La femme au manteau bleu, Deon Meyer (par Jean-Jacques Bretou)
La femme au manteau bleu, Folio/Policier, août 2022, trad. de l’afrikaans, Georges Lory, 176 pages, 14 €
Ecrivain(s): Deon Meyer
Le chauffeur d’un taxi-minibus assurant le trajet Mthatha-Le Cap, transportant treize femmes xhosas, couturières, plongeuses, aides ménagères, femmes de ménage, fait halte au panorama du Col de Sir Lowry, à l’ouest du Cap, pour pouvoir uriner. Ils découvrent avec horreur un corps nu de femme blanche disposé sur un muret le bras gauche pendant le long du mur selon un angle curieux.
Benny Griessel et Vaughn Cupido son équipier, membres éminents de l’unité des Hawks (dont le nom officiel est DCPI, Direction des enquêtes criminelles prioritaires) et dont le siège se trouve à Cap Town, bien sûr, mais dans le quartier de Bellville (eh, oui !) sont à la recherche chez un receleur d’une bague de fiançailles pour le mariage de Benny et d’Alexa. Chez Mohamed Faizal, dit Love Lips, le brocanteur, on trouve de tout dont des bagues et surtout une collection de tableaux de femmes en robe bleue. Fayzal explique : « La rumeur dit qu’on peut faire beaucoup d’argent avec la femme sur fond bleu ».
Benny et Vaughn qui vont être chargés du meurtre de la femme blanche ne vont pas tarder à établir le lien avec cette femme au fond bleu. Ils vont d’abord aller examiner le corps sur le muret. La pilosité et les cheveux de la femme ont été coupés, le corps à été nettoyé à l’eau de javel afin de faire disparaître toutes traces d’empreintes ou d’ADN. Elle est devenue le « Cadavre blanchi », parce que ça rime en afrikaans, ou « Bleached body » en anglais pour l’allitération. Puis, ils partiront à la recherche de son identité.
Ce volume des affaires menées par Griessel et Cupido est un peu différent des autres. Plus court d’abord, il est moins noir, moins dur et surtout moins marqué par l’histoire de l’apartheid et la corruption en Afrique du sud. Ses précédents romans n’ont pas la « presque légèreté » de celui-ci qui va jusqu’à faire référence à un succès de la littérature mondiale récente, Le Chardonneret, de Donna Tartt, à travers la fameuse peinture de Carel Fabritius réalisée en 1654 en Hollande. C’est un livre original à l’intrigue bien ficelée qui nous donne à voir une autre facette du talent de Deon Meyer. S’agit-il d’une parenthèse dans son œuvre, a-t-on entre les mains le texte d’un homme fatigué par la noirceur du monde ou plus simplement est-ce l’amoureux de la France et de la moto qui a voulu se faire le plaisir d’un livre plus court moins sombre ? Quoi qu’il en soit le lecteur y pourra s’adonner à sa lecture avec gourmandise et l’amateur de Deon Meyer se fera sa propre opinion.
Jean-Jacques Bretou
Deon Meyer, né le 4 juillet 1958 à Paarl, est un scénariste, réalisateur et auteur de romans policiers sud-africain. Il écrit en afrikaans. Il aime la moto et la France et a été distingué par le Grand Prix de Littérature Policière, International Category.
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