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Confrontations avec l’histoire, François Hartog (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 05 Octobre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Essais, Histoire

Confrontations avec l’histoire, François Hartog, mai 2021, 368 pages, 9,70 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Dans le numéro 566 du trimestriel La Recherche, dont le thème est « Le Temps et l’Espace », l’historien François Hartog (1946) répond aux questions de Philippe Pajot – un historien dans « Le magazine de référence scientifique » ? Oui, tout à fait à sa place, en accord total avec le thème développé : le temps. En effet, celui-ci semble avoir définitivement cessé de couler depuis le début de la pandémie en cours, en particulier durant les différents confinements, incitant à un présentisme absolu – lié aussi à l’incapacité que semble avoir l’Homme de se projeter dans l’avenir de façon positive depuis quelques décennies. Pour faire bref, entre des machines qui ont accéléré tant les rapports économiques que les rapports humains, les seconds s’inféodant aux premiers, tous réduits à l’instantanéité (d’ailleurs, il est remarquable qu’un réseau social populaire porte un nom proclamant l’instantanéité comme valeur, Instagram), et l’effondrement de plus en plus envisageable d’un certain modèle civilisationnel, l’Homme s’est réfugié dans le présent, devenu le seul moment à discuter, à prendre en considération – et au passage l’histoire a cédé le pas à la mémoire, la tentative de compréhension du passé a cédé le pas à la commémoration, et l’inscription au Patrimoine Mondial de l’Humanité tel que décrété par l’Unesco est devenue la garante de l’existence.

Le Corsaire Rouge, James Fenimore Cooper (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 27 Septembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Roman, USA

Le Corsaire Rouge, James Fenimore Cooper, trad. anglais (USA), Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, 688 pages, 10,90 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Qui a donné naissance à la littérature américaine ? Vaine question, sujet à pinaillage universitaire, si l’on attend une réponse univoque et précise ; question intéressante si l’on prend plaisir à fréquenter des auteurs défrichant des territoires vierges, sans Histoire mais avec nombre d’histoires, des auteurs s’élançant depuis les lettres européennes pour migrer par-dessus l’Océan Atlantique et leur donner une forme nouvelle – même si la question est bien plus complexe qu’il y paraît. Le plus bel exemple est celui de Washington Irving, qui confronte le gothique aux vastes espaces, qui voyage entre l’Europe et New York, écrit sur les deux continents et crée de la sorte une œuvre originale – « américaine ».

Pas moins originale est l’œuvre de James Fenimore Cooper (1789-1851), qui rencontra un beau succès dès son second roman, L’Espion (1821), et acquit une renommée internationale avec les Histoires de Bas-de-Cuir, des romans historiques confrontant les valeurs d’une Amérique occidentalisée naissante à celles de ses premiers occupants, dont Le Dernier des Mohicans (1826) ;

Pour Emma (troisième partie) Contre Homais, l’anti-Emma - Madame Bovary, Gustave Flaubert (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 21 Septembre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Madame Bovary, Gustave Flaubert, Folio Gallimard, 2001, édition de Thierry Larget, 528 pages, 4,10 €

 

Cette chronique en trois parties est née d’un désir : celui de parler de Madame Bovary non comme d’une œuvre classique, universelle ou universitaire, mais d’évoquer ce que fait ressentir ce roman dans les tripes, par le texte seul, sans glose, surtout si l’on est soi-même Emma, peu importe qu’on soit femme ou homme, surtout si l’on déraisonne en amour, quitte à désespérer parfois de partager cette vibration existentielle qui semble, à qui ne la proclame qu’en discours sans la ressentir de façon absolue, juste le fruit d’un imaginaire littéraire. De cette façon, facile, moderne, de considérer la vibration amoureuse, il ressort aisément qu’elle n’est constituée que de mots, et donc illusoire. Qu’il soit permis de désirer vivre selon cette belle illusion, que les mots tentent de définir depuis des siècles. De toute façon, cette illusion, pour autant que c’en soit une, vaut mieux pour guider une existence que d’autres – celles dont se bercent tous les Homais du monde en particulier.

Pour Emma (deuxième partie) Contre Lheureux, Léon Dupuis et Rodolphe Boulanger (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 14 Septembre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

 

Madame Bovary, Gustave Flaubert, Folio Gallimard, 2001, édition de Thierry Larget, 528 pages, 4,10 €

 

Dans la première partie de cette chronique relative à Madame Bovary, une seconde partie a été annoncée, relative à Léon, Rodolphe, Lheureux et Homais – cette seconde partie a éclaté sous la pression du personnage Homais, l’exact pendant d’Emma Bovary, qui, dans son orgueilleuse et imbécile arrogance d’apothicaire à la sublime médiocrité, a réclamé que lui soit consacrée une page entière sur le site de La Cause Littéraire. Dont acte – il ne sera question dans cette seconde partie que de Léon Dupuis, Rodolphe Boulanger et l’in-prénommé Lheureux. À eux trois, ils représentent suffisamment la vilenie et l’hypocrisie pour qu’on épargne au lecteur de subir en sus le cas Homais.

Quat’ saisons, Antoine Blondin (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 07 Septembre 2021. , dans La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, Nouvelles

Quat’ saisons, Antoine Blondin, juin 2021, 288 pages, 8,50 € Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Les trois premiers romans d’Antoine Blondin (1922-1991) ont été ici même célébrés lors de leur réédition à La Petite Vermillon il y a quatre ans ; puisque cette honorable collection s’obstine à éloigner de l’oubli cet encore plus honorable auteur, célébrons donc le seul recueil de nouvelles publié du vivant de Blondin, Quat’ saisons (1975) augmenté de six nouvelles extraites du recueil posthume Premières et dernières nouvelles (2004, non encore réédité en poche). Une fois n’est pas coutume, plutôt qu’entamer nous-même la glose de Quat’ saisons, laissons l’auteur présenter son livre :

« Au fil d’une année, les voitures des quat’ saisons proposent sur les marchés un fouillis de primeurs contrastées en volumes et en couleurs. Il arrive pourtant qu’un œil sensible découvre une harmonie sous ces disparates : pommes de terre nouvelles, carottes nouvelles, tomates nouvelles… L’auteur de ce livre, à l’éventaire duquel on ne trouve que des nouvelles, tout court, ne souhaite pas autre chose. Il a choisi de remonter le cours des quatre saisons, de l’hiver au printemps, parce qu’ayant été cueilli à froid, il a essayé de terminer sur un coup de grâce ».