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Sunset Park, Paul Auster

Ecrit par Yann Suty , le Dimanche, 25 Septembre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Roman, Actes Sud, La rentrée littéraire

Sunset Park, septembre 2011, 320 pages, 22,80 € . Ecrivain(s): Paul Auster Edition: Actes Sud

Il paraît bien loin le temps des livres majeurs. De ces œuvres qui marquent durablement, comme Paul Auster en a publié entre la fin des années 80 et le début des années 90. Un âge d’or, une période de grâce, avec des livres comme Cité de verre, La Chambre dérobée, Leviathan ou La Musique du hasard. Et puis, il y a ensuite comme une cassure, qu’on pourrait dater de l’époque de Smoke, le film (d’ailleurs fort charmant et habile) dont Paul Auster signa le scénario pour Wayne Wang. Est-ce que le cinéma a dynamité la verve créatrice de l’écrivain new-yorkais ? Car après cette première incursion avec lendemain, Paul Auster ne nous livra plus d’œuvres aussi mémorables. Il baissa d’un cran. Il alterna les ouvrages de bonne facture, mais qui n’atteignirent pas des sommets (La Nuit de l’oracle, Le livre des illusions), avec d’autres moyens, voire franchement médiocres (Tombouctou, Seul dans le noir).

Et Sunset Park, dans quelle catégorie est-il à ranger ?

Ça commence bien, même très bien, comme du bon Paul Auster. Le livre raconte l’histoire d’un homme, Miles Heller qui, rongé par la culpabilité après avoir provoqué la mort de son demi-frère, Bobby, a tout claqué. Il a abandonné ses études, quitté le domicile new-yorkais parental pour errer de petits boulots en petits boulots. Sept ans plus tard, il se retrouve à Miami, en Floride, à vider les maisons  abandonnées en hâte par leurs habitants victimes de la crise des subprimes.

Tom Waits, une biographie, Barney Hoskyns (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 25 Septembre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Biographie, La rentrée littéraire, Payot Rivages

Tom Waits, une biographie. Traduit de l'anglais (USA) par Corinne Julve.Septembre 2011. 450p. 23€ . Ecrivain(s): Barney Hoskyns Edition: Payot Rivages


Small Change got rained on with his own thirty-eight,

And nobody flinched down by the arcade

And the marquees weren't weeping, they went stark-raving mad,

And the cabbies were the only ones that really had it made

And his cold trousers were twisted,

And the sirens high and shrill,

And crumpled in his fist was a five-dollar bill


(…)


Au pays des mensonges, Etgar Keret

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 20 Septembre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Actes Sud, La rentrée littéraire, Contes, Israël

Au pays des mensonges, traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, septembre 2011, 205 pages, 20 € . Ecrivain(s): Etgar Keret Edition: Actes Sud

 

Ecrit au scalpel – pas pour tuer, pour mettre à nu – ou à l’acide – pas pour blesser, pour révéler, avec une vraie force de réflexion : cela oblige à faire retour sur soi-même. De petits contes, quelque chose dit en passant mais qui accroche, qui fouille sans délimiter, un petit trou creusé qui agace, dans lequel Etgar Keret jette innocemment un mot, comme un germe « Le silence me met mal à l’aise. Si nous étions plus proches, je pourrais peut-être me taire avec lui » (p.162). On en fera ce qu’on voudra, on y trouvera ce qu’on voudra ou pourra y trouver, mais cela ne laisse pas tranquille, E. Keret y veille, regardant par-dessus l’épaule après s’être détourné de chaque nouvelle.

Des personnages qui au sens propre « se fendent » d’une histoire, d’autres empilés comme des poupées russes, des personnages aussi transformistes, malléables, profondément réceptifs à l’immédiateté et à l’absurde de la situation, des personnages qui en fait ne savent rien de la vie qu’ils vivent. A tout moment, tout peut arriver, la vie est un état d’urgence où tout peut interférer, côtoiement d’états compressés, cryptés puis/ou mis à plat. Comme ce personnage dont les poches sont pleines d’objets réunis « par réflexion et préméditation » (p.101) pour parer à toute éventualité, ne pas se laisser prendre au dépourvu par la vie, la mort, le destin.

Les vaches de Staline, Sofi Oksanen

Ecrit par Paul Martell , le Jeudi, 15 Septembre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Pays nordiques, Roman, Stock, La rentrée littéraire

Les Vaches de Staline, Stock La Cosmopolite, 524 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Sofi Oksanen Edition: Stock

Après l’énorme succès obtenu par Purge l’an dernier, les éditions Stock publient l’un des précédents livres de Sofi Oksanen, paru initialement en 2003, Les Vaches de Staline.

Les vaches de Staline, c’est ainsi que les Estoniens déportés en Sibérie désignèrent les maigres chèvres qu’ils trouvèrent là-bas pour se moquer de la propagande soviétique qui assurait que le régime produisait des vaches exceptionnelles.

« La vache de Staline, c’est une chèvre ». Une chèvre toute maigre, comme Anna, une brindille de quarante kilos qui souffre de troubles alimentaires. Anna ne sait pas manger. Elle est boulimarexique, c’est-à-dire qu’elle est à la fois boulimique et anorexique.

Pour soulager son ventre « interminablement avide de sucreries », elle ingurgite des quantités astronomiques de nourriture, de quoi nourrir un régiment pendant plusieurs jours.


« Je me suis mise à mesurer le temps en kilocalories », dit-elle.


Du temps qu'on existait, Marien Defalvard

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 13 Septembre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Grasset, La rentrée littéraire

Du temps qu’on existait, septembre 2011, 371 pages . Ecrivain(s): Marien Defalvard Edition: Grasset

Un premier roman déroutant, dans tous les sens du terme. La route est, en effet, omniprésente, comme métaphore, chemin de vie, imaginaire, mais aussi bien réelle, impasse, route parcourue en zigzags, sillons de la vie. Carambolage du temps : Les Normes sont malmenées.

On y trouve de tout : des superpositions, des réminiscences, de l’impromptu, un peu de Huysmans, un peu de Lewis Carroll, un peu de Proust, un peu d’Alain Fournier, de l’art abstrait et de la bande dessinée et le langage correspondant.

Ce n’est pas un roman, c’est un fil conducteur qui s’emmêle dans les dates, de la mort à la mort, la vie qui s’écoule et qu’il faut bien mener. Les pistes, jamais brouillées, la balle des centaines de fois lancée non pour rebondir mais, comme dans les contes russes atteindre l’endroit où l’usure mènera.

Cette histoire d’une vie qui coule, sans préméditation, sans rien faire, cette vie d’homme qui suit son cours, comme on le dit d’une maladie, sans jamais prendre parti, sans s’encombrer. On suit toute cette vie qui n’est rien, pas une somme mais bien plutôt des retraits, des soustractions, des restrictions. On est surpris, irrité parfois, plus souvent qu’à son tour par certains mots maniérés plombant parfois de très belles phrases qui tombent alors à plat, affadies.