Après une très longue absence, l’héroïne du dernier roman de Carole Zalberg, Où vivre, embarque à Paris pour une visite à la branche de sa famille installée en Israël. C’est à son retour que le besoin irrépressible de garder trace monte en elle. Elle nous informe : « Pour discerner la vérité fragile et complexe de ces vies, il fallait éviter le fracas du réel et de son actualité constamment tourmentée. Il fallait écouter leurs voix à tous. Tantôt lointaines, fantomatiques, tantôt vives et exigeantes, elles ne m’ont plus quittée ».
L’héroïne ouvre le bal puis délègue successivement la parole à chacun des personnages importants de cette famille pour mieux s’en emparer et nouer le tout dans un bouquet final digne de celui d’un feu d’artifice. La réussite est incontestable. Nous suivons cette chronique sans pouvoir nous en abstraire un instant. Pourtant, pas de péripéties surprenantes, pas de rebondissements imprévus. Non, dans ce roman choral, ce qui est impressionnant, c’est le trajet intérieur d’un groupe de personnages de papier qui sont tous en lien étroit avec l’héroïne et avec Israël, ce pays chéri et désavoué. Elle, qui vit en France, qui n’est là qu’en visite, surplombe tous les récits et réussit à tisser une toile et à donner une cohérence implacable à l’ensemble de ces méditations.