Parler d’amour n’est pas une sinécure. Ecrire l’amour c’est pire encore. Quant à écrire l’amour conjugal c’est carrément de l’inconscience. Comment ne pas sombrer très vite dans le sentimentalisme, la psychologie à deux sous, le gémissement, l’érotisme du dimanche, le moralisme, les états d’âme ? Sans se poser la question, Nane Beauregard le fait et évite tous les écueils susdits. Avec légèreté, vivacité, intelligence et un humour de chaque instant, la narratrice de ce livre (l’auteure ?) évoque son mari, sa vie conjugale, les choses de la vie.
Aucun état d’âme. Juste des instantanés, des toutes petites tranches de vie, dans lesquelles elle observe son compagnon et, à travers lui, elle s’observe et s’étonne elle-même. L’étonnement est d’ailleurs le maître mot de ce petit (quoi ? Roman ? Nouvelle ?) recueil, sorte de dictionnaire de la vie conjugale. Il faut dire que le mari de la narratrice est étonnant, et qu’ainsi il lui facilite grandement la tâche. Il est drôle, inattendu, philosophe, décalé, attachant. En un mot, séduisant. Evidemment, ce qui nous retient en lui est exactement se dont se nourrit l’amour de « Nane » pour lui. Il est séduisant dans ses bons moments (nombreux) aussi bien que dans ses mauvais (occasionnels). Même ses défauts contribuent à tisser le lien profond du couple. Elle est agacée, parfois furieuse, mais toujours séduite. Qu’on en juge (il est difficile de résister à l’envie de partager un petit bout de ce plaisir) :