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Critiques

Le pyromane adolescent suivi de Le sang visible du vitrier, James Noël

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 04 Février 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Poésie, Points

Le pyromane adolescent suivi de Le sang visible du vitrier, novembre 2015, 160 pages, 6,90 € . Ecrivain(s): James Noël Edition: Points

 

Le pyromane adolescent porte bien son nom, pour l’effusion de mots dans l’élan d’un printemps qui déborde, chaque poème semble être un premier jet, que le poète laisse derrière lui, sans se retourner, une poésie qui tient autant du chien fou que du félin sautant de toit en toit, agile séducteur.

Aussi c’est surtout l’énergie qu’on en retiendra, une énergie sincère, désordonnée, fougueuse

 

de beaux fruits qui exploseront de rire

dans le jus de la bouche

 

L’urgence de mettre un flux incessant et fiévreux de mots sur le désir comme sur les plaies, car

Un papa de sang, Jean Hatzfeld

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 03 Février 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Un papa de sang, septembre 2015, 257 pages, 19 € . Ecrivain(s): Jean Hatzfeld Edition: Gallimard

 

« Mon enfance ne m’a pas retenu dans ses étourderies comme les enfants de mon âge »

Les faits bruts : « Nyamata, Rwanda, 1994, Avril 14 et 15, massacres à la machette de 5000 Tutsis dans l’église de Nyamata, et de 5000 autres dans l’église de N’Tarama. Découverte mi-Mai de 51000 cadavres sur une population Tutsie de 59000, dans églises, marais, forêts ». 5ème livre-récit consacré au génocide Tutsi par Jean Hatzfeld, Un papa de sang s’attaque à un essentiel du triptyque ; après la face-Tutsie, Dans le nu de la vie, la face-Hutue Une saison de machettes, voici le « rendu dans » les enfants, tutsis, hutus, 20 ans après. La fin du travail des machettes. Pas le moins pire.

« Les enfants hutus et tutsis ne partagent pas du tout la même éducation sur les tueries. Si un enfant tutsi est informé par son papa que sa maman ou sa grand maman a été coupée par un dénommé hutu, à son tour, ce hutu ne va jamais avouer à son enfant qu’il a coupé cette tutsie. Vingt ans après, ose-t-on tout raconter aux enfants ? ».

Conversations d’un enfant du siècle, Frédéric Beigbeder

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 03 Février 2016. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Grasset

Conversations d’un enfant du siècle, septembre 2015, 371 pages, 20 € Edition: Grasset

 

Après les titres légèrement anxiogènes, Dernier inventaire avant liquidation et Premier bilan après l’apocalypse, Frédéric Beigbeder nous invite cette fois-ci à venir partager une ambiance chaleureuse et décontractée où crépitent des grands vins et des esprits brillants.

Conversations d’un enfant du siècle nous permet de prendre part à 27 conversations décomplexées entre des écrivains renommés (majoritairement de sexe masculin) et Frédéric Beigbeder, réalisées entre 1999 et 2014, dans le cadre d’articles de presse. Précisons que certains de ces auteurs sont décédés depuis, comme Bernard Franck ou James Salter. Il y règne une connivence bienveillante qui permet de favoriser une « maïeutique » originale. Les questions posées peuvent parfois paraître superficielles mais leur apparente légèreté permet de mieux découvrir les aspirations profondes des écrivains interviewés : Bernard Frank, Philippe Sollers, Jean-Jacques Schuhl, Guillaume Dustan, Antonio Tabucchi, Umberto Eco, Gabriel Matzneff, Chuck Palahniuk, Catherine Millet, Jay McInerney, Albert Cossery, Françoise Sagan (un rendez-vous manqué), Simon Liberati, Tom Wolfe, Alain Finkielkraut, Michel Houellebecq, Jean d’Ormesson, Bernard-Henri Lévy, Frédéric Beigbeder (lui-même), Bret-Easton Ellis, Paul Nizon et James Salter. Frédéric Beigbeder arrive même à faire parler les morts à travers deux conversations imaginées avec Francis Scott Fitzgerald et Charles Bukowski.

Chuchotements, Leïla Aslaoui-Hemmadi

Ecrit par Nadia Agsous , le Mercredi, 03 Février 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Maghreb

Chuchotements, éd. Dalimen, Alger, octobre 2015, 383 pages . Ecrivain(s): Leïla Aslaoui-Hemmadi

 

Et elle s’en va déterrer les vérités enfouies

L’attente dans un aéroport parisien. Au cœur de ce départ précipité, ce temps vide qui suspend tout sur son passage est propice au doute, à l’inquiétude, à la peur et aux réminiscences. Le présent douloureux fait appel à des souvenirs d’antan : la naissance, l’enfance passée dans la maison des grands-parents à l’époque coloniale, le père mort pour la patrie, la grand-mère belle, élégante, qui a assumé la responsabilité familiale pour pallier l’absence des hommes sacrifiés pour l’indépendance du pays.

Dans cet aéroport, le suspense pèse sur la tête de Hourria, comme une épée de Damoclès. Et pendant ce temps où elle est assise sur des charbons ardents, la voix triste et inquiétante de sa mère au téléphone envahit son esprit. Le souvenir de ses sanglots l’angoisse encore davantage. Son désarroi est sur le point d’atteindre son acmé lorsque… La voix de l’hôtesse nasille pour annoncer le décollage imminent vers Alger.

Bruxelles Piano-bar, Juan Carlos Mondragón

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mardi, 02 Février 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, Seuil

Bruxelles Piano-bar, février 2015, trad. espagnol (Uruguay) Gabriel Iaculli, Isabelle Morvan, 407 pages, 24 € . Ecrivain(s): Juan Carlos Mondragón Edition: Seuil

 

Uruguay, début des années 90. La dictature n’est plus, mais la violence demeure, absurde et sauvage, comme à Laguna Guacha où des jeunes filles ont été enlevées, violentées et finalement assassinées. Nous découvrons un monde qui essaye de rejoindre ou de retrouver le monde « civilisé », à l’image d’un occident passablement « american way », avec stars et paillettes, avec culture et cynisme. Une autre forme de violence en quelque sorte, plus policée, plus « libérale », mais où les rapports de domination et les mises en scène ne sont pas forcément moins dérangeantes et inquiétantes.

Le remède pourrait être l’évasion. Une évasion sur place si nécessaire. Dans l’artifice d’une vie culturelle s’autocélébrant par exemple. C’est en partie ce que fait le journaliste culturel qui signe ses articles David Seurat. Mais cela ne suffit pas vraiment à Leopoldo Cea… Car par-dessus cela, sa compagne est soudainement partie pour l’Europe, pour Aix, précisément. A défaut de la poursuivre ou de chercher à la rejoindre, il échappera donc à Montevideo par Bruxelles. Mais une Bruxelles rêvée qui va planter ses racines « surréalistes » au cœur même de Montevideo. Le chat Thésée, bien bavard, n’approuve pas vraiment la manœuvre, la trouvant un peu trop facile et trop illusoire.