Dans son dernier recueil de nouvelles sobrement intitulé Coupables, Ferdinand von Schirach ne ménage guère son lecteur qu’il plonge dans l’opacité sans fond des motivations humaines, au cœur de la mécanique des affaires criminelles.
Avocat de la défense au barreau de Berlin depuis 1994, Ferdinand von Schirach sait de quoi il parle. Les événements qu’il relate, tous aussi sordides les uns que les autres, seraient restés de simples faits divers tout droit sortis des annales judiciaires sans le regard clinique et profondément humain à la fois de l’écrivain.
Au fil de ces quinze nouvelles, dont certaines donnent la nausée tant l’écriture, qui n’est pas sans rappeler celle d’Agota Kristof, du Michel Houellebecq d’Extension du domaine de la lutte, ou, au cinéma, de Bruno Dumont, est limée jusqu’à l’extrême concision, l’auteur traque, au-delà des seules questions de justice et de procédure, des vies sur le fil du rasoir, des vies qui se détraquent, des vies qui basculent jusqu’au point de non-retour, prises dans l’engrenage de sibyllines nécessités.