Humidifier, nourrir, démêler, brosser, aplatir, tirebouchonner, recommencer.
Le matin, se décomposer devant son reflet hirsute. Se demander comment mater l’ennemi capillaire qui s’est dressé dans la nuit. Chercher une façon d’amadouer cette touffe noire en révolution perpétuelle.
Lutter férocement. Dégainer les ciseaux, le fer à lisser, la brosse soufflante, l’huile de coco, le beurre de karité, les prières, les larmes, les incantations.
Capituler. Accepter cette chevelure ironique, qui n’a honte de rien, qui s’assume avec majesté et s’affiche, écumante, au milieu des têtes lisses et sages. C’est ce qu’a fait Ifemelu, l’héroïne nappy d’Americanah. Un personnage de roman qui vit et comprend mes mésaventures capillaires… Ça ne m’était encore jamais arrivé.
Dans la littérature comme sur Instagram, le cheveu est soyeux par définition. Il flotte délicatement autour des visages souriants, les cajole, les nimbe de douceur. Il se laisse brosser et tresser avec grâce.