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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


Profession du père, Sorj Chalandon

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 13 Octobre 2015. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Profession du père, août 2015, 320 pages, 19 € . Ecrivain(s): Sorj Chalandon Edition: Grasset

Lors d’une soirée de présentation de son dernier roman, Profession du père, Sorj Chalandon souligne que dans chacun de ses romans, la figure du père, qu’il soit réel ou rêvé, occupe une dimension très forte. Dans celui-ci le père tient le rôle principal dans un huis clos familial intense. Face à lui, gravitent le fils aîné qui tient la place du narrateur, le cadet qui sert de contrepoint, la mère et des silhouettes extérieures au clan qui à leur tour interviennent dans le cours du récit, un ami d’école du fils, un américain énigmatique. Dans ce scénario improbable, l’intrigue va se dérouler avec un crescendo inexorable, depuis l’enfance du fils aîné jusqu’à sa maturité.

Le roman Profession du père de Sorj Chalandon débute le jour de la crémation du père André Choulans, un nom banal, une crémation qui fera disparaître toute trace de cet homme à jamais. La scène est cruelle puisque le fils aîné, Émile, est seul avec sa mère pour assister à la cérémonie. Peu à peu, il va remonter à rebours les étapes de sa vie familiale en essayant d’en décrypter les ressorts. On le suit pas à pas dans sa quête. Tout commence à la fin de la guerre d’Algérie en 1961 et se boucle en 2010, au moment où le fils devenu « restaurateur de tableaux » et père à son tour, écoute une bande enregistrée à son adresse par le père où celui-ci va dévoiler « sa vérité », « des révélations sur moi, sur ta mère, sur toi. Je veux juste que tu saches qui je suis vraiment ».

La Fleur du Capital, Jean-Noël Orengo

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 11 Juillet 2015. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La Fleur du Capital, janvier 2015, 764 pages, 24 € . Ecrivain(s): Jean-Noël Orengo Edition: Grasset

Voilà un livre « hénaurme » !

Un ouvrage autant colossal que l’est son objet : la gigantesque foire au commerce sexuel qu’est Pattaya. La démesure du volume (le livre, qui fait 764 pages, est de la taille d’un dictionnaire) est déjà en soi, avant même qu’on l’ouvre, par le poids qu’il pèse dans les mains du lecteur, significative du projet de l’auteur, qui est d’impressionner.

Il y réussit incontestablement, en ayant recours à toutes les stratégies linguistiques et stylistiques qui forcent la fonction impressive du langage, et en alternant fort théâtralement ce qu’il titre et sous-titre, en les numérotant, Actes, Scènes, Intermèdes, Répétitions (au sens scénique), Coulisses, Rideaux (dont le texte est ponctué curieusement de l’anaphore insistante « Même si »), chapitres narratifs à la première personne (dans lesquels, ici c’est un des personnages qui prend la parole, qui se raconte et qui décrit, là c’est l’auteur en personne qui analyse son écriture en train de se faire) qui s’intercalent eux-mêmes entre d’autres parties textuelles dans lesquelles domine la voix d’un narrateur omniscient, et, par-ci par-là, extraits fragmentés, présentés comme étant du copié-collé, de forums de sites de rencontres en ligne où s’interpellent, s’interrogent, s’invectivent, exposent leurs fantasmes, se traitent de menteurs des connaisseurs, vrais ou imaginaires, sur ce qui se passe, sur ce qu’ils ont vécu, et sur ce qu’ils prétendent qu’on pourrait vivre à Pattaya…

Une idée de l’enfer, Philippe Vilain

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 01 Juillet 2015. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Une idée de l’enfer, avril 2015, 162 pages, 16 € . Ecrivain(s): Philippe Vilain Edition: Grasset

 

Une enquête de 2013 de l’Autorité de régulation des jeux en ligne définit le joueur type comme un homme de 36 ans en moyenne, niveau Bac+2, vivant en concubinage, n’ayant pas d’enfant et étant locataire de son logement. Par ailleurs, il dispose, dans 64% des cas, d’un niveau de revenu net mensuel supérieur à 1500 euros et compris entre 1500 euros et 2000 euros dans 22% des cas. Etude à laquelle se réfère Philippe Vilain dans son dernier roman, Une idée de l’enfer, pour camper son héros, Paul Ferrand.

