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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


L'étrange réveillon, Bertrand Santini/Lionel Richerand

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 17 Avril 2013. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse

L’étrange réveillon, Bertrand Santini, Lionel Richerand, Grasset-Jeunesse, octobre 2012, 13,50 € . Ecrivain(s): Bertrand Santini Edition: Grasset

 

L’étrange réveillon est un album pour la jeunesse qui se situe à l’intersection exacte de deux cours d’eau magnifiques, d’une précise tempétuosité : celui de Tim Burton (oh vous qui êtes séduit par le gothique, ne changez pas de route, cet album est fait pour vous) et celui d’Edward Gorey, moins connu mais non moins intense, d’une intensité qui conjugue l’inoubliable.

Cette filiation profonde tient en premier lieu aux dessins, qui nous surprennent dans leur hiératisme presque, dans la façon qu’ils ont de conjuguer l’épure, sachant également, à chaque fois que cela est nécessaire, se perdre presque en une profusion de détails qui nous enchantent, notre attention devenant soudain cette main tendue qui cherche à attraper le plus infime trait et à lui donner une signification. Si le noir, filiation oblige, trône, le dessinateur en joue comme en jouait Manet, c’est-à-dire comme s’il s’agissait d’une véritable couleur. Et se sert des autres couleurs présentes dans l’album pour exaucer celle-ci, précisément l’exaucer, la rendant à son trouble originel. À son trouble sans fin. Afin que ce noir nous apparaisse comme le noir de l’inconscient. Afin qu’il nous happe et nous entraîne en son fond, où l’on débusque une histoire rimée, qui achève de tisser, au moyen d’une ferveur et d’une délicatesse, la filiation avec Burton et Gorey.

Nouilles froides à Pyongyang, Jean-Luc Coatalem (2 recensions)

Ecrit par Lionel Bedin , le Mercredi, 27 Février 2013. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits

Nouilles froides à Pyongyang, Récit de voyage, 2013, 17,60 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Coatalem Edition: Grasset

 

Recension 1

 

« Où allons-nous, nous qui n’allons nulle part dans ce pays qui n’existe pas ? » est une phrase du livre qui aurait pu se trouver en exergue au début de Nouilles froides à Pyongyang, récit dans lequel Jean-Luc Coatalem raconte un voyage en Corée du Nord effectué au printemps 2011 – donc avant la disparition du « Cher Leader » Kim Jong-il, remplacé depuis par son fils Kim Jong-un. Un voyage un peu particulier, très encadré, très contrôlé, mais qui livre au final un « journal de voyage, attentif mais distant, amusé parfois, jamais dupe ». Allons voir.

Avant de glisser sur la « rampe des longitudes », Jean-Luc Coatalem et son ami Clorinde obtiennent, sous prétexte de consulting en tourisme, des visas pour un pays « sur lequel on en sait moins que sur nos galaxies lointaines ».

Les poètes morts n'écrivent pas de romans policiers, Bjorn Larsson

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 21 Février 2013. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

Les poètes morts n’écrivent pas de romans policiers, traduit du suédois par Philippe Bouquet, 2012, 491 p. 22 € . Ecrivain(s): Björn Larsson Edition: Grasset

 

Il y a ordinairement autant de distance entre le roman policier et la poésie qu’entre le jeune Werther et Hercule Poirot… bien qu’il existe des lecteurs prisant tout autant chacun de ces deux genres.

Björn Larsson a osé réunir dans un même livre poésie, crime, enquête policière, réflexions sur la poésie…

Le héros : Jan Y Nilsson est un poète, un vrai, de ceux pour qui l’écriture poétique est « une vocation à laquelle on [voue] son existence, sans considération de modes ni de tendances ».

Et voici qu’il se met, le traître, sur commande de son éditeur, à écrire… un roman policier !

Et voilà qu’il se permet de mourir quelques heures à peine avant d’apprendre par ce même éditeur que son roman sera un best-seller et lui rapportera des millions d’euros par contrats signés sur épreuves avant même qu’en soit écrit le dernier chapitre…

Tout contre Sainte-Beuve, Donatien Grau

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 15 Février 2013. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Tout contre Sainte-Beuve. L’Inspiration retrouvée, coll. Figures, janvier 2013, 408 pages, 24 € . Ecrivain(s): Donatien Grau Edition: Grasset

 

Du côté de chez « Moi »

 

Le « moi », quels que soient les détours qu’il emprunte, a envahi la littérature française contemporaine, nous dit Donatien Grau. Certes, indéniablement, il est omniprésent. C’est désormais convenu. On s’accorde de même avec lui pour dire que dans cette ego-littérature, on trouve le meilleur et le pire… Mais là n’est pas la question.

Dans son introduction au présent essai, l’auteur s’intéresse à la raison de cette effervescence actuelle : à l’heure de la mondialisation où l’individu se noie dans la masse, « le combat, ou l’un des combats proprement politiques de la littérature contemporaine consiste à préserver au Moi le droit et la capacité à exister ». Cependant, paradoxalement, le « moi » n’est pas pensé aujourd’hui. C’est donc en soumettant à l’examen celui que Donatien Grau considère comme le modèle de cette écriture de soi autofictionnelle, Marcel Proust, plus précisément dans sa relation et son inimitié apparente avec Sainte-Beuve, que cette réflexion est possible.

Entre père et fils. Lettres de famille, V. S. Naipaul

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 07 Décembre 2012. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Correspondance

Entre père et fils. Lettres de famille, traduit de l’anglais Suzanne Mayoux, novembre 2012, 486 p. 22,90 € . Ecrivain(s): V. S. Naipaul Edition: Grasset

 

« L’homme ne s’improvise pas », a dit Ernest Renan ; un grand écrivain certainement encore moins si l’on peut dire. C’est ce que démontre Entre père et fils, le recueil des lettres que V. S. Naipaul a échangées avec son père (et sa sœur aînée) essentiellement entre 1950 et 1953. Ces trois années sont à la fois les dernières de la vie du père et celles qu’a passées à Oxford le futur prix Nobel de littérature. On frémit presque à l’idée que ces lettres, au dire de Naipaul lui-même dans la préface, auraient pu être égarées au cours des multiples déménagements dus aux conditions de vie longtemps précaires des correspondants. C’est que, par la qualité d’écriture, des sentiments et des informations qu’elles présentent, ces lettres complètent d’une manière nécessaire toute l’œuvre de V. S. Naipaul. Ces écrits d’un père qui meurt à moins de cinquante ans et d’un fils qui a autour de vingt ans évacuent les malentendus tenaces et même les détestations que valent à l’écrivain tout à la fois d’indéniables provocations de sa part et le malaise que suscite son regard fermement critique. Ils sont publiés à propos (par son agent littéraire), en fin de carrière, comme une conclusion qui rappelle qu’une promesse a été magnifiquement tenue.