La légende du Vendée Globe, Philippe Joubin
La légende du Vendée Globe, octobre 2016, préface de Michel Desjoyeaux, 288 pages, 29 €
Ecrivain(s): Philippe Joubin Edition: Albin Michel
Les événements sportifs majeurs, et particulièrement ceux dont la périodicité est pluri-annuelle, engendrent systématiquement une floraison de publications ; car les éditeurs sont alors incités à penser que l’opportunité s’avèrera rentable. Le premier exemple en fut donné en France au moment des Jeux Olympiques de 1924, à Paris ; ce fut un support pour Genevoix, Montherlant, Obey, Braga, Géo Charles, Jean Prévost.
Dans la flopée des parutions suscitées par le coup d’envoi le 9 novembre 2016 du quadriennal Vendée Globe – course du Tour du monde à la voile en solitaire et sans escale –, ce beau volume mérite d’être distingué. Le journaliste Philippe Joubin a choisi la formule d’un Abécédaire, avec 101 entrées qui couvrent les péripéties, les haut-lieux, les navigateurs, ce et ceux qui entourent leur sidérant périple, de plus en plus rapide, bref tous les aspects d’une épreuve poussant les marins à exiger toujours plus d’eux-mêmes et de leur matériel en constant devenir.
Il le fait avec sensibilité, campant au fil de ses textes les sept premières éditions et leurs vainqueurs, Titouan Lamazou (1989-1990, 108 jours 8 heures 48 secondes 50 centièmes), Alain Gautier, Christophe Auguin, Michel Desjoyeaux, Vincent Riou, Desjoyeaux à nouveau, François Gabart (2012-2013, 78 jours 2 heures 16’40”) après un mano-a-mano haletant avec Armel Le Cléac’h devancé d’à peine 3 heures et 17 minutes au retour aux Sables d’Olonne.
Il s’en est passé des moments pathétiques, d’extrême tension ou de bonheurs éblouis depuis le 26 novembre 1989 et le lancement d’une épreuve inspirée du tout premier « Globe Challenge » (1968-1969) qui vit Bernard Moitessier quasiment assuré du succès décider après le Cap Horn de continuer droit vers les îles du Pacifique [Tahiti] « parce que je suis heureux en mer et peut-être pour sauver mon âme » ; laissant ainsi le champ libre à Robin Knox-Johnston, seul en fin de compte à venir à terme du challenge proposé sur les 9 qui s’étaient mis en lice en ordre dispersé (deux suicides, six abandons), et ce en 313 jours !
La force de la mise en page, la puissances des photos illustrant chaque développement, le répertoire des 83 marins (hommes et femmes) qui s’alignèrent depuis l’origine, le relevé in extenso du palmarès, une bibliographie : rien ne manque au plaisir et à l’instruction du lecteur, à son gré et à petites doses, de ce parcours éclaboussé de vent et d’océan, qui prend spectaculairement chez le même éditeur le relais de l’excellente Légende des 24 heures du Mans (Patrice Bourrigaud et Gérard de Cortanze) parue en 2014.
Jean Durry
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