Un homme dévoré par la passion du jeu ou plutôt, pour être plus précis, du pari en ligne sur des événements sportifs. Une véritable addiction qui le conduit à mettre sa vie de couple en péril. Paul Ferrand a un bon job d’informaticien, une compagne amoureuse et pleine de qualités, mais il s’ennuie. La réalité de sa vie petite bourgeoise, le confort sentimental que Sara lui procure ne lui apportent pas la dose d’adrénaline, l’excitation des sens, le besoin viscéral d’incertitude ou a contrario d’omnipotence, que sa nature réclame pour se sentir « exister ».

De la légèreté, Gilles Lipovetsky

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 20 Avril 2015. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

De la légèreté, janvier 2015, 364 pages, 19 € . Ecrivain(s): Gilles Lipovetsky Edition: Grasset

 

Gilles Lipovetsky nous a habitués, depuis L’Ère du vide en 1983, à des analyses plutôt séduisantes à différents titres, analyses pour lesquelles il porte la double casquette de philosophe et de sociologue. Lire Lipovetsky, c’est d’abord faire l’expérience d’une lecture singulière, qui peut offrir de l’emphase servie par une rhétorique tout aussi importante que l’argument. Le plaisir de la lecture est donc tout aussi présent que la précision de l’argument, et quand le tout se met au service d’études des différents aspects du quotidien, on ne peut que saluer la démonstration.

De la légèreté propose une immersion dans un monde animé, selon le philosophe, par une frénésie de vivre tous les aspects de notre quotidien sur le mode de la légèreté. Après L’Ère du vide, L’empire de l’éphémère ou plus récemment L’Occident mondialisé, ce sont des comportements que le « léger, le fluide et le mobile » caractérisent dorénavant que l’auteur analyse. Et le premier paradoxe soulevé est bien le monde matériel dans lequel nous vivons, qui en raison d’une omniprésence matérielle pouvait laisser supposer une imposante lourdeur.

Et tu n’es pas revenu, Marceline Loridan-Ivens

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 24 Mars 2015. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Histoire

Et tu n’es pas revenu, février 2015, co-écrit avec Judith Perrignon, 112 p. 12,90 € . Ecrivain(s): Marceline Loridan-Ivens Edition: Grasset

 

Alors à Drancy, tu savais bien, que rien ne m’échappait de vos airs graves à vous les hommes, rassemblés dans la cour, unis par un murmure, un même pressentiment que les trains s’en allaient vers le grand Est et ces contrées que vous aviez fuies. Je te disais, « Nous travaillerons là-bas, et nous nous retrouverons le dimanche ». Tu m’avais répondu : « Toi tu reviendras peut-être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrai pas ».

Shloïme, Salomon Rozenberg n’est pas revenu d’Auschwitz, sa fille Marceline a échappé à la destruction des juifs d’Europe. Son petit livre est une apostrophe au père perdu et détruit. Adresse au père qui est resté là-bas – il y avait entre nous des champs, des blocs, des miradors, des barbelés, des crématoires, et par-dessus tout, l’insoutenable incertitude de ce que devenait l’autre –, au père qui hante ses jours et ses nuits, au père qu’elle n’a jamais oublié et qu’elle n’oubliera jamais. Et tu n’es pas revenu est le récit d’un deuil impossible, impensable, le récit d’une colère qui ne s’est jamais éteinte, d’un séjour au centre de l’innommable, mais qu’il convient de nommer avec précision comme l’a fait en son temps Claude Lanzmann dans Shoah.