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La vie sexuelle des super héros, Marco Mancassola

Ecrit par Yann Suty , le Dimanche, 29 Mai 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Roman, Gallimard

La vie sexuelle des super héros – Traduit de l’italien par Vincent Raynaud. 546 pages, 24,90 € . Ecrivain(s): Marco Mancassola Edition: Gallimard


Réveillez le geek qui sommeille en vous. Vous aussi vous avez été élevé au Strange ? Vos héros d’enfance s’appelaient Spiderman ou Batman, Spiderman ou Wolverine, Daredevil ou Le Punisher ? Vous prenez encore un plaisir non coupable à vous plonger dans des comics ? Vous ne manquez pas un seul des films de super-héros qui fleurissent au cinéma ?

Alors, le dernier livre de Marco Mancassola, La vie sexuelle des super héros, est assurément fait pour vous.

Comme l’annonce son titre, ce livre est d’abord un programme de choc. Où l’on va connaître les super-héros sous un jour un peu plus intime. Car s’il existe une certaine constante dans les comics, c’est bien souvent l’absence de sexualité des super-héros. Pas de repos du guerrier pour les braves. Défendre la veuve et l’orphelin, sauver le monde contre des hordes de super-méchants vide-t-il de toutes ses forces ? Mais peut-être aussi parce que le public auquel s’adressent les comics est plutôt jeune…

Un voyage humain, Marc Pautrel

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Dimanche, 29 Mai 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Gallimard

Un voyage humain, 2011. 75 p. 11 € . Ecrivain(s): Marc Pautrel Edition: Gallimard


« Il fait très froid mais le ciel est magnifique, bleu acier avec un soleil éblouissant et venté, un grand souffle lumineux qui balaie les hauteurs de la ville. Il ne lui reste plus qu'à attendre deux jours, que je reçoive la carte, que je l'appelle, que je réponde, oui ou non, elle pense que oui, elle n'est pas sûre. »

Ce sera oui, oui exprimé avec force. Oui face à quoi ? Face au désir d’enfant. Un oui ébloui. Par ce oui commun à ce couple est exprimé le désir conjoint d’avoir un enfant, désir d’un voyage à deux vers la paternité et la maternité, voyage qui ne sera pas exempt d’embuches, bien au contraire, voyage qui est bien, par excellence, le « voyage humain », que Marc Pautrel nous dépeint avec des phrases qui ont toujours une façon de nous surprendre, l’auteur s’attachant à faire en sorte que soit toujours rompu l’équilibre rythmique, afin que se crée, à la lecture, une petite musique qui soit à même de nous dire quelque chose des désirs, des angoisses, des attentes du narrateur, bien davantage encore que ne le font les évocations psychologiques que nous donne l’auteur.

Ce monde cruel, Richard Lange (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Dimanche, 22 Mai 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Roman, Albin Michel

Ce monde cruel, 352 pages, 23 € . Ecrivain(s): Richard Lange Edition: Albin Michel

Ce monde cruel. Le titre est un peu bateau, rappelle bien d’autres livres, films ou téléfilms. Ça promet le roman à thèse, forcément, où l’on apprendra au final pourquoi le monde est cruel. Mais nous ne le savions pas déjà un peu, non ?

Jimmy Boone est un ex-détenu en liberté conditionnelle. Ancien marine et garde du corps, il a passé près de cinq ans à prison. Devenu barman au Tick Tock, il doit se tenir à carreaux, éviter les ennuis, sinon c’est retour à la case prison.

Un jour, il accompagne Robo, l’homme de la sécurité du Tick Tock, à un rendez-vous. Il doit faire semblant d’être policier. Et Jimmy qui s’était promis de rester sage sait qu’il a déjà mis les pieds dans un engrenage fatal, forcément fatal.

Ils rendent visite au grand-père d’un sans-papier guatémaltèque retrouvé mort dans un bus, le corps criblé de morsures de chiens infectées. Le grand-père veut juste savoir comment est mort son petit-fils. Juste connaître les circonstances du drame. Il ne s’agit même pas de retrouver un ou des coupables.

Et Boone se retrouve propulsé dans une enquête où il croisera des dealers peu habiles, des organisateurs de combats de chiens, une strip-teaseuses vengeresse ou une ex-policière à la beauté troublante.

La théorie de la lumière et de la matière (The Theory of Light and Matter), Andrew Porter (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 22 Mai 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Nouvelles, L'Olivier (Seuil)

La théorie de la lumière et de la matière, traduit de l'anglais (USA) par France Camus-Pichon. Mai 2011. 208 p. 20 € . Ecrivain(s): Andrew Porter Edition: L'Olivier (Seuil)

Attention, joyau. Ne vous laissez pas piéger par ce titre à terrifier tout esprit non scientifique. Ce livre ne traite pas de physique. Encore un miracle que les Américains cachaient dans leur vivier de nouvellistes étincelants. Andrew Porter nous fait faire une sorte de road reader à travers les USA. Un collier de dix nouvelles inoubliables, scènes à la fois banales et effarantes de la vie quotidienne. C’est là le secret de Porter : il a trouvé la clé du mystère qui lie étroitement le banal et l’effarant. Chaque histoire est un morceau, quelques heures ou un moment unique, de la vie de quelques personnages. Rien d’exceptionnel dans les situations : deux amants nus sur le sol de leur salle de séjour, un fils et ses parents qui ne s’entendent pas, deux enfants qui jouent dans un jardin, un couple qui a adopté un jeune garçon … et doucement, sans en avoir l’air, la dissonance arrive dans l’harmonie apparente, mettant à nu, impitoyable, le réel niché derrière les illusions d’une vie.

« C’est la seule fois de ma vie où j’ai vu mon père en costume avec ma mère en robe du soir. Ils se tiennent par le bras, souriants, serrés l’un contre l’autre, légèrement courbés pour lutter contre le vent, se protégeant de quelque chose qu’ils ne voient pas encore. »

La grande maison (Great House), Nicole Krauss (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 22 Mai 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Roman, L'Olivier (Seuil)

La grande maison. Traduit de l'anglais (USA) par Paule Guivarch. 334 p 22 € . Ecrivain(s): Nicole Krauss Edition: L'Olivier (Seuil)


« La Grande Maison », on ne l’apprend qu’au dernier chapitre, c’est le grand Temple disparu de Jerusalem. C’est la « maison » purement immatérielle que fabriquent les bribes de mémoire millénaire des juifs du monde.

Titre énigmatique pour un livre qui l’est de bout en bout. Au rugby, on dirait qu’il alterne les temps forts et les temps faibles. Nicole Krauss a fait le choix de bâtir son roman dans une architecture complexe et très apparente : la première partie, il y en a huit, s’intitule « L’audience est ouverte », la cinquième aussi. Le titre de la  deuxième partie « Trous de nage » se retrouve à la septième. Et ainsi de suite. Seules la partie centrale, la plus longue « Mensonges d’enfants » et la dernière, la plus courte, « Weisz » sont uniques dans leur intitulé. On voit le projet : construire une trame délocalisée (New-York, Londres, Jerusalem …), des héros multiples et peu à peu mener aux liens qui font sens d’ensemble. On pense irrésistiblement aux films d’Iñarritu, « Amours chiennes », « 21 grammes » et « Babel », construits sur le même schéma.