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Allia

Les Éditions Allia ont été créées en 1982 par Gérard Berréby. Son siège social est au 16 rue Charlemagne, 75004 Paris.


Le seul fou, Marc Pautrel (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 11 Octobre 2024. , dans Allia, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le seul fou – Marc Pautrel - Allia – 80 p. – 8 euros – Août 2024. . Ecrivain(s): Marc Pautrel Edition: Allia

 

« Je suis diaboliquement fort en défense et en contre-attaque. J’ai une armée de mots derrière moi, des millions de fantassins composés de lettres me protègent et vont me permettre de conquérir toutes ces contrées hostiles. »

Le seul fou est un chant d’amour, où, comme jamais dans ses romans précédents, Marc Pautrel, n’a mis tant de force et de brillante lumière à mettre son corps, et ses pensées à l’épreuve romanesque. Le seul fou pourrait-être le retournement des Chants de Maldoror de Lautréamont, sa face solaire.  Le seul fou n’a rien du fruit amer qui surgit dans Maldoror, mais tout d’un fruit Infini, comme le nom de la maison d’édition fondée par Philippe Sollers qui l’a accueilli jusqu’à la disparition de l’écrivain. Le seul fou se glisse à la fois dans le corps, le cœur et les pensées de l’écrivain, il épouse la vie et l’amour, comme l’épouse la littérature. Le corps de l’écrivain résonne de ceux qu’il a lu, et qui se livrent en toute complicité aux jeux joyeux de l’auteur – Je joue à saute-mouton avec la vie.

Le Dernier Messie, Peter Wessel Zapffe (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 13 Octobre 2023. , dans Allia, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Le Dernier Messie, Peter Wessel Zapffe, éditions Allia, août 2023, trad. Françoise Heide, 48 pages, 6,50 €

 

 

Quand on attend un Messie, c’est déjà que ça ne va pas bien fort ; mais quand on en appelle, comme ici, à un « dernier Messie » (un de la dernière chance), c’est qu’on joue le va-tout de sa propre demande de salut. Et puis, littéralement, le dernier Messie (le der de der) arrive par principe dans un monde où il ne pourra plus s’en former un autre, dans la fin, donc, de tout monde normal (imparfait, désespérant, déchiré). Mais un Messie, en pleine fin ou décomposition du monde, quel rôle y jouerait-il ? Et quelle espérance peut donc susciter quelqu’un venu pour donner le coup de sifflet final (sinon mobiliser quelques quolibets ou sourires navrés) ? À quoi bon, un « Messie pour la route », s’il n’y a plus de route ?

Une philosophie de la solitude, John Cowper Powys (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Lundi, 02 Novembre 2020. , dans Allia, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Une philosophie de la solitude, John Cowper Powys, août 2020, trad. anglais, Michel Waldberg, 208 pages, 12 € Edition: Allia

 

A la lecture de la préface (une préface ne devrait-elle pas être lue comme une postface ?), on pourrait prendre peur. Car on se dit, presque avec automatisme, que cet ouvrage, fraîchement réédité cet été, veut se présenter comme un guide spirituel à l’égard des personnes qui, malgré elles, ont trop subi la solitude durant le confinement. Ce n’est pas qu’une telle démarche serait à déplorer, mais dès l’abord, c’est comme si l’on sentait trop l’écho fait à ce que nous connaissons tous en 2020, et c’est déjà agaçant.

Sauf que cet ouvrage a été publié pour la première fois en 1933 et qu’il a été écrit par John Cowper Powys, grand érudit. Ce qui s’est révélé agaçant dans les premières minutes, sans doute trop influencé par les actualités, devient troublant : la philosophie qu’on cherche à y développer, invitant à retrouver une solitude dépouillée à l’extrême et profondément individuelle, tout particulièrement au milieu des grandes cités, abat les murs des époques.

L’Été des charognes, Simon Johannin (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 29 Novembre 2018. , dans Allia, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

L’Été des charognes, 2017, 140 pages, 10 € . Ecrivain(s): Simon Johannin Edition: Allia

 

Ce petit livre est tonitruant par l’histoire qu’il raconte et par l’écriture explosive et vitriolée de son auteur. C’est une ode à la pauvreté, à la ruralité profonde, à la putréfaction des choses, des animaux et des êtres. Ce petit livre défie toute complaisance à la nature, tout pathos bucolique. Ce petit livre PUE de beauté morbide.

Le jeune narrateur vit dans la ferme de ses parents, quelque part vers le sud de la France. Une ferme est un grand mot. Une bicoque avec trois bouts de terre, branlante, sale, misérable. L’été il passe ses vacances autour, avec ses copains, aussi pauvres que lui, aussi sales. Désœuvrés, ils inventent des jeux. D’étranges jeux qui ont pour décor et objets la pourriture. Au sens propre du terme. Des talus de fumier grouillant de vers, des petits monts d’animaux morts dont sortent, en rivières vivantes, des larves de mouches et autres insectes, les déjections animales et humaines qui se font n’importe où, partout autour de leur ferme.

Le Caméléon, David Grann

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Juillet 2018. , dans Allia, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Récits

Le Caméléon (The Chameleon), trad. américain Claire Debru, 87 pages, 3 € . Ecrivain(s): David Grann Edition: Allia

 

Encore un de ces petits livres magiques édités par Allia sous la signature de l’excellent David Grann. Et, bien sûr, Grann reste fidèle à son projet littéraire : écrire des histoires réelles, sans le moindre ajout fictionnel, dans leurs détails les plus exacts, et choisies parmi les affaires contemporaines les plus incroyables.

Il s’agit cette fois de l’affaire Bourdin dit « le caméléon », affaire qui se déroula dans les années 90 et au début des années 2000.

Frédéric Bourdin est né en 1974, d’une liaison entre sa mère Ghislaine Bourdin et Kaci, un ouvrier immigré algérien qui s’avèrera déjà marié et plusieurs fois père. Sa mère va l’élever (mal) seule. A l’âge de 18 ans, Frédéric Bourdin commence à se livrer à des dizaines d’impostures pendant lesquelles, avec une habileté hors du commun, il se fait passer pour divers personnages. Parmi ses métamorphoses les plus mémorables, David Grann en choisit deux, dont on se demande encore comment elles ont pu avoir lieu, tant les situations semblent les rendre impossibles.