Kate, la meurtrie, est le seul personnage qui, d’un bout à l’autre du roman, n’apparaît pas. Ne se laisse pas approcher. Elle reste, sidérée, dans la cuisine jaune où sa mère lui apprend la nouvelle : la mort du garçon qu’elle aime, dans un attentat en Israël.
Sa mère, son beau-père, son père, sa sœur, les parents du garçon la traversent, passent en elle, à travers ce papier buvard qu’elle est devenue, comme une frise de petits personnages tous semblables qui, une fois dépliée, forme une guirlande, un découpage pour jeux d’enfants, suivant les pointillés.
Il est révélateur que Kate n’ait voix au chapitre qu’à la toute fin du roman. Un an passe, puis deux sans que quelque chose en elle ne se manifeste, elle vit en parallèle, la nouvelle l’a figée. Elle sait qu’elle attend pour rien, pas encore qu’elle n’attend rien.