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Voyages

L’écume des voyages, Vincent Jacq

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 16 Mars 2017. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

L’écume des voyages, La Nouvelle Escampette, octobre 2016, 224 pages, 16 € . Ecrivain(s): Vincent Jacq

 

L’écume des voyages est une publication originale qui regroupe trois récits : Lisbonne, nuits intranquilles (poèmes) ; Vingt-trois moments de l’embouchure, des « clichés » écrits à Rabat dans les années 1980 et publiés en 1993 après « remuement de la langue », et surtout : Odeur d’encre, odeurs d’îles, un recueil de textes publié en 1991, peu connu du grand public ni des amateurs de littérature de voyage, et pourtant très littéraire et très voyageur.

« Plus on découvre de villes, de paysages, plus le mystère s’affine, et on parvient parfois à démêler quelques-unes de ses propres obsessions à mesure que chacune revêt le visage d’un lieu ».

Au fil d’une trentaine de chapitres, Vincent Jacq nous entraîne dans ses lieux, dans ses lectures, dans ses voyages, dans ses obsessions peut-être, en tous les cas dans une sorte d’abécédaire (mais sans ordre) de l’histoire des voyages, avec des thèmes variés.

La légende du Vendée Globe, Philippe Joubin

Ecrit par Jean Durry , le Mercredi, 14 Décembre 2016. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Albin Michel, Histoire

La légende du Vendée Globe, octobre 2016, préface de Michel Desjoyeaux, 288 pages, 29 € . Ecrivain(s): Philippe Joubin Edition: Albin Michel

 

Les événements sportifs majeurs, et particulièrement ceux dont la périodicité est pluri-annuelle, engendrent systématiquement une floraison de publications ; car les éditeurs sont alors incités à penser que l’opportunité s’avèrera rentable. Le premier exemple en fut donné en France au moment des Jeux Olympiques de 1924, à Paris ; ce fut un support pour Genevoix, Montherlant, Obey, Braga, Géo Charles, Jean Prévost.

Dans la flopée des parutions suscitées par le coup d’envoi le 9 novembre 2016 du quadriennal Vendée Globe – course du Tour du monde à la voile en solitaire et sans escale –, ce beau volume mérite d’être distingué. Le journaliste Philippe Joubin a choisi la formule d’un Abécédaire, avec 101 entrées qui couvrent les péripéties, les haut-lieux, les navigateurs, ce et ceux qui entourent leur sidérant périple, de plus en plus rapide, bref tous les aspects d’une épreuve poussant les marins à exiger toujours plus d’eux-mêmes et de leur matériel en constant devenir.

Sur les chemins noirs, Sylvain Tesson (2ème critique)

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 28 Novembre 2016. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Gallimard

Sur les chemins noirs, octobre 2016, 146 pages, 15 € Edition: Gallimard

 

Sylvain Tesson nous a habitués à des récits de périples lointains (Bérézina, ou Dans les forêts de Sibérie), il nous propose aujourd’hui le récit d’une traversée à pied de la France, du Mercantour au Cotentin, effectuée d’août à novembre 2015. Dans un contexte particulier : Tesson, le voyageur, le baroudeur, l’adepte de l’escalade, y compris celle des cathédrales, est tombé d’un toit, à Chamonix, en août 2014. Miraculé, sur son lit d’hôpital il fait ce constat : « j’avais pris cinquante ans en huit mètres. La vie allait moins swinguer ». Quand il comprend qu’il est bien amoché mais vivant, il se met dans l’idée de « demander aux chemins ce que les tapis roulants [la rééducation] étaient censés me rendre : des forces ». La marche à pied comme médecine. Et pourquoi pas en France, puisque son état ne lui permet pas d’aller plus loin. C’est donc avec un peu d’ironie (passer de Kaboul à Châteauroux : « quel désastre ! ») et beaucoup d’appréhension qu’il se met en route, depuis le col de Tende, ne sachant pas si la thérapie par la route allait être bénéfique ou non.

 

Leçon de géographie

Sur les chemins noirs, Sylvain Tesson

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 25 Novembre 2016. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Sur les chemins noirs, octobre 2016, 144 pages, 15 € Edition: Gallimard

 

A la lueur des « chemins noirs »

Sylvain Tesson nous avait habitués jusqu’ici aux grands dépaysements, aux échappées au cœur des Steppes (Carnets de Steppes, Glénat, 2002), aux voyages solitaires Dans les forêts de Sibérie (Gallimard, 2011). Dans Berezina (Guérin, 2015), il relatait le voyage qu’il fit en side-car avec des amis, sur les traces de la Grande Armée, de Moscou aux Invalides pour commémorer de manière singulière le bicentenaire de la retraite de Russie. Mais voilà, en mai 2014, l’écrivain baroudeur perd sa mère puis, trois mois plus tard, il chute lourdement alors qu’il escalade la façade de la maison d’un ami, à Chamonix. Ses côtes, ses vertèbres et son crâne sont brisés. « Revenu à la vie », puis de longues semaines « corseté dans un lit », il décide alors de traverser la France à pied, du sud-est du pays au nord du Cotentin. Mais pas n’importe comment : en empruntant ces « chemins noirs » – petites lignes que l’on distingue péniblement sur les cartes IGN au 25000e – « réseau de chemins campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vides ».

La sagesse de la mer Du cap Colère au bout du monde, Björn Larsson

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 24 Septembre 2016. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Récits, Le Livre de Poche

La sagesse de la mer Du cap Colère au bout du monde (Från Vredens kap till jordens Ände, 2000), (Grasset, 2002) trad. suédois Philippe Bouquet . Ecrivain(s): Björn Larsson Edition: Le Livre de Poche

 

Des « bouts » de rêve

Marin autant qu’écrivain, et peut-être plus marin, Björn Larsson nous offre dans ce livre de bord le fruit de ses expériences en mer, sans recherche d’exotisme si ce n’est celle de l’authenticité humaine. Sans doute n’y-a-t-il d’ailleurs pas de raison valable d’opposer ici écrivain et marin, non par ce qu’ils sont la même personne, mais parce que ce que la page et la mer mettent en jeu semblent ici de même nature. Dans son Long John Silver, l’auteur faisait l’éloge de la navigation à l’estime, en mer autant que dans la vie ou son récit, et l’on retrouve dans cette écriture-navigation le même goût de la curiosité et de l’humilité, la pleine conscience de l’incertitude de celui qui ne sait où il va car il sait ce qu’il cherche, même si cela reste plein d’inconnu et de surprise. Les manuels et cartes nautiques qu’il faut savoir lire et relire, sans toujours s’y fier, connaissent même leur équivalent littéraire avec l’œuvre d’un autre écrivain suédois bien méconnu chez nous (en dépit d’un prix Nobel partagé en 1974), Harry Martinson, qui accompagne ces aventures maritimes et contribue à leur donner tout leur sens.