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Clémence en colère, Mirion Malle (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 23 Août 2024. , dans Albums, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bandes Dessinées

Clémence en colère, Mirion Malle, éditions La Ville brûle, mai 2024, 224 pages, 23 €

 

Couleur feu

Mirion Malle née en 1992 en Charente-Maritime a vécu entre Paris, Bruxelles et Montréal. Elle a étudié à l’École supérieure des arts Saint-Luc à Bruxelles, et est titulaire d’un master de sociologie et anthropologie avec une spécialité en Genre. Son nouveau roman graphique pour lequel elle a créé texte et images a pour personnage principal Clémence, une révoltée, belle rousse tatouée. L’histoire est sans doute située au Québec, car son héroïne Clémence s’exprime dans un langage émaillé d’anglais – « Les dudes me saoulent (…) Ben… que je suis pas mal fucked up (…) I wish qu’ils aient peur de mourir en nous touchant esti » –, un sociolecte relativement élaboré, en fait, afin d’appréhender son mal-être et se libérer des brutalités du passé.

Stéphane Spach Photographe (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 09 Janvier 2023. , dans Albums, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

Stéphane Spach Photographe / Editions l’Atelier Contemporain / Novembre 2022 / 334 pages / 35 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Fixer des vertiges

 

Parcourir les photographies de Stéphane Spach, c'est découvrir un monde fait d'étrangetés, de surprises et d'éblouissements. Notre curiosité se voit piquée en allant d’une photographie à l’autre comme autant de révélations ou d’interrogations. Tout d'abord, il y a ce que nous ne voyons pas. Aucune représentation humaine, pas de portraits ni de scènes où l'être humain serait central. En revanche, les sujets saisis par le photographe sont des plus divers. Il y est question de scènes forestières (souvent hivernales), de clichés de plantes isolées, de cadavres d'oiseaux ou bien des intérieurs abandonnés, ou encore des objets usagés sous forme de séries (vieilles lampes-torches, couteaux rouillés…). Ces choses sont représentées comme autant de natures mortes ou de vanités dans la grande tradition picturale.

Les couleurs du ghetto, Aline Sax, Caryl Strzelecki (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 13 Juillet 2022. , dans Albums, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Jeunesse, La Joie de lire

Les couleurs du ghetto, Aline Sax, Caryl Strzelecki, trad. néerlandais, Maurice Lomré, 176 pages, 14,50 € Edition: La Joie de lire

 

« L’ennemi veut nous enlever, à nous Polonais et Juifs, tout ce qui est art et science. Il se peut que nous périssions, mais si nous devons périr, faisons-le avec dignité » (Ludwik Hirszfeld)

 

Témoignage d’un pogrom

Les couleurs du ghetto est le nom du terrible récit des pogroms d’Europe de l’Est dont témoigne ce roman graphique magistral. Le scénario est écrit par Aline Sax, née en 1984 à Anvers, titulaire d’un Doctorat en Histoire et illustré par Caryl Strzelecki, né en 1960 d’un père polonais et d’une mère néerlandaise. Le titre est surmonté d’une discrète étoile de David, les images ne sont traitées qu’en noir, gris et blanc – le noir, la nuit profonde de l’horreur, du deuil et de la néantisation de toute chose ; le gris et le blanc comme le brouillard et l’horizon parti en fumée dans un vide aveugle.

Sanguinaires, Didier Ben Loulou (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 24 Septembre 2020. , dans Albums, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, La Table Ronde

Sanguinaires, juillet 2020, 96 pages, 24 € . Ecrivain(s): Didier Ben Loulou Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

« Quelles mers résonnent au fond de nous, dans cette nuit d’exister, sur ces plages que nous nous sentons être, et où déferle l’émotion en marées hautes » (Fernando Pessoa, Le Livre de l’intranquillité) (1).

Sanguinaires est l’album d’un photographe de l’intranquillité et du tragique qui rôde. La lumière qui décline porte ce tragique. Le photographe la saisit, la nuit s’annonce, le ciel en témoigne, et la mer en porte les premières traces. Le photographe est là, face au large, c’est une Ode Maritime (2) qu’il offre, à ses pieds un reflet dans une flaque de mer, et le bleu noir profond de la Méditerranée, c’est la première photo de Sanguinaires.

L’histoire se poursuit, un palmier qui se dérobe, une terrasse face à la mer qui se lève, l’écume des vagues comme une lettre adressée au photographe attentif à son précieux regard. Des volets bleus qui s’ouvrent sur un jardin. Là, des pins parasols qui s’élancent telles des vigies. Ici, le regard d’un mouton, et toujours cette incroyable lumière sous tension, où le ciel bleu, gris, noir rejoint l’ocre de la terre, et le vert des arbres.

Deux manches et la Belle (Sans paroles, ni musique), Milt Gross (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 22 Novembre 2019. , dans Albums, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La Table Ronde, Bandes Dessinées

Deux manches et la Belle (Sans paroles, ni musique), Milt Gross, La Table ronde, octobre 2019, 288 pages, 28,50 € Edition: La Table Ronde

 

Le silence est d’or

L’auteur de Deux manches et la Belle (He Done Her Wrong), Milt Gross, né dans le Bronx en 1895, décédé en 1953, précurseur du roman graphique américain, a utilisé le yinglish (mélange de yiddish et d’anglais parlé par les immigrants juifs), dans ses livres et ses bandes dessinées. Il fut également gagman pour Charlie Chaplin. Deux manches et la Belle, pour le coup, est un roman graphique composé sans un mot, sans un phylactère. L’histoire commence de nuit dans un speakeasy de campagne, dans lequel sont mélangés quelques trappeurs, des hobos et des filles délurées. L’héroïne, la jeune blonde sentimentale, une sorte de petite starlette, convoitée de tous les hommes, apparaît au milieu de rires gras et de désirs à peine dissimulés. Sa plastique impeccable est celle des jolies filles sauvées par Charlot de la déchéance ou de la misère, ou bien celle de vendeuses de fleurs que le vagabond courtise naïvement.