement. Sans doute est-ce aussi dû au fait que David Vann reprend les mêmes ingrédients, la même recette, comme si, d’une certaine manière, il n’avait pas su se renouveler. La trop grande similitude entre les deux livres pousse à la comparaison et elle n’est malheureusement pas en faveur de Désolations. On a ainsi parfois l’impression de lire une version longue, et quelque peu diluée, du premier ouvrage.

Alors que Sukwann Island se concentrait sur la confrontation entre un père et son fils, Désolations voit plus large et convoque toute une famille.

La retraite arrivant, Gary et Irene ont décidé d’aller vivre sur l’île de Caribou Island (le titre original du livre), en Alaska. Pour Gary, s’installer au milieu de la nature est le rêve de toute une vie. Sa femme, elle, est beaucoup plus sceptique.

« Si vous vouliez jouer les idiots et tester vos limites, voir jusqu’où les choses pouvaient mal tourner, c’était l’endroit idéal ».

Maître des Brumes, Tomi Ungerer (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Mercredi, 31 Août 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Jeunesse, L'école des loisirs

Maître des Brumes, Tomi Ungerer, Éditions L’école des loisirs, Littérature jeunesse, 2013, trad. anglais, Florence Seyvos, 48 pages, 13,70 € Edition: L'école des loisirs

 

À plus de quatre-vingt-un ans, Tomi Ungerer, dont le talent protéiforme n’a pas pris une ride, signe, avec Maître des brumes, son dernier album, traduit de l’anglais par Florence Seyvos et publié par L’école des loisirs.

La dédicace nous indique que ce conte est d’abord un hommage à l’Irlande, le pays de sa femme, où l’auteur vit depuis quelques années et dont l’âpre beauté, faite de grisaille, de confins écorchés, est parfaitement rendue par son inimitable coup de crayon : « Ce livre est dédié à l’Irlande et à tous les gens qui nous ont accueillis à cœur ouvert ». – Un pays où la tourbe fait les meilleurs whiskeys, où la Guinness coule à flot, où la musique et la bonne humeur vont bon train, si l’on en juge à l’avant-dernière page qui croque sur le vif une scène habituelle de pub de village. Le dessinateur s’est plu, en effet, à multiplier les scènes de genre en restant au plus près de ce qui constitue les travaux et les jours des gens de peu : récolte de la tourbe que l’on débite en briquettes pour le feu, gardiennage des moutons sous l’œil bienveillant d’un dolmen, filage et ravaudage des filets dans l’humble chaumière familiale…

Dire son nom, Francisco Goldman

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 29 Août 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Roman, Christian Bourgois, La rentrée littéraire

Dire son nom, Trad. Anglais (USA) Guillemette de Saint Aubin. 440 p. 19€ . Ecrivain(s): Francisco Goldman Edition: Christian Bourgois


Ce livre peut être ludique et léger, ou impudique et pesant comme la mort, pas plus que la mort. C’est, comme tous les récits autour de la perte, une question résurgente : pourquoi ?

La femme du narrateur, Aura, apparaît, la plupart du temps, comme une créature éthérée : c’est un lutin, un elfe, une fée, un petit personnage déroutant, fantasque, doutant, insaisissable. Femme-enfant à la fois spontanée et réfléchie. Le narrateur, le mari, la voit ainsi dans un arbre après sa mort, où son sourire seul lui apparaît, si effrayé à l’idée qu’il puisse la manquer, l’oublier.

La vie d’avant Aura se fait irréelle, imprécise, improbable : a-t-il vraiment vécu avant ? Perpétuellement interrogés, remués, sont le destin, la chance, la mort et la vie et son jeu de roulette : une chance sur (?) qu’ils se rencontrent, une chance sur (?) qu’ils s’aiment… une chance sur (?) que la vague sur cette plage-là soit scélérate, la mauvaise… « Esta es mia » dira Aura, avant de la suivre.

Le nain géant, Marc Petit

Ecrit par Guy Donikian , le Samedi, 30 Juillet 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Le nain géant, l’arbre vengeur, mai 2011, 408 pages 21 euros. . Ecrivain(s): Marc Petit

 

Il faut remercier les éditions de L'arbre vengeur pour la réédition du Nain Géant de Marc Petit.

Voilà bien un bon livre, un qui nous rassure et qui donne envie d’aller plus loin encore. Un roman populaire, pour sûr, mais un roman bien écrit, avec une érudition à peine voilée, présente donc, mais jamais ennuyeuse.

L’histoire, tout d’abord, parce qu’il y a une histoire. Nous sommes dans la seconde moitié du 19 ième siècle, à Paris, Albéric Lenoir a une petite fabrique de jouets mécaniques et il nomme sa boutique «  Au Nain Géant », oxymore qui interroge. Mais l’inventeur du «  Nain Géant » décède et ne lègue à l’un de ses deux fils, Benjamin, que ce fameux objet. Et c’est la recherche de cet objet qui nous conduit du fantastique au merveilleux, tout en ne se défaisant pas de l’humour.

La quête du Nain Géant peut d’abord se lire comme un roman, la trame ne laissant jamais le lecteur en panne d’émotions et de questions, et la question centrale posée au lecteur est l’existence même du Nain Géant.

Vers le silence, Max Pons

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 27 Juillet 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Vers le silence, Editions de la Barbacane, 2011, 88 pages, 15 € . Ecrivain(s): Max Pons


Max Pons est un amoureux, un grand amoureux de l’humain et des pierres, amoureux au sens le plus courtois du terme, comme les troubadours de langue d’Oc. Dans ce recueil, admirablement préfacé par Michel Host, il nous offre un cheminement de haut vol poétique  « Vers le silence ».

Fidèle à sa passion minérale, le recueil s’ouvre sur la pierre, mais une « Pierre de caresse/ Pierre maternelle ». Max Pons, qui fut pendant si longtemps gardien et guide du Château de Bonaguil, un château-fort, allégorie de la forteresse quasi imprenable du féminin, connaît mieux que personne les liens secrets qui se tissent entre la pierre et les forces de la nature et ce que je retiens de l’ensemble de ce nouveau recueil, ce rassemblement de fragments, de morceaux de ce territoire qui est le sien, c’est que tout, de la pierre à la chair, de la terre au ciel, transpire et conspire un puissant chant d’amour